pourquoi je suis comme ça
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Helyette
Patricia R
chantal92
Stebannie Dupont
Isabelle Andreeff
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pourquoi je suis comme ça
Pourquoi je suis comme ça ?
« Pourquoi je suis comme ça ? », me suis-je trop souvent demandé.
J’ai en effet plus que frôlé l’overdose philosophique avec cette question. Et au passage, fatigué, usé jusqu’à la corde un bataillon de psychanalystes réputés inoxydables ! Bon, soyons sérieuses, je n’ai jamais tenté de psychanalyse. Pour quoi faire, grand dieu, me suis-je toujours dit, je ne suis pas « folle »…enfin… ! Je me porte comme un charme quand je suis femme, pas vous ? Et même à un point qui frise l’insolence ! Ce qui me ravit complètement, mesdames ! « C’est immoral, mais c’est comme ça », chantait le grand Georges Brassens ! A propos, je ne sais pas ce que vous pensez du mot « folle » que d’aucuns nous accolent à plaisir. Pas vilain, ce mot, dans le fond, surtout depuis que le théâtre lui a quand même donné ses lettres de noblesse. Merci monsieur Poiret, merci Copi ! Je l’aime bien, parfois, ce mot, mais je ne m’y reconnais pas. Je m’en amuse aussi, à l’occasion, comme la plupart des copines, d’ailleurs, me remémorant une sentence paternelle souvent entendue dans mon enfance : « Toutes les femmes sont folles ! », assénait la certitude paternelle. J’en avais fait un syllogisme, genre : « toutes les femmes sont folles ; or, je suis folle ; donc je suis femme ». Voilà donc enfin mon « identité » fondée en toute rigueur. On s’amuse comme on peut ! Même – et surtout ! – avec la logique aristotélicienne !
Pour en revenir à mon interrogation initiale, j’ai bien ma petite théorie très personnelle sur la question du « pourquoi ». J’en ai même fait une sorte de sentence (une manie, dans la famille, on dirait !). La voici : nos mères sont en nous autant que nous avons été en elles. En réfléchissant deux secondes, cela m’a paru aveuglant d’évidence. Cela veut juste dire qu’il y a là, comme en toute chose, une affaire de dosage dans cette sorte « d’incorporation » de la mère. Dosage de je ne sais quoi, en l’occurrence. Pas forcément de l’ordre de la « chimie » du vivant. Quoique ! L’idée me séduit assez en fait : dans la nuit de cette affaire – une nuit toute relative, et très sécurisante, au fond d’un ventre douillet et protecteur (par parenthèse, Salvador Dali disait se souvenir de sa vie intra-utérine ; mais que n’a pas prétendu Salvador Dali !) – la chimie joue probablement et malicieusement un rôle décisif. Une histoire de chimie de nuit, en somme !
Il me revient en mémoire l’extraordinaire film de Woody Allen, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander, sorti en 1972. La scène sur l’accouplement et la procréation est désopilante, où l’on voit Woody déguisé en spermatozoïde tout blanc au milieu d’une bande d’autres spermatozoïdes prêts pour le grand saut. Après tout, me dis-je, c’est peut-être un champion travesti qui est arrivé le premier dans la course à l’ovule, aidé en cela par la poursuite effrénée de ses semblables complètement leurrés !
Moi, en tout cas, je sais que je n’y suis pour rien. Enfin, ce n’est pas si sûr. En arrivant au monde, mon premier mot aurait été « non », selon le récit maternel. Il me plaît de croire que je pressentais d’entrée de jeu un problème ! Et puis, plus tard, bien plus tard, j’ai cultivé ma différence, comme on dit, j’ai entretenu ma passion. D’abord timidement et comme honteusement, il faut bien l’avouer. Puis, de plus en plus sereinement, volontairement, joyeusement, enfin. Aujourd’hui, je récolte : des jours et des jours, des nuits et des nuits d’affilée passés en femme ! Pas une pièce d’habillement qui ne soit féminine. Et je ne me travestis plus en homme que deux ou trois jours par semaine, ces derniers temps. Je n’avais pas l’habitude d’une telle fréquence. Je m’y suis faite rapidement. Je tiens à dire que cela ne m’empêche en rien d’accomplir un tas de choses, bref de vaquer à tout ce que j’ai mis en route comme activités et projets : dessin, écriture, musique…Je suis certaine même de sentir différemment, ce qui tombe en effet « sous le sens » ! Mais aussi, c’est plus étonnant sans doute, de penser différemment.
Parures et vêtements féminins ne sont pas pour moi des déguisements : ils correspondent à un être profond. Mais quel combat pour en arriver là ! Combat contre ma propre culpabilité ressentie, d’abord, dramatique parfois. Un soir de solitude, il y a longtemps (c’était dans les années quatre-vingt-dix !), soudain, « elle craque ». Sanglots longs (sans violons, mais pas loin !), debout dans ma jupe (une splendeur : jaune bouton d’or, longue sous les mollets, larges plis permanents, toute soyeuse !), talons et tutti quanti, incapable de m’arrêter de pleurer, prise, oui, d’un dégoût, et ça commençait à descendre trop bas. J’ai réussi à stopper le train pour l’enfer, l’enfer de la honte. La « honte », mais la honte de quoi, grand dieu ! De vouloir être femme ? Ou comme une femme ? Mais c’est un bonheur ! Jamais, même au plus profond de mon désarroi, je n’ai réellement voulu renier cette part de moi : trop belle, trop délicieuse, trop…moi ! Je me suis défaite… nuit blanche… épuisée. Serait-il possible de surmonter un jour cette espèce de bonheur malheureux ? Mais par quel chemin y parvenir : en renonçant à ce bonheur ? En le débarrassant enfin de sa part « maudite » ? Une seule voie possible, en réalité, qui ne dépend pas de la « volonté » !
Aujourd’hui, je m’accepte telle que je suis, mieux, je me revendique celle que je suis. L’angoisse a quasi disparu, qui m’avait saisie par exemple un autre jour devant mon miroir : peur de devenir vraiment folle, de perdre le sens des choses, de quitter le réel. Mais attendez, Isabelle est réelle ! Elle est partie prenante du tissu de la vie, du monde réel ! Il est vrai que les émotions fortes peuvent parfois être dangereuses. Bon, j’ai un tempérament qui me permet d’encaisser pas mal, ça aide ! D’autant que la faculté m’a diagnostiqué une arythmie cardiaque chronique due à une malformation du cœur ; une histoire de valves bizarrement configurées ; ça ne m’empêche pas de vivre, vaille que valve, ni d’avoir une vie amoureuse, ni de l’énergie à revendre ! Le cœur, le rythme : on est à la racine de la vie. Alors, cela produit sûrement des effets, chimiques, c’est très plausible. Mais quand même : surtout se débarrasser de cette culpabilité qui colle à la haine de soi ! Bon sang, les filles, je ne suis ni une monstresse, ni une tordue ! Le plaisir prend chez nous cette tournure, cette voie-là. Fort bien : cultivons-les. Il y va parfois de notre être profond !
Et laissons là les questions sans réponses qui rétrécissent la vie. Plutôt que « pourquoi je suis comme ça ? », j’ai fini par me demander, le plus souvent et sérieusement du monde : « Comment je vis (comme) ça ? ». En ce moment, que j’ai tellement attendu et espéré, avec ce petit mélange de crainte devant une aventure qu’on a rêvé de vivre et qui arrive enfin, alors qu’on se demande si on va être à la hauteur, la réponse est simple : le plus souvent, le plus sereinement, le plus naturellement et le plus délicieusement possible. Et je suis certaine qu’il y en a beaucoup qui rêveraient d’être à ma place, qui n’ont jamais osé, ou qui, simplement, avec un petit sourire secret, comprennent parfaitement mes « choix ». Pour moi, féminité rime avec gaieté, générosité, intensité, vitalité ! Et aussi avec légèreté, indispensable et profonde frivolité, sensibilité, sensualité, beauté, intelligence…bon, j’arrête de décliner les superlatifs. Une femme, c’est un être humain dont la profondeur, la densité, la réalité, la force et la fragilité me concernent pleinement, pas un « héros de cartoon », ni une divinité (même si une femme peut aussi ressembler à une divine créature, facilement, souvent ! Mon dieu, j’aimerais tellement en être… « Fantasme, cliché! » vous entends-je rétorquer !). J’idéalise sans doute (un peu). C’est le propre des rêves éveillés, mais après tout cela, comment résister…à être femme ? Un jour, deux jours, une semaine, deux semaines (c’est mon « record », à cette heure), un mois (oups, je n’y suis pas encore !), avec ou sans interruption (difficile quand on ne sort pas bien loin !), pour toujours… ?
Par ailleurs, je n’ai pas non plus été élevée « en fille ». Plutôt un peu « à la dure », en réalité. C’est peut-être ce qui a produit, ou accentué les effets inverses de ceux escomptés. Je ne le crois pas, évidemment. Mais c’est sans aucun doute ce qui a contribué au développement d’un fort sentiment de culpabilité, ainsi qu’à celui d’une imagination vive, sorte de refuge indispensable et très efficace. Goethe a écrit que l’ennui est le père des muses. Je m’ennuyais souvent et beaucoup, dans mon enfance. Et à part ces mondes imaginaires que j’aimais créer, il n’y avait pas beaucoup de marge de liberté. Mes libertés, je les ai conquises, une à une, et peu à peu. Ça forge un caractère. Je ne comprenais évidemment pas vraiment de quoi il retournait jusqu’au sortir de l’adolescence, même si j’avais conscience de mon attirance très forte pour les vêtements féminins depuis mon plus jeune âge.
Je vis depuis le plus clair de ma vie d’adulte dans l’alternance du féminin et du masculin, alternance plus ou moins longue. Je dirais qu’autrefois, je « chapardais » le plus souvent possible mes échappées féminines, les nécessités de la vie m’obligeant, croyais-je du moins, à vivre mes plaisirs profonds le plus secrètement possible, et, souvent, de la façon la plus expéditive. Je ne m’étendrai pas sur mes vaines tentatives pour me « débarrasser » de ce plaisir. J’ignorais autrefois que nous en sommes à peu près toutes incapables, que je n’étais pas juste trop « faible » de caractère ou je ne sais quoi pour y arriver. Ne pas se savoir seule dans une situation de ce genre, cela aide énormément à faire la part des choses, à avancer vers l’acceptation de soi, vers l’accueil d’un autre point de vue sur sa part féminine, transformée un beau jour en richesse, en « extension de la vie ». Certaines émissions de télévision, certains films, certains articles de presse ou certains livres m’ont accompagnée dans ce cheminement. J’en suis heureuse et reconnaissante. J’espère maintenant faire de vraies rencontres pour couronner en beauté mon parcours.
Toute proche de ma provisoire conclusion, je ne résiste pas au plaisir de vous signaler un de ces articles qui m’ont particulièrement marquée et émue, paru dans l’excellente revue Les temps modernes, en octobre 1977 (vous ne la trouverez plus guère qu’en bibliothèque, hélas !) : Une femme chez les travestis, par Gabrielle Benguigui-Varro. Un régal, une grosse cuillérée d’énergie ! Et cela date d’avant les grands chamboulements de nos mœurs (chamboulons, chamboulons, les filles, dans le bon sens, celui de toujours plus de vie, celui de « la vie ouverte », selon la belle formule sans cesse développée par François Cheng, notamment dans son livre Cinq méditations sur la beauté !). Ce très beau récit, à la fois sobre et plein de vie, continue à me ravir.
De plus en plus, désormais, plutôt que de me torturer l’esprit avec toutes ces difficiles questions au risque subséquent de creuser mes rides, je laisse venir, dans mon petit monde à moi que je me fais toute seule.
« Toute seule » ? Ce n’est plus tout à fait vrai… !
Pas mal quand même, d’être comme ça !
Bises,
Isabelle
« Pourquoi je suis comme ça ? », me suis-je trop souvent demandé.
J’ai en effet plus que frôlé l’overdose philosophique avec cette question. Et au passage, fatigué, usé jusqu’à la corde un bataillon de psychanalystes réputés inoxydables ! Bon, soyons sérieuses, je n’ai jamais tenté de psychanalyse. Pour quoi faire, grand dieu, me suis-je toujours dit, je ne suis pas « folle »…enfin… ! Je me porte comme un charme quand je suis femme, pas vous ? Et même à un point qui frise l’insolence ! Ce qui me ravit complètement, mesdames ! « C’est immoral, mais c’est comme ça », chantait le grand Georges Brassens ! A propos, je ne sais pas ce que vous pensez du mot « folle » que d’aucuns nous accolent à plaisir. Pas vilain, ce mot, dans le fond, surtout depuis que le théâtre lui a quand même donné ses lettres de noblesse. Merci monsieur Poiret, merci Copi ! Je l’aime bien, parfois, ce mot, mais je ne m’y reconnais pas. Je m’en amuse aussi, à l’occasion, comme la plupart des copines, d’ailleurs, me remémorant une sentence paternelle souvent entendue dans mon enfance : « Toutes les femmes sont folles ! », assénait la certitude paternelle. J’en avais fait un syllogisme, genre : « toutes les femmes sont folles ; or, je suis folle ; donc je suis femme ». Voilà donc enfin mon « identité » fondée en toute rigueur. On s’amuse comme on peut ! Même – et surtout ! – avec la logique aristotélicienne !
Pour en revenir à mon interrogation initiale, j’ai bien ma petite théorie très personnelle sur la question du « pourquoi ». J’en ai même fait une sorte de sentence (une manie, dans la famille, on dirait !). La voici : nos mères sont en nous autant que nous avons été en elles. En réfléchissant deux secondes, cela m’a paru aveuglant d’évidence. Cela veut juste dire qu’il y a là, comme en toute chose, une affaire de dosage dans cette sorte « d’incorporation » de la mère. Dosage de je ne sais quoi, en l’occurrence. Pas forcément de l’ordre de la « chimie » du vivant. Quoique ! L’idée me séduit assez en fait : dans la nuit de cette affaire – une nuit toute relative, et très sécurisante, au fond d’un ventre douillet et protecteur (par parenthèse, Salvador Dali disait se souvenir de sa vie intra-utérine ; mais que n’a pas prétendu Salvador Dali !) – la chimie joue probablement et malicieusement un rôle décisif. Une histoire de chimie de nuit, en somme !
Il me revient en mémoire l’extraordinaire film de Woody Allen, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander, sorti en 1972. La scène sur l’accouplement et la procréation est désopilante, où l’on voit Woody déguisé en spermatozoïde tout blanc au milieu d’une bande d’autres spermatozoïdes prêts pour le grand saut. Après tout, me dis-je, c’est peut-être un champion travesti qui est arrivé le premier dans la course à l’ovule, aidé en cela par la poursuite effrénée de ses semblables complètement leurrés !
Moi, en tout cas, je sais que je n’y suis pour rien. Enfin, ce n’est pas si sûr. En arrivant au monde, mon premier mot aurait été « non », selon le récit maternel. Il me plaît de croire que je pressentais d’entrée de jeu un problème ! Et puis, plus tard, bien plus tard, j’ai cultivé ma différence, comme on dit, j’ai entretenu ma passion. D’abord timidement et comme honteusement, il faut bien l’avouer. Puis, de plus en plus sereinement, volontairement, joyeusement, enfin. Aujourd’hui, je récolte : des jours et des jours, des nuits et des nuits d’affilée passés en femme ! Pas une pièce d’habillement qui ne soit féminine. Et je ne me travestis plus en homme que deux ou trois jours par semaine, ces derniers temps. Je n’avais pas l’habitude d’une telle fréquence. Je m’y suis faite rapidement. Je tiens à dire que cela ne m’empêche en rien d’accomplir un tas de choses, bref de vaquer à tout ce que j’ai mis en route comme activités et projets : dessin, écriture, musique…Je suis certaine même de sentir différemment, ce qui tombe en effet « sous le sens » ! Mais aussi, c’est plus étonnant sans doute, de penser différemment.
Parures et vêtements féminins ne sont pas pour moi des déguisements : ils correspondent à un être profond. Mais quel combat pour en arriver là ! Combat contre ma propre culpabilité ressentie, d’abord, dramatique parfois. Un soir de solitude, il y a longtemps (c’était dans les années quatre-vingt-dix !), soudain, « elle craque ». Sanglots longs (sans violons, mais pas loin !), debout dans ma jupe (une splendeur : jaune bouton d’or, longue sous les mollets, larges plis permanents, toute soyeuse !), talons et tutti quanti, incapable de m’arrêter de pleurer, prise, oui, d’un dégoût, et ça commençait à descendre trop bas. J’ai réussi à stopper le train pour l’enfer, l’enfer de la honte. La « honte », mais la honte de quoi, grand dieu ! De vouloir être femme ? Ou comme une femme ? Mais c’est un bonheur ! Jamais, même au plus profond de mon désarroi, je n’ai réellement voulu renier cette part de moi : trop belle, trop délicieuse, trop…moi ! Je me suis défaite… nuit blanche… épuisée. Serait-il possible de surmonter un jour cette espèce de bonheur malheureux ? Mais par quel chemin y parvenir : en renonçant à ce bonheur ? En le débarrassant enfin de sa part « maudite » ? Une seule voie possible, en réalité, qui ne dépend pas de la « volonté » !
Aujourd’hui, je m’accepte telle que je suis, mieux, je me revendique celle que je suis. L’angoisse a quasi disparu, qui m’avait saisie par exemple un autre jour devant mon miroir : peur de devenir vraiment folle, de perdre le sens des choses, de quitter le réel. Mais attendez, Isabelle est réelle ! Elle est partie prenante du tissu de la vie, du monde réel ! Il est vrai que les émotions fortes peuvent parfois être dangereuses. Bon, j’ai un tempérament qui me permet d’encaisser pas mal, ça aide ! D’autant que la faculté m’a diagnostiqué une arythmie cardiaque chronique due à une malformation du cœur ; une histoire de valves bizarrement configurées ; ça ne m’empêche pas de vivre, vaille que valve, ni d’avoir une vie amoureuse, ni de l’énergie à revendre ! Le cœur, le rythme : on est à la racine de la vie. Alors, cela produit sûrement des effets, chimiques, c’est très plausible. Mais quand même : surtout se débarrasser de cette culpabilité qui colle à la haine de soi ! Bon sang, les filles, je ne suis ni une monstresse, ni une tordue ! Le plaisir prend chez nous cette tournure, cette voie-là. Fort bien : cultivons-les. Il y va parfois de notre être profond !
Et laissons là les questions sans réponses qui rétrécissent la vie. Plutôt que « pourquoi je suis comme ça ? », j’ai fini par me demander, le plus souvent et sérieusement du monde : « Comment je vis (comme) ça ? ». En ce moment, que j’ai tellement attendu et espéré, avec ce petit mélange de crainte devant une aventure qu’on a rêvé de vivre et qui arrive enfin, alors qu’on se demande si on va être à la hauteur, la réponse est simple : le plus souvent, le plus sereinement, le plus naturellement et le plus délicieusement possible. Et je suis certaine qu’il y en a beaucoup qui rêveraient d’être à ma place, qui n’ont jamais osé, ou qui, simplement, avec un petit sourire secret, comprennent parfaitement mes « choix ». Pour moi, féminité rime avec gaieté, générosité, intensité, vitalité ! Et aussi avec légèreté, indispensable et profonde frivolité, sensibilité, sensualité, beauté, intelligence…bon, j’arrête de décliner les superlatifs. Une femme, c’est un être humain dont la profondeur, la densité, la réalité, la force et la fragilité me concernent pleinement, pas un « héros de cartoon », ni une divinité (même si une femme peut aussi ressembler à une divine créature, facilement, souvent ! Mon dieu, j’aimerais tellement en être… « Fantasme, cliché! » vous entends-je rétorquer !). J’idéalise sans doute (un peu). C’est le propre des rêves éveillés, mais après tout cela, comment résister…à être femme ? Un jour, deux jours, une semaine, deux semaines (c’est mon « record », à cette heure), un mois (oups, je n’y suis pas encore !), avec ou sans interruption (difficile quand on ne sort pas bien loin !), pour toujours… ?
Par ailleurs, je n’ai pas non plus été élevée « en fille ». Plutôt un peu « à la dure », en réalité. C’est peut-être ce qui a produit, ou accentué les effets inverses de ceux escomptés. Je ne le crois pas, évidemment. Mais c’est sans aucun doute ce qui a contribué au développement d’un fort sentiment de culpabilité, ainsi qu’à celui d’une imagination vive, sorte de refuge indispensable et très efficace. Goethe a écrit que l’ennui est le père des muses. Je m’ennuyais souvent et beaucoup, dans mon enfance. Et à part ces mondes imaginaires que j’aimais créer, il n’y avait pas beaucoup de marge de liberté. Mes libertés, je les ai conquises, une à une, et peu à peu. Ça forge un caractère. Je ne comprenais évidemment pas vraiment de quoi il retournait jusqu’au sortir de l’adolescence, même si j’avais conscience de mon attirance très forte pour les vêtements féminins depuis mon plus jeune âge.
Je vis depuis le plus clair de ma vie d’adulte dans l’alternance du féminin et du masculin, alternance plus ou moins longue. Je dirais qu’autrefois, je « chapardais » le plus souvent possible mes échappées féminines, les nécessités de la vie m’obligeant, croyais-je du moins, à vivre mes plaisirs profonds le plus secrètement possible, et, souvent, de la façon la plus expéditive. Je ne m’étendrai pas sur mes vaines tentatives pour me « débarrasser » de ce plaisir. J’ignorais autrefois que nous en sommes à peu près toutes incapables, que je n’étais pas juste trop « faible » de caractère ou je ne sais quoi pour y arriver. Ne pas se savoir seule dans une situation de ce genre, cela aide énormément à faire la part des choses, à avancer vers l’acceptation de soi, vers l’accueil d’un autre point de vue sur sa part féminine, transformée un beau jour en richesse, en « extension de la vie ». Certaines émissions de télévision, certains films, certains articles de presse ou certains livres m’ont accompagnée dans ce cheminement. J’en suis heureuse et reconnaissante. J’espère maintenant faire de vraies rencontres pour couronner en beauté mon parcours.
Toute proche de ma provisoire conclusion, je ne résiste pas au plaisir de vous signaler un de ces articles qui m’ont particulièrement marquée et émue, paru dans l’excellente revue Les temps modernes, en octobre 1977 (vous ne la trouverez plus guère qu’en bibliothèque, hélas !) : Une femme chez les travestis, par Gabrielle Benguigui-Varro. Un régal, une grosse cuillérée d’énergie ! Et cela date d’avant les grands chamboulements de nos mœurs (chamboulons, chamboulons, les filles, dans le bon sens, celui de toujours plus de vie, celui de « la vie ouverte », selon la belle formule sans cesse développée par François Cheng, notamment dans son livre Cinq méditations sur la beauté !). Ce très beau récit, à la fois sobre et plein de vie, continue à me ravir.
De plus en plus, désormais, plutôt que de me torturer l’esprit avec toutes ces difficiles questions au risque subséquent de creuser mes rides, je laisse venir, dans mon petit monde à moi que je me fais toute seule.
« Toute seule » ? Ce n’est plus tout à fait vrai… !
Pas mal quand même, d’être comme ça !
Bises,
Isabelle
Isabelle Andreeff- Messages : 307
Date d'inscription : 27/09/2021
Age : 70
Localisation : Mulhouse 68
Béatrice, Michele-Anne, galwenne et jennyfer aiment ce message
Isabelle Andreeff- Messages : 307
Date d'inscription : 27/09/2021
Age : 70
Localisation : Mulhouse 68
Béatrice, galwenne et jacqueline Rose aiment ce message
Re: pourquoi je suis comme ça
Joli texte et belle évocation (avec tes mots et ton style à toi bien sur, beaucoup plus respectable que le mien . . . . ) de quelque chose qui n'est pas sans rapport avec certaines de mes divagations dans mon immeuble de la féminité . . .
Au bout du compte je retiens surtout que c'est bien ce fameux "pourquoi" de la question qui contient la réponse : l'important n'est pas le "pourquoi" déclencheur (la raison initiale) , mais bien le "pourquoi" objectif (pour en faire quoi ?), au bout du compte notre féminité sera tout simplement ce qu'on en fera . . . . et avant de le comprendre il faut effectivement passer plusieurs niveaux . . .
Le secret est simplement de regarder devant et pas derrière . . à propos d'avenir tu fais quoi le premier w-end d'avril ?
On est toutes différentes, mais pas forcément autant qu'on pourrait le penser . . .
Au bout du compte je retiens surtout que c'est bien ce fameux "pourquoi" de la question qui contient la réponse : l'important n'est pas le "pourquoi" déclencheur (la raison initiale) , mais bien le "pourquoi" objectif (pour en faire quoi ?), au bout du compte notre féminité sera tout simplement ce qu'on en fera . . . . et avant de le comprendre il faut effectivement passer plusieurs niveaux . . .
Le secret est simplement de regarder devant et pas derrière . . à propos d'avenir tu fais quoi le premier w-end d'avril ?
On est toutes différentes, mais pas forcément autant qu'on pourrait le penser . . .
Stebannie Dupont- Messages : 3473
Date d'inscription : 14/09/2018
jennyfer aime ce message
Re: pourquoi je suis comme ça
Isabelle, la question "Pourquoi je suis comme ça" est devenue chez toi purement rhétorique et tu ne la poses que comme introduction/paravent à un ressenti intime ; que tu vis désormais avec un tel bonheur et une telle décontraction qu'il te plaît de l'évoquer, rien que pour le plaisir d'en parler et de le partager avec d'autres, dont tu sais qu'ils(elles) vont apprécier.
Le titre aurait dû être "Je suis comme ça et ça me convient parfaitement". Le temps du questionnement, que tu évoques cependant, n'est plus qu'un presque totalement passé, qui ne subsiste -semble-t-il que parce qu'il reste dans ta vie des plages masculines. La question aurait d'ailleurs pu être : "Pourquoi est-ce que je vis encore parfois en homme ?", question bien sûr plus dangereuse à poser et pouvant déboucher là sur une vraie interrogation.
Et il y a bien sûr aussi dans ton texte le plaisir de s'affirmer comme ayant sa place pleine et entière dans un cénacle choisi par affinité, avec le sentiment gratifiant de faire partie d'une communauté un peu particulière ; je ne sais si c'est une réaction face à des jugements défavorables à notre égard, mais il me semble parfois que nous nous considérons comme des happy few, parce que nous vivons une vie que peu connaissent. Non, Béa, ce n'est pas une critique !
C'est ton post, et je ne suis pas là pour embrayer sur un de mes discours généraux sur le thème de la transidentité - ni encore moins sur mon vécu (au sens du participe passé) personnel. Mais puisque tu écris, tu préfères, je suppose, une réponse au silence, surtout après avoir souligné que tu ne te sentais plus seule.
Le titre aurait dû être "Je suis comme ça et ça me convient parfaitement". Le temps du questionnement, que tu évoques cependant, n'est plus qu'un presque totalement passé, qui ne subsiste -semble-t-il que parce qu'il reste dans ta vie des plages masculines. La question aurait d'ailleurs pu être : "Pourquoi est-ce que je vis encore parfois en homme ?", question bien sûr plus dangereuse à poser et pouvant déboucher là sur une vraie interrogation.
Et il y a bien sûr aussi dans ton texte le plaisir de s'affirmer comme ayant sa place pleine et entière dans un cénacle choisi par affinité, avec le sentiment gratifiant de faire partie d'une communauté un peu particulière ; je ne sais si c'est une réaction face à des jugements défavorables à notre égard, mais il me semble parfois que nous nous considérons comme des happy few, parce que nous vivons une vie que peu connaissent. Non, Béa, ce n'est pas une critique !
C'est ton post, et je ne suis pas là pour embrayer sur un de mes discours généraux sur le thème de la transidentité - ni encore moins sur mon vécu (au sens du participe passé) personnel. Mais puisque tu écris, tu préfères, je suppose, une réponse au silence, surtout après avoir souligné que tu ne te sentais plus seule.
chantal92- Messages : 4613
Date d'inscription : 11/05/2015
Age : 75
Localisation : présente sur la carte
Daniela aime ce message
Re: pourquoi je suis comme ça
Merci Isabelle. Tu as fort joliment écrit notre vécu.
La question du "Pourquoi moi ?" est récurrente pour chacune d'entre nous, savoir la dépasser est une grande étape vers la sérénité et la vie au féminin.
J'ai eu des réponses de la bouche d'une vieille tante, ou du moins ce que je pense être des réponses. Les tabous, les secrets de famille sont souvent la clé de beaucoup d'inquiétudes.
Ce qui est fabuleux c'est que cette tante ait été au courant mais que mes parents (DCD) et ma sœur ainée (vivante et médecin...), ne m'en ait jamais parlé.
Arriver à laisser s'exprimer la Femme qui est en nous, la laisser vivre est quand même la voie royale pour une existence apaisée.
Merci Isabelle, tu sais me faire réfléchir d'une façon différente.
La question du "Pourquoi moi ?" est récurrente pour chacune d'entre nous, savoir la dépasser est une grande étape vers la sérénité et la vie au féminin.
J'ai eu des réponses de la bouche d'une vieille tante, ou du moins ce que je pense être des réponses. Les tabous, les secrets de famille sont souvent la clé de beaucoup d'inquiétudes.
Ce qui est fabuleux c'est que cette tante ait été au courant mais que mes parents (DCD) et ma sœur ainée (vivante et médecin...), ne m'en ait jamais parlé.
Arriver à laisser s'exprimer la Femme qui est en nous, la laisser vivre est quand même la voie royale pour une existence apaisée.
Merci Isabelle, tu sais me faire réfléchir d'une façon différente.
Patricia R- Messages : 427
Date d'inscription : 09/11/2011
Age : 55
Localisation : Perpignan
Re: pourquoi je suis comme ça
"Pas mal d'être comme ça ", ta conclusion est aussi la mienne
Helyette- Messages : 3510
Date d'inscription : 25/10/2010
Age : 79
Localisation : Lorraine
Re: pourquoi je suis comme ça
j'ai réécris des paroles sur l'air bien connu "mon amant de saint jean"
je la chanterai, entre autre, accompagnée de mon orgue de barbarie à l'agoranif'
Je ne sais pourquoi
je ne sais pourquoi je suis comme ça
c'est la faut' à personne
mais il a suffit qu'un beau matin
je sent' un frisson féminin
Comment ne perdre la tête
habillé comme une minette
une découvert' , qui vous cloue le bec
on voudrait être une fillette
on préfèr' se tair'
mais on a en soi une grosse tristess'
la vie qui est là on se demande,
comment la faire
on n' sait pourquoi on n'est né comme ça
ça vous booste les neurones,
pas pareil que ceux que l'on côtoie
devant not' cas on est sans voix
comment r'garder la vie en face ?
Caché dans un triste placard
on se r'trouve toute bête
on n'y comprend rien
on a envie de disparaître
on se d'mande pourquoi ?
On culpabilis' quand on est enfant,
et puis même aussi
quand on est grand également
il faut s'accepter, c'est le plus dur
c'est un' drôl' d'aventure
pas restée cloîtrée dans une pièce,
salon, ou un' chambre à coucher,
aujourd'hui je suis moins à l'ombre,
j'ose montrer dans le soleil
cette drôle de femme
qui vit dans mon âme
et qui en moi brûle une flamm'
C'est comme une fleur,
de s'accepter, et de vivre au grand jour
c'est une vie rêvée
un long trajet
qui vous mène au bonheur
sophieD
je la chanterai, entre autre, accompagnée de mon orgue de barbarie à l'agoranif'
Je ne sais pourquoi
je ne sais pourquoi je suis comme ça
c'est la faut' à personne
mais il a suffit qu'un beau matin
je sent' un frisson féminin
Comment ne perdre la tête
habillé comme une minette
une découvert' , qui vous cloue le bec
on voudrait être une fillette
on préfèr' se tair'
mais on a en soi une grosse tristess'
la vie qui est là on se demande,
comment la faire
on n' sait pourquoi on n'est né comme ça
ça vous booste les neurones,
pas pareil que ceux que l'on côtoie
devant not' cas on est sans voix
comment r'garder la vie en face ?
Caché dans un triste placard
on se r'trouve toute bête
on n'y comprend rien
on a envie de disparaître
on se d'mande pourquoi ?
On culpabilis' quand on est enfant,
et puis même aussi
quand on est grand également
il faut s'accepter, c'est le plus dur
c'est un' drôl' d'aventure
pas restée cloîtrée dans une pièce,
salon, ou un' chambre à coucher,
aujourd'hui je suis moins à l'ombre,
j'ose montrer dans le soleil
cette drôle de femme
qui vit dans mon âme
et qui en moi brûle une flamm'
C'est comme une fleur,
de s'accepter, et de vivre au grand jour
c'est une vie rêvée
un long trajet
qui vous mène au bonheur
sophieD
sophieD- Messages : 3074
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Annabelle46, Daniela, chantal92 et Lou aiment ce message
Re: pourquoi je suis comme ça
Hello Isa,
quel temoignage , surtout quel énergie ! Trouver ce qui a déclenché la bascule de notre sensibilité peut demander des années de questionnement , la psy que j'ai consulté plusieurs mois m'avait donné un éclairage qui ne me convenait pas , au final quelques soit l’élément qui procède à la mise à feu , l'essentiel est d’éloigner la culpabilité et laisser la honte aux ignorants(es) qui nous jugent et souvent nous condamnent, englués dans leurs peurs . Arriver à museler les nôtres me semble un grand pas en avant (pour l’humanité aussi ?? ) . Nos lunes sont elles fréquentées par des "folles" ? je vais me fabriquer une robe couleur de nuit pour vagabonder sous les étoiles ... :koukNl:
quel temoignage , surtout quel énergie ! Trouver ce qui a déclenché la bascule de notre sensibilité peut demander des années de questionnement , la psy que j'ai consulté plusieurs mois m'avait donné un éclairage qui ne me convenait pas , au final quelques soit l’élément qui procède à la mise à feu , l'essentiel est d’éloigner la culpabilité et laisser la honte aux ignorants(es) qui nous jugent et souvent nous condamnent, englués dans leurs peurs . Arriver à museler les nôtres me semble un grand pas en avant (pour l’humanité aussi ?? ) . Nos lunes sont elles fréquentées par des "folles" ? je vais me fabriquer une robe couleur de nuit pour vagabonder sous les étoiles ... :koukNl:
Lou- Messages : 4220
Date d'inscription : 22/11/2019
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Re: pourquoi je suis comme ça
Lou a écrit:la psy que j'ai consulté plusieurs mois m'avait donné un éclairage qui ne me convenait pas ,
Finalement, Lou, c'est toi qui poses, en creux, la bonne question : est-ce qu'on cherche la vérité tout court ou la vérité qui nous convient ?
chantal92- Messages : 4613
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Re: pourquoi je suis comme ça
chantal92 a écrit:Lou a écrit:la psy que j'ai consulté plusieurs mois m'avait donné un éclairage qui ne me convenait pas ,
Finalement, Lou, c'est toi qui poses, en creux, la bonne question : est-ce qu'on cherche la vérité tout court ou la vérité qui nous convient ?
Il y a la vérité que l'on sent, et la vérité qui nous convient, elle peut ne pas être la même... et la vérité tout court n'est elle pas une chimère qui prend de multiples aspects sous des dehors péremptoires ?
Annabelle46, Daniela et Lou aiment ce message
Re: pourquoi je suis comme ça
Michele-Anne a écrit:chantal92 a écrit:Lou a écrit:la psy que j'ai consulté plusieurs mois m'avait donné un éclairage qui ne me convenait pas ,
Finalement, Lou, c'est toi qui poses, en creux, la bonne question : est-ce qu'on cherche la vérité tout court ou la vérité qui nous convient ?
Il y a la vérité que l'on sent, et la vérité qui nous convient, elle peut ne pas être la même... et la vérité tout court n'est elle pas une chimère qui prend de multiples aspects sous des dehors péremptoires ?
La vérité sort nue de son puits (ce qui fait qu'il n'y a aucune chance de la voir jamais sur ce site, car Admin veille....), et chacun l'habille ensuite comme il/elle l'entend....
C'est exact, MA, que la vérité que l'on sent, c'est à dire dont nous sommes nous-mêmes l'inven
Et comme il y a en outre les autres qui voient une vérité différente de la nôtre, l'exercice est fort délicat ; simplement, dans cette remarque à Lou, je lui suggérais indirectement que découvrir qu'une certaine vérité ne lui convient pas (et n'en est donc pas une pour elle) est un premier pas par élimination vers la connaissance d'elle-même,
Je lui conseille aussi vivement, pour éviter de compliquer les choses , d'éviter de franchir les Pyrénées.....
(*) car admin veille
chantal92- Messages : 4613
Date d'inscription : 11/05/2015
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Re: pourquoi je suis comme ça
Question récurrente sur le forum, à laquelle répondre permet de faire le point avec soi-même.Isabelle Andreeff a écrit:Pourquoi je suis comme ça ?
Comme je trouvais 50 bonnes raisons pour expliquer l'origine de mon transgenrisme, j'ai fini moi aussi par me poser la question de ce que j'allais faire de ma féminité car nous sommes responsables de la manière dont on la vit, pas de son existence.Isabelle Andreeff a écrit:Plutôt que « pourquoi je suis comme ça ? », j’ai fini par me demander, le plus souvent et sérieusement du monde : « Comment je vis (comme) ça ? »
Je ressens toujours cette honte et cette culpabilité m'empêche d'avancer, d'où mon envie d'effectuer un travail avec un.e psychologue pour dépasser cela et choisir ce qui me convient, en toute liberté, sans contrainte psychologique.Isabelle Andreeff a écrit:Combat contre ma propre culpabilité ressentie
...
La « honte », mais la honte de quoi, grand dieu ! De vouloir être femme ?
Etre face à son miroir permet de donner un existence physique à sa féminité. Mais la rencontre avec les autres permet de lui donner une existence sociale et donc réelle. Ce n'est plus une image, ou un reflet de soi... C'est un être qui réagit, qui a des interactions avec les autres, bref qui vit. Et pas en rêve ni en fantasme...Isabelle Andreeff a écrit:L’angoisse a quasi disparu, qui m’avait saisie par exemple un autre jour devant mon miroir : peur de devenir vraiment folle, de perdre le sens des choses, de quitter le réel. Mais attendez, Isabelle est réelle !
J'ai déjà noté cette différence entre tes propos où l'on sent une sérénité et le fait que tu sortes peu car excuses-moi, près de la moité de la semaine à vivre au masculin, c'est beaucoup !Isabelle Andreeff a écrit:Et je ne me travestis plus en homme que deux ou trois jours par semaine, ces derniers temps
C'est ce manque d'éducation qui me fait croire que je ne suis pas une femme mais une cousine des femmes. Je sens toujours un espace entre elles et moi, mais pour mon esthéticienne c'est mon manque de confiance en moi qui me fait croire cela car à ses dires, je suis plus féminine que certaines de ses clientes, dans ma manière de penser, de réagir et de m'exprimer.Isabelle Andreeff a écrit:Par ailleurs, je n’ai pas non plus été élevée « en fille ».
Peux-tu en dire plus ? Merci.Isabelle Andreeff a écrit:Toute proche de ma provisoire conclusion, je ne résiste pas au plaisir de vous signaler un de ces articles qui m’ont particulièrement marquée et émue, paru dans l’excellente revue Les temps modernes, en octobre 1977 (vous ne la trouverez plus guère qu’en bibliothèque, hélas !) : Une femme chez les travestis, par Gabrielle Benguigui-Varro.
Bises
Daniela- Messages : 1943
Date d'inscription : 21/10/2014
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