Mes débuts au féminin dans mon entreprise

Surtout à destination de celles qui envisagent cette étape, voici mes impressions après ma première semaine de travail dans mon entreprise. Attendez-vous à être chamboulée intérieurement, sans même de difficultés avec les collègues.

Lundi, j'ai pris un nouveau poste dans une équipe de 8 personnes. Tour de table pour se présenter, y compris, pour moi, ma transition de genre (mes managers me laissaient le choix de le dire ou non). Je l'ai affiché parce que ma voix, entre autres, peut me trahir et que je préférais afficher "porte ouverte" pour en parler en cas d'ambiguïté. Pas de réaction des hommes et une femme m'a juste adressé "Félicitations" avec un grand sourire, surprise tout de même. Le lendemain, je lui ai demandé de préciser pourquoi : félicitations d'accomplir mon projet et pour mon courage. Sinon, un homme est allé voir le manager pour lui demander comment se comporter vis-à-vis de moi et ne pas commettre de bourdes, juste de façon neutre. Le manager lui a expliqué que je peux en parler ouvertement avec lui et lui a passé le guide ministériel sur la lutte contre les discriminations (sous coordination de Toubon). J'ai travaillé avec un autre collègue, cool, ça ne lui pose visiblement aucun problème. C'est presque un stagiaire, futur manager commercial qui se la pète, qui était sans doute le moins à l'aise malgré sa jeunesse.

Cette semaine, j'ai donc reçu un accueil pour le moins très bienveillant de mes managers, et neutre, cordial de mes collègues. Qu'espérer de plus ?!

En fait, pour celles qui ont déjà lu mes posts, mon entreprise est une grande société qui commence à accompagner les questions LGBT et qui informe bien les managers concernés.
Le plus délicat était finalement MOI !! Evidemment, le premier jour, je me demandais quand même pourquoi je n'étais pas habillée comme avant. Mais surtout, retrouver les locaux, la cantine, recroiser des collègues, cela fait ressortir immédiatement des réflexes (je travaille ici depuis 20 ans). Par exemple, ce midi à la cantine, en naviguant dans le self, je croise deux collègues. J'ai failli leur dire bonjour alors qu'ils ne m'avaient pas remarquée. Dans les réunions, j'aurais aussi pu avoir quelques réflexes et façons de m'exprimer qui sont masculines. Qu'arrivera-t-il si je ne les retiens pas ? Au global, je dois me surveiller pour ne pas ressortir des attitudes masculines. Chaque soir, je suis rentrée crevée, uniquement pour ça, sauf ce soir où je tire un bilan positif de ma semaine.

Pour cette partie de ma transition sociale, j'avais pris soin de cumuler plusieurs choses :
- Changement de poste, de collègues (je ne les connais pas), risque faible de devoir travailler avec des anciens collègues (le site est très grand), changement de bâtiment, d'agencement des bureaux, tout ça pour avoir l'impression de travailler ailleurs et rompre avec mes anciens réflexes,
- Féminisation du visage en juillet,
- Coupe féminine et couleur pour mes cheveux grisonnants.

Du coup, à ce jour je n'ai pas eu de temps de discussion avec d'anciens collègues, mais quand je les croise dans le site, ils ne me reconnaissent pas. Pour autant, je ne me fais pas d'illusion : ils l'apprendront un jour. Je suis prête à leur expliquer mon projet mais je préfère qu'ils l'apprennent plus tard plutôt qu'une nouvelle fraîche maintenant qui ferait le buzz.

Que de problèmes à régler Claire ! Je me demande si tu avais prévu que cela te demanderait tant d'efforts . Mais aussi, quelle magnifique aventure que peu de personnes vivront Bon courage pour la suite de ta si passionnante vie .

Bonjour Claire , d'abord Félicitations pour ton coming out proffessionnel , c'est comme si tu prenais un nouveaux départ dans ton entreprise , tu a bien préparé cela en faisant ta transformation du visage quelque temps avant en plus c'est bien que ta société ait une politique d'accompagnement LGBT , tu pourrait peut être nous dire son nom car c'est plutôt valorisant pour une grosse entreprise d'avoir ce type de préocupations .

J'ai rencontré récemment une jeune Trans ingénieur chez SFR dont la transition n'a semble t'il pas poser de problèmes particuliers dans on entreprise , mais elle travaille essentiellement au tel .

C'est bien normal que tu soit chamboulée , qui ne le serait pas ? les automatismes masculin auquels tu fait allusion vont s'estomper assez rapidement maintenant que tu est immergée à plein temps dans le genre féminin , mais comment tu t'habille ? c'est plutôt "working girl " ou alors comme tu le serai en dehors du boulot ?

Bravo encore Bizz

Bonjour Claire.
Je n'envisage pas cette étape mais c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu ton témoignage. Et aussi de l'émotion... Une belle aventure humaine, tu as du cran....
Je trouve particulièrement intéressant quand tu dis que tu dois faire des efforts pour abandonner des habitudes et gestes masculins... Il ne doit pas être évident de quitter des années de virilité..
Bravo et bon vent!
Bise

Félicitation a toi et a ton entreprise Claire

Félicitations, Claire, pour ton courage dans ce coming-out professionnel.
Je suis admirative.

Encore Bravo

Bises
Aurélie

Coucou Claire,

je suis super heureuse pour toi, tu le sais, tes craintes, je te l"avais un peu dit, n'étaient pas fondées, maintenant tu es toi même, et tu vas vivre maintenant une vraie vie de femme, en attendant la suite!
Ce n'est que du bonheur pour toi! :bezou:

@Michelle : je tâche de m'habiller à peu près à la manière des autres femmes mais je n'aime ni les tee-shirts ni les jeans. J'apprécie aussi une touche de féminité un peu plus appuyée ! Donc j'essaierai de rester dans un registre qui ne me démarque pas trop mais plutôt citadine voire working girl. Disons que je porterai assez souvent une petite veste noire cintrée mais pas trop souvent avec une jupe crayon, ce qui donne un ensemble type de la working girl. Comme j'aime beaucoup les jupes qui "bougent", je mixerai avec la veste ou un manteau ou encore mon trench. Mais je vise aussi le pantalon, dans une coupe carotte ou jambes très larges (on a déjà discuté de ce point dans un autre post au printemps). En fait, j'ai l'embarras du choix car j'apprécie tout cela mais aussi le vintage. Pour le boulot, une pièce vintage à la fois panachée avec le reste moderne. Lorsque je suis tout vintage à Paris, je suis assez remarquée donc je ne jouerai pas ce registre dans mon entreprise. Je pense que les collègues vont avoir du mal à me définir un style.

Claire  : une remarque un peu "périphérique" au fond du sujet (l'acceptation de ta transition sociale) :
L'immense chance que nous avons d'être femme, c'est d'avoir un très large choix dans nos tenues ( robes, jupes, pantalons de toutes formes et en plein de couleurs,...).
Les hommes, les pauvres!, ont un choix nettement plus réduit....

félicitation pour cette transition professionnelle et sociale.. comme tu le dis, le problème n'est pas toujours les autres mais soit même..

Des news de ma 2ème semaine …

Avant cela, le vendredi soir en fin de 1ère semaine, j'ai bien repensé aux cinq journées, constaté que rien de négatif n'était arrivé. Du coup, j'ai retrouvé de la sérénité. Durant le week-end, j'ai fait les sorties que je sais m'être très agréables pour retrouver totalement ma féminité. Ainsi, lundi, je suis retournée au travail plutôt zen. Je sentais que je n'avais plus besoin de me préoccuper des autres et seulement de surveiller mes réflexes "archaïques" masculins comme décrit dans mon 1er post. Je rentrais moins fatiguée le soir. La semaine s'est écoulée sans anicroche. J'ai croisé des anciens collègues qui ne m'ont pas reconnue. J'ai passé une journée de séminaire sans que personne ne doute de moi. Bilan : plus que positif. Mais je sens bien que je peux me piéger seule encore pendant quelques semaines avec ces fameux réflexes.

Mes collègues et responsables semblent s'habituer à moi en constatant que je me comporte comme n'importe quelle autre femme. Du coup, je me suis fait plaisir en portant vendredi une jupe "working girl" mi-cuisse. Moi qui suis grande, pour le coup, je savais que je poussais le bouchon un peu loin, relativement aux habitudes vestimentaires dans mon entreprise.

La cerise sur le gâteau, c'est que j'ai pu discuter ou déjeuner à plusieurs reprises entre femmes. J'ai donc assisté à des discussions en l'absence d'un homme : voyages, animaux de compagnie, coiffure. J'étais larguée sur le dernier sujet : trop de mots inconnus ! Les plaques pour lisser les cheveux, le carré plongeant, etc. Et leurs rires là où des hommes ne riraient pas. Il faut que je change d'humour.

ClaireL a écrit: ...... Et leurs rires là où des hommes ne riraient pas. Il faut que je change d'humour.

bravo Claire et merci pour ce retour d expérience

Récit très intéressant. J'apprécie particulièrement cette description de ce que tu ressens au delà des faits. Et la façon dont tu gères les problèmes que posent un changement de genre au plan relationnel. On en parle pas assez alors que c'est tellement important.

Passionnant, Claire, vraiment...
Tu dis être sous contrôle en permanence afin d'oublier tes réflexes archaïques de masculinité. Cela perturbe -t-il ton travail? Ou arrives-tu au contraire à mener ton activité professionnelle sans penser sans arrêt à ta transition sociale?

J'ai pris soin de prendre un poste que je savais moins lourd que mon précédent. Cela me permet de le mener à bien tout en veillant à mon intégration en tant que trans.
Si le poste avait été plus compliqué, j'aurais été épuisée chaque soir. Là je ne suis que fatiguée.

Le rire c'est une des caractéristiques d'une ambiance féminine , est c'est plutôt agréable après pour suivre dans les discussions l il faut enrichir sa propre culture féminine pour pouvoir donner le change , et cela demande du temps pour tout réapprendre aprés une vie passé dans l autre genre , et c'est justement pourquoi l'apprentissage du nouveaux genre est exclusif et ne permet pas à mon avis de faire des aller retours comme certaines l'évoquent.

Michelle m a écrit:Le rire c'est une des caractéristiques d'une ambiance féminine , est c'est plutôt agréable après pour suivre dans les discussions l il faut  enrichir sa propre culture féminine pour pouvoir donner le change , et cela demande du temps pour tout réapprendre aprés une vie passé dans l autre genre , et c'est justement pourquoi l'apprentissage du nouveaux genre est exclusif et ne permet pas à mon avis de faire des aller retours comme certaines l'évoquent.

Bonjour Michelle, exactement c'est pas facile quand même de quitter définitivement son ancien genre, on chasse le naturelle il revient au galop. Je prend pas d'hormones pour des raisons médicales, j'ai mon coté masculin assez présent , j'ai fais des efforts niveau démarche , reste que comme j'ai gardé mes anciens amis hommes donc pas évident tout ça.Ceci dit je le vis bien finalement les gens font pas trop attention. Je fais pas mal d'efforts aussi niveau voix , je fume du tabacs ça arrange pas trop les choses non plus ,l’essentiel c'est d’être bien dans sa tête. Je suis assez souriante par conséquent l'environnement social me sourit donc dans l'ensemble ça va bien.

ClaireL a écrit: Des news de ma 2ème semaine …

La cerise sur le gâteau, c'est que j'ai pu discuter ou déjeuner à plusieurs reprises entre femmes. J'ai donc assisté à des discussions en l'absence d'un homme : voyages, animaux de compagnie, coiffure. J'étais larguée sur le dernier sujet : trop de mots inconnus ! Les plaques pour lisser les cheveux, le carré plongeant, etc. Et leurs rires là où des hommes ne riraient pas. Il faut que je change d'humour.

En effet, la transition ne peut pas se limiter à l'apparence et au prénom.
Il faut maintenant intégrer  tout un apprentissage / vécu féminin dans ton comportement quotidien.
C'est là que ta féminité va s'exprimer pleinement ...

Cette cerise est certainement la plus savoureuse et la plus existante !

Bises
Aurélie

Bonjour Frédérique , je ne suis pas sur que les hormones ait une quelconque influence sur les apprentissages sociaux , ou plutôt de réapprentissage pour ce qui nous concerne , celles qui n'en prennent pas ne sont pas désavantagées pour apprendre le genre féminin , c'est plutôt un apprentissage sur le tas ou par immersion .

C'est vrai que les relations antérieures auraient tendance à nous ramener à nôtre condition d'origine , mais avec le temps les gens s'habituent mais c'est plus facile je trouve avec les nouvelles relations.

Bonsoir Claire,
À la veille de ta troisième semaine de travail en tant que femme, je viens te souhaiter plein de courage ( mais je sais bien que tu n'en manques pas...)
Je suis sûre que tu vas établir de nouvelles complicités féminines, faire de belles rencontres et -qui sait?- tomber amoureuse... ;=)
Bise