Vous avez dit obscurantisme ??

Dernièrement le Pape a pris des positions contre le genre ce qui place toujours l'église chrétienne des hommes sur un axe binaire.


Mais outre manche les choses avancent plus rapidement encore.. voyez plutôt cet article du figaro.


«Pour le jeune occidental urbain, l’islam ne peut être coupable de rien, et certainement pas d'homophobie»


- Autrefois catholique, Hamtramck est devenue, en 2013, la première ville à majorité musulmane des États-Unis. Récemment le maire, d’origine yéménite, a interdit les drapeaux LGBT dans les lieux publics. L'ancienne maire, Karen Majewski, dit se sentir «trahie» par ceux qu'elle a défendus. Comment interpréter ce sentiment de «trahison» ?

- Une des bombes à retardement idéologique que la gauche a ramenée en son sein, c'est la fascination pour la figure de «l'Autre». Ce qui aurait pu initialement être une simple ouverture d'esprit vis-à-vis de personnes en dehors de la norme à un instant T, une simple volonté de ne pas laisser le tribalisme régenter la vie publique, s'est mué en une volonté de sacraliser tout ce qui était différent. Écrire «Autre», passé un certain stade, c'est mépriser sa propre communauté et glorifier toute destruction de ses normes et coutumes. On ne peut pas éternellement souder un groupe humain avec le discours «ils sont formidables précisément parce qu'ils ne sont pas comme nous», car cela génère à terme trop de haine de soi et de fragmentation.

En 1989, avec l'affaire du foulard de Creil, on a vu la gauche être contrainte de choisir entre la quasi-totalité de ses principes - la laïcité, l'universalisme, le rationalisme, le féminisme etc. - et l'éloge de «l'Autre». C'est globalement ce dernier principe qui a écrasé tous les autres, avec notamment SOS Racisme qui a pris parti en faveur des collégiennes musulmanes qui voulaient porter le foulard islamique à l'école.

L'idée d'une contradiction entre les principes progressistes et l'islam ne leur était pas accessible parce qu'ils postulaient une unité implicite à toutes les «minorités», terme qui n'a d'ailleurs pas de cohérence statistique dans la mesure où une catégorie majoritaire - la femme - en serait une également. Que les «nouveaux damnés de la terre» puissent se condamner entre eux était inconcevable, d'où ce sentiment de «trahison».

Le wokisme entend réaliser la «convergence des luttes», entre les droits LGBT et les droits des minorités notamment. Cette affaire montre-t-elle que cette prétendue convergence est illusoire ?

Quel point commun entre Kimberlé Crenshaw, théoricienne de l'intersectionnalité, Judith Butler, militante «Queer», et la note de Terra Nova, le laboratoire du parti socialiste, «Gauche : quelle majorité électorale pour 2012» ? Tous ont mobilisé la notion de «coalition» pour parler de l'agrégation de différentes «minorités», qu'ils appellent de leurs vœux. Cette notion éminemment politique démontre que les théories wokes sont avant tout des concepts qui doivent viser la prise de pouvoir plutôt que la recherche de la vérité.

L'intersectionnalité est donc le projet implicite de la gauche depuis plusieurs décennies. Or, quel peut-être le point commun positif entre un musulman salafiste, une personne dite «transgenre», et un noir qui vit en Occident ? Leur seule unité potentielle réside dans une critique : «le Système blanc» serait «islamophobe», «transphobe», et «systémiquement raciste». L'unité n'est donc que celle d'un bouc émissaire abstrait, systémique, et non celle d'une proposition partagée en faveur d'un quelconque bien commun.

Mais cette unité négative que le wokisme cherche à forger dans un ressentiment partagé vis-à-vis de nos sociétés menace en permanence de s'autodétruire. C'est justement cette possibilité permanente de fragmentation qui favorise d'un même geste la mise en avant d'un ennemi commun pour ressouder les factions identitaires. Mais cette «convergence» situationnelle ne pourra que détruire, et jamais construire.

La perception de l'homosexualité et de son acceptation par une partie des musulmans est-elle l'angle mort d'une certaine gauche ?

Un certain nombre de commentateurs ont noté en effet que le slogan très répandu sur les campus occidentaux «Queers for Palestine» ressemblait peu ou prou à «Turkeys for Christmas» («les dindes en faveur de Noël»). Un Palestinien qui serait homosexuel a nettement plus intérêt à vivre en Occident (voire en Israël) qu'en Palestine.

Il faut dire que pour le jeune occidental urbain, «la religion» est une entité un peu floue, associée au christianisme (et donc aux croisades), et non à l'islam, qui serait une culture, une spiritualité, un exotisme bienvenu, et non un dogme religieux avec ses obligations, son sacré, etc. Il ne peut être coupable de rien, et certainement pas d'homophobie. La gauche a été en large partie incapable de s'imaginer qu'il pouvait y avoir une figure de «l'Autre» qui n'aimerait pas les autres «Autres», et les minorités sexuelles en particulier.

On entend souvent dire que les États-Unis ont «10 ans d'avance sur l'Europe», que ce soit pour les questions de genre, pour la PMA, la GPA, la transsexualité… pensez-vous que cette affirmation soit vraie et que l'on soit confronté, en France, aux mêmes problématiques prochainement ?

On voit en Occident que, toutes choses égales par ailleurs et à quelques exceptions près, ce sont les pays historiquement libéraux et protestants qui ont cédé le plus de terrain à la vague woke. On a en effet tendance à suivre - depuis le Plan Marshall, disons - toutes les innovations culturelles et technologiques des États-Unis. La question essentielle est de savoir si tout l'Occident est simplement «en retard», à l'image de wagons qui suivraient docilement un train, ou s'il y a un contre-modèle quelque part, latin, hongrois, scandinave, capable d'être assez attirant pour être imité à son tour.

Outre cette dimension idéologique, il y a également un aspect démographique. Si la prégnance de la question musulmane semble faiblir depuis 2001 aux États-Unis, contrairement à nous, c'est désormais les 18-24 ans Américains qui vont poser un formidable défi à leur propre pays. Un sondage Harvard Caps Harris Poll effectué en décembre dernier démontre que 79 % d'entre eux pensent que «les personnes blanches sont des oppresseurs» et que l'idéologie qui affirme cela devrait être «favorisée aujourd'hui à l'université ainsi que pour les embauches», contre seulement 19 % des plus de 65 ans qui sont du même avis. La jeunesse française est très loin d'adhérer à cette haine de soi dans des proportions comparables, ce qui me pousse à croire que la France a un avenir moins sombre que d'autres nations occidentales sur ce point.

Ce type d'affaire peut-il conduire la gauche à évoluer sur ces questions ou va-t-elle continuer de s'empêtrer dans ses contradictions ?

En France, tout homme politique de gauche qui a essayé péniblement de poser un orteil dans le monde des positions majoritaires sur les questions de wokisme, d'islamisation, ou d'immigration s'est vu violemment rabroué en interne. L'exemple relativement récent du rétropédalage et du mea culpa en bonne et due forme du député LFI François Ruffin sur le fait que le transgenrisme ne soit pas une priorité absolue pour la gauche l'a bien illustré, au même titre que «Les Jeunes avec Montebourg» qui lâchent leur candidat lors de la dernière présidentielle suite à des prises de positions majoritaires (même à gauche !) sur l'immigration. Ceux au sommet qui cherchent à s'adapter à leur base sont ostracisés par leurs collègues dans un étrange mouvement de sadomasochisme électoral. Il faut saluer de ce point de vue le courage de la Fondation Jean Jaurès qui a rédigé plusieurs notes sur l'immigration pour démontrer ce décalage entre sa base et son sommet, ainsi que les positions historiques de figures socialistes, il y a encore quelques décennies.

On verra ce que nous réserve l'avenir, mais je ne suis pas pour autant optimiste sur la capacité de la gauche à renier profondément l'idéologie woke. Elle semble tout de même en passe de préférer ses militants à ses électeurs, la bonne opinion de Twitter à celle des sondages. Tant que l'avis de leur milieu sociologique remarquablement étroit comptera pour beaucoup plus pour eux que l'électeur moyen, la sortie des abysses électoraux paraît délicate à concevoir.

Ça fait réfléchir.
Et tu es bien placée pour te poser des questions.

J'avais lu cet article il y a quelques jour.... l'ignorance accompagnée d'amalgames à l'emporte piece divers ( pour faire simple) risque d être devastatrice... en mettant tant de de problematiques differentes ensemble, il y aura des réveils douloureux...