Moma Lisa

Isabelle, tu as une imagination folle ! J'admire!

Bien déjanté comme j'aime !

Enfin façon de parler, je viens de tuer un pneu neuf sur une ferraille perdue sur la route d'Issoudun . . .évidemment  jante-alliage collée sur le moyeu plus fort que j'avais jamais vu de ma vie, j'ai bien cru que j'allais éclater aussi mes bottes à talons à essayer de cogner dessus, ça bougeait pas d'un poil, bien grand moment de solitude, je m'en suis sortie en roulant plusieurs centaines de metres (à plat) sur de petits obstacles avec roue desserrée avant d'entendre "clonk-clonk-clonk" au lieu de "pff-pff-pff"

Et retenez mon idée les filles, même si ça vous arrive en mode Dédé . . .   les idées de  Stephanie les bons tuyaux peuvent vous sauver la mise . . . Ah mais ! . . .  Nous autres on compte pas pour des prunes . . . ne vous soumettez jamais à l'adversité, il y a toujours une issue à trouver, nous sommes plus fortes que nous le croyons, maintenant c'est même ma compagne qui admire ma philosophie (elle était avec moi et le sentait visiblement vraiment tres mal)

Pardon à Isabelle pour cette digression, depeche toi donc plutôt de mettre la suite en ligne que j'oublie tout ça . . .      

Michele-Anne a écrit:Isabelle, tu as une imagination folle ! J'admire!

plus qu une reference !!!!!

Notre département avait il y a quelques années "Le Lot une surprise à chaque pas", là!
"Une surprise nouvelle à chaque paragraphe" sinon plus.

J'adore à quand la suite.....

Merciii !
Le Lot !! Une région qui m'est si chère, que je porte dans mon coeur depuis des lustres ! Liée à mon histoire personnelle ! J'ai même failli acheter naguère un petit hameau tout entier, pour une bouchée de pain (à l'époque, le coin était plutôt encore déserté; les anglais avaient commencé à tout racheter, comme en Dordogne) ! Et ça fait des lustres que je n'y suis pas retournée !
Je vous embrasse très fort et vous livre très vite la suite. Les mousquetairines touchent au but !

toujours un ton léger et bien écrit .. Un cerveau en ébullitions j'adore..

…………………………………………………………………
18.

Debout derrière le bureau, Moma Lisa remet en place les feuillets du dossier pour les présenter dans l’ordre à la bande des quatre, impatiente de connaître le détail du projet artistique de Bijou Desville.
- Bon, mesdames, je suis prête. Prenez garde, c’est chaud…
- Pas de souci m’dame Moma, on est des grandes filles… lance Flo.
- Non, je voulais dire, le café, il est très chaud. Vous êtes vitriolée, vous, ma chère Flo ! C’est de naissance ?
- En quelque sorte, oui…
- Ce qu’elle veut dire, précise Portia, c’est qu’avant, quand elle s’appelait encore Florent, elle était un gentil garçon plein de délicatesse et de bienveillance. Les hormones ont fait des ravages, à la naissance de Florence !
- On peut peut-être avancer, demande Aurélie ? Je vous rappelle que j’ai une deadline H48 moi !
- Ah oui, sinon maman Aurélie t’enfermera dans ton placard à froufrous et jettera la clef par le balcon !
- Arrête de la chambrer, Flo !
- D’accord, Isa. Elle sait bien que j’l’adore, mais quoi, c’est plus fort que moi ! Les hormones, ça me pousse l’humour, à moi, pas que les seins !
- Des seins d’humour, en somme, balance Moma ! Allez, assez rigolé, on y va. Je règle la lampe à fond, vous verrez mieux.
Le chienchien s’est posté au pied de Portia avec laquelle il a complètement sympathisé. Et réciproquement. Moma Lisa, un peu solennellement et très théâtralement, commence la présentation.
- Le titre d’abord…
- Le feuillet m’avait échappé, en effet, s’exclame Portia !
- On n’y arrivera pas, mesdames, si vous esclaffez à chaque mot !
- C’est vrai, Portia, tiens-toi quoi !
- Coite, ajoute Portia, coite, si tu veux bien, Isa !
Le chienchien aboie un petit grognement.

…………………………………………………………….
19.

- « Veni, vidi, Vinci ». C’est le titre, précise Moma. Pas mal, hein ! Cela dit tout, en trois mots ! Comme je crois vous l’avoir déjà dit, il s’agit d’un événement artistique reposant sur le mélange des genres à travers une succession de ce qu’on appelait autrefois des tableaux vivants. Ils sont bien sûr mis au goût du jour. Bijou emploie des technologies ultra contemporaines et sophistiquées, ce qui aurait enchanté Léonard, comme vous vous en doutez ! Il y a douze tableaux en tout, rapport aux apôtres de la Cène. Chaque tableau est détaillé dans un ensemble de feuillets, comme une sorte de gros livret d’opéra, ou d’œuvre d’art total !
- Vous nous avez dit que tous les rôles sont tenus par des travestis, demande Aurélie ?
- Oui, ma chérie… euh pardon…
- Pas de mal, ma chérie !
- La glace étant brisée, je propose de passer au tutoiement, ce sera moins classe, mais plus sympa. Nous allons former une équipe …
- D’accord, Moma, répond Flo. Je n’avais pas pris l’habitude, dans ma famille, de vouvoyer ma grand-mère !
- Si tu veux bien, donc, ma très chère petite fille, je continue !...
- Moma, ça veut dire grand-mère, demande naïvement Portia ?
- Ça peut s’entendre ainsi, oui, répond Moma. Mais fondamentalement, c’est un jeu sur Mona et Moma…
Portia la regarde un peu perdue…
- Moma, Portia, enfin, tu sais bien, le musée, à NewYork !....
Le chienchien raboie son grognement.

- Je vous rappelle aussi que nous sommes dans la salle du grand bassin de la piscine. Cinquante mètres de long sur vingt cinq mètres de large. Une large entrée en façade, et en face, au fond, un mur plein. Bijou prévoit des aménagements : une avancée, comme une sorte de coulisse, devant le mur du fond. C’est un élément scénographique essentiel : communiquant avec les espaces latéraux de la salle, il permettra aux personnages d’apparaître comme par enchantement. Une surface de projection est assurée au-dessus de l’avancée. A peu près aux dimensions de la Cène de Léonard. Une descente d’escaliers façon music-hall plongeant dans le bassin : trois volées d’escaliers solidement arrimées donneront accès au fond du bassin aménagé en piste  de danse. Une descente en pente douce en face, côté entrée, pour les « spectateurs », qui seront bien plus que de simples spectateurs, vous allez comprendre, à la fin. Je vous passe les détails techniques ébouriffants concernant les projections, les lumières, le son, et bien sûr les hologrammes.
- C’est complètement baroque, ce machin, s’enflamme Portia !
- Absolument. Mais c’est d’abord complètement fidèle à l’esprit de Léonard immense inventeur et ingénieur de fêtes complètement folles qui défrayaient la chronique de l’époque ! Tout le monde voulait en être ! Et c’est ce qui rapportait le plus à Léonard, exception faite de quelques œuvres achevées. La Cène, notamment qu’on venait admirer de tous les coins d’Italie et même d’Europe ! Vous êtes prêtes ?
- Ouiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!

Bonsoir Isabelle,
un texte d'une énergie incroyable ! de rebondissements en rebondissements , je n'imaginais pas que la traque d'une petite crapule finisse par un hommage actuel au génie italien !! Bravo l'artiste et aux ... "Filles" !

Merci du fond du coeur,Lou ! J'ai mis beaucoup de moi, dans cette facétie! Je crois que le résultat est à la hauteur de mes espérances. Pourtant, je ne savais pas où j'allais, au départ. Je voulais mettre plein de choses de moi, dont ma passion pour Léonard (mais je ne suis pas monomaniaque: j'ai une solide culture artistique qui me fait aimer énormément de choses très variées, parfois même complètement opposées. Mais j'ai longuement étudié Léonard dans ma vie.
La fin de l'histoire arrive. Tout est prêt, mais je vais relire une dernière fois.
Bises,
Isa

…………………………………………………………
20.
- Premier tableau : salle dans le noir, écran bleu, lapis lazuli s’il vous plaît. Apparition d’un rectangle blanc barrant le bas de l’écran. Ce rectangle, c’est bien sûr celui de la table de la Cène. Bon, avant d’aller plus loin, gardez bien en tête la reproduction de la Cène que Bijou a glissée dans ses feuillets. Je vous la pose sur le bureau. Bijou a pris soin de surligner les triangles, là, au centre de la composition, vous voyez ? Des triangles inversés. C’est la pointe de son interprétation de la fresque ! Cela se joue entre la figure du Christ et celle de l’apôtre Jean. Regardez : le Christ est inscrit clairement dans un triangle, pointe vers le haut ; à sa droite, un triangle inversé, pointe vers le bas, dessine l’espacement qui le sépare de saint Jean. Bijou a mené une solide recherche sur ce jeu de triangles. Je crois intéressant de vous en livrer l’essentiel. D’abord, Léonard n’invente pas ce motif pour la Cène. Regardez, une reproduction de la Cène de Ghirlandaio, bien antérieure à celle de Léonard. Vous observez le motif du triangle qui rythme toute la composition, derrière tous les personnages. Et c’est déjà un triangle inversé, pointe en bas, qui se répète entre chaque personnage ! Vous voyez aussi immédiatement que la composition de Ghirlandaio est complètement statique. Comme d’ailleurs quasi toutes les Cène antérieures à Léonard. Un autre artiste, à peu près au même moment que Léonard, Le Pérugin, reprend lui aussi le motif du triangle pour sa Cène, en s’inspirant ouvertement de Ghirlandaio. Mais, observez bien ce que fait Léonard : il sépare le Christ et Saint Jean, là où la plupart des peintres de l’époque représentent Jean « endormi » quasi dans le giron du Christ. Et, du même geste, reprenant lui aussi le motif du triangle inversé, il éloigne Saint Jean…
- Mais pourquoi le triangle, demande Aurélie ?
- Sans doute pour la symbolique du chiffre trois, liée à la trinité. Bon, mais ne nous égarons pas : en éloignant Jean du Christ, Léonard libère l’espace d’une scénographie absolument inédite, intensément dynamique, une véritable chorégraphie, en fait !
- C’est sans doute ce qui a bouleversé les spectateurs de l’époque, fait remarquer Isabelle.
- Revenons à notre premier tableau. Pour la bande son, Bijou prévoit un concert de chants d’oiseaux. Vous connaissez la passion de Léonard pour le vol des oiseaux. Le premier tableau s’achève sur un flash, puis un noir. Tous les tableaux s’achèvent comme cela.
- Histoire d’éblouir les spectateurs, demande ingénument Portia ?
- J’espère que ce ne sera pas le seul motif d’éblouissement, répond Moma Lisa ! Mais en gros, oui, il s’agit de plonger les spectateurs – nous les nommerons ainsi pour simplifier, car en fait, comme je vous le disais il y a un instant, les invités font partie intégrante du projet, c’est ce qu’on appelle « l’art participatif », si vous voulez – dans un noir total, instantané et très bref.
- Dans quel but, demande Isabelle ?
- Pour marquer la coupure et la transition entre les tableaux, et aussi permettre le jeu des apparitions sur la scène !
- Passons à la suite, chère Moma, trépigne Portia, j’ai hâte !
- Deuxième tableau : l’écran a viré au bleu ciel profond. Deux triangles d’un bleu plus clair apparaissent en haut de l’écran et descendent côte à côte lentement vers le rectangle blanc, celui de droite – pour les spectateurs – la pointe vers le haut, celui de gauche, la pointe vers le bas ! Les spectateurs assistent alors au premier dessin « en direct » : des lignes rapides et nerveuses esquissent l’espace d’une salle, la même que celle du réfectoire du couvent Santa Maria delle Grazie à Milan, et s’achèvent sur les trois ouvertures du fond, sans omettre les huit panneaux qui habillent les murs latéraux. La scène commence donc à se préciser. Flash…
- Et noir, ajoute Portia d’une voix forte !
- C’est parfait, je vois que vous suivez bien ! Troisième tableau : l’écran se rallume ; les triangles ont disparu. Le rectangle blanc pivote sur lui-même jusqu’à l’horizontale, restant ainsi suspendu comme le plateau d’une table présentant la tranche aux spectateurs, tandis que le fond bleu vire au blanc, teinté d’un gris léger. Une à une, douze « filles » en robes courtes mais à la coupe ample, les unes ceinturées, les autres boutonnées, d’autres encore croisées ou nouées dans le dos prennent place derrière le plateau et sur le côté, rejointes par un garçon portant une combinaison noire, dos nu, très ample dans les jambes, qui se place décidément le dos face au public. Il dépose en passant un grand plat en métal sur le sol, sous le plateau de la « table ». Une des filles a déposé une radio vintage. Les personnages, le décor, les accessoires évoquent le beau travail photographique de Bettina Rheims sur la Cène de Léonard. Et tout ce monde se met à danser sur place, formant des groupes d’expressions variées. C’est une courte vidéo, un clin d’œil entre Renaissance et modernité, le monde de la mode et celui de l’art. Léonard n’était pas étranger au monde de la mode de l’époque. Rien ne lui était étranger, pour le dire simplement ! La bande son semble sortir de la radio de l’image. La vidéo s’achève ainsi, voyez ces croquis très vivants : le garçon se lève, prend le plat sous le bras, quitte le champ de l’image…dépose le plat sur la scène, au bord de la piscine et sort par la coulisse. Les filles de Bettina quittent aussi l’image en déambulant comme dans un défilé de mode, ce que promouvait en effet la belle photographie de Bettina.
- Flash, noir, lance Flo !

………………………………………………………………….
21.

- Quatrième tableau : fond bleu. Les deux triangles sont réapparus, en haut de l’écran. Le rectangle pivote à nouveau légèrement, selon une perspective un peu étrange. Il est soudainement recouvert d’une nappe. Les éléments du décor de la Cène de Milan prennent ainsi place de plus en plus nettement : la table avec sa nappe blanche aux plis marqués, les trois ouvertures du fond découvrant un paysage baigné de soleil, les panneaux latéraux. Ceux-ci pivotent l’un après l’autre pour exposer et libérer chacun une figure féminine d’un tableau ou d’un dessin de Léonard, toujours interprétée par un travesti. Se succèdent ainsi : la Belle Ferronière, Ginevra Benci, la Dame à l’hermine, Isabelle d’Este, une Vierge d’une Annonciation avec « son » Ange, Sainte Anne et Marie, la Scapigliata, vêtue symboliquement d’une robe translucide de couleur sépia striée de blanc. Depuis le début, tous les personnages, vous voyez, semblent sortir du tableau de la Cène, dans un jeu entre l’écran de projection et la scène réelle de la piscine, brouillant la frontière entre la vidéo et la réalité. Une signature absolue de l’art de Vinci. Chaque apparition est précédée du flash obscurcissant.
- C’est un oxymore, s’émerveille Isabelle. La fusion de deux opposés…
- De la Cène à la scène, ajoute Flo !
- Et la Joconde, demande Aurélie ?
- Là, il faut attendre encore un peu ! Tous ces personnages féminins sortent donc de leurs panneaux, paraissent sur la « scène » formée par le bord du bassin, sous l’écran de projection, se placent sur cette « scène » et entament leur descente des marches des escaliers latéraux en ondulant au rythme de la bande son, vers le fond du bassin, où ils se figent, laissant un espace vide au centre.
Moma Lisa regarde Isabelle :
- « Flash… et noir », déclame celle-ci !
- Cinquième tableau : les apôtres, enfin je voudrais dire les « apôtresses », apparaissent à l’écran par groupes de trois et se placent autour de la table. Ce sont les mêmes actrices de la « photovidéo » de Bettina qui les interprètent. L’homme de Vitruve de Léonard est à l’écran. Dans un flash puissant, un travesti a pris la pose du Christ au milieu des apôtres, vêtu d’une robe rose chatoyante et d’une étole bleu de nuit. Dans un second flash, deux triangles dorés descendent lentement, l’un au centre, semblant se superposer au Christ androgyne, l’autre, inversé, pointe vers le bas, entre le Christ et Saint Jean, vêtu à l’inverse du Christ, d’une robe bleue et d’une étole rose ! Au moment où les deux triangles dorés, qui deviennent de plus en plus transparents, se touchent, un troisième flash allume tout l’espace, la surface de la nappe s’anime comme une vague, une onde, à partir du Christ, à sa droite. La vague traverse le rectangle blanc de la nappe et revient vers le Christ à partir de l’autre extrémité, à gauche du Christ.
Moma Lisa mime le mouvement de va et vient de la vague.
- La vague anime aussi les groupes « d’apôtres » qui dansent d’abord sur place, à l’écran, avant de se lever, de « sortir » de la vidéo sur une rafale de flashs, de gagner les bords du bassin et de descendre se placer sur les marches des escaliers latéraux. A l’écran, le Christ androgyne écarte les bras. Il s’élève au-dessus de la table, s’inscrit exactement dans la silhouette de l’homme de Vitruve qui se met à tournoyer lentement, pour libérer le Christ qui « s’envole » au- dessus du bassin et du public comme dans ce fameux tableau de Dali, avant de disparaître.
- C’est quoi cette histoire de vague, demande Flo ?
- Une superbe hypothèse de Gombrich, un historien de l’art tout à fait passionnant. C’est lui qui a fait le lien entre les recherches de Léonard sur l’eau et la Cène, interprétant le mouvement des apôtres comme celui d’une vague parcourant l’espace de la table d’un bout à l’autre, de gauche à droite et vice versa. C’est lumineux. Mais Bijou est allé plus loin !
- Eh ben, fait Portia !
- Vous n’êtes pas au bout de vos émotions, annonce Moma. Tout ça, c’est de l’illusion, du trompe-l’œil « cinématique » ! Sixième tableau. Récapitulons un instant. A ce point du spectacle, nous avons : sur la piste, au fond du bassin, neuf personnages sortis des tableaux et dessins de Léonard, tous des femmes ; douze apôtres sur les escaliers…
- Tous des femmes, coupe malicieusement Flo !
- A l’écran, la table couverte de sa nappe blanchâtre qui continue à ondoyer légèrement. Le décor du réfectoire, avec ses trois ouvertures du fond. C’est à ce moment que le fameux « hélicoptère » de Léonard « arrive » par la fenêtre centrale du fond et se pose au milieu de la table. Semblant surgir de l’ondulation, les maquettes de quelques machines de Léonard rejoignent l’hélicoptère. Elles embarquent. Dans un vacarme digne de Jimmy Hendrix, « l’hélicologramme » s’élève, « sort » de l’écran, passe au-dessus du bassin et du public, soulevant au passage les robes des danseuses. Flash et noir.
- Impair, passe et manque, ajoute Flo !
- De plus en plus en verve, ma chère Flo, lui lance Moma.
- Passons au septième tableau : le panneau encore inactif du décor, à droite des spectateurs, au bout de la table, pivote à son tour et vient se placer au centre de l’écran. La Joconde apparaît à l’écran…
- Aaahhh, lance Portia, la voilà !
- Ses mains semblent s’ajuster pile poil sur la table, tandis que les éléments du paysage du fond se dessinent sous les yeux du public en continuité du paysage de la Joconde. Le cadre et la vitre protectrice du tableau, comme au Louvre, se mettent en place. Autour du tableau, l’écran noircit, faisant ressortir la douceur des lumières du célèbre portrait. Un filet invisible descend à ce moment du plafond devant l’écran, jusqu’au bord du bassin. Le tableau s’agrandit sur ce nouvel écran gigantesque, jusqu’à atteindre des proportions considérables, un peu à la façon de Chuck Close, ou encore de Ming. Un morphing échevelé décline la Joconde sous les traits successifs de tous les personnages de Vinci, y compris son autoportrait en vieillard barbu.
- « Flashnoir », clament en cœur les filles !
- A l’écran, il reste : la pièce, très assombrie, les trois ouvertures du fond, la nappe blanche, les fantômes des triangles. Huitième tableau : apparition : la Joconde est en haut des marches de l’escalier central. C’est Bijou lui-même qui l’incarne ! Vêtu d’une robe extraordinaire faite d’une multitude de voiles de couleur bistre, bleu, rose tendre, il est coiffé d’une perruque rousse très sombre relevée en lourdes boucles. Une féerie, regardez le dessin ! La bande son commence à monter en puissance. Vous voyez, là, en bas de chaque feuillet, Bijou indique les moments clefs de la bande son. Bijou-Joconde descend les marches en ondulant, ramasse au passage le plat en métal de Bettina et descend jusqu’au fond du bassin. Elle danse avec le plat sur la piste, jusqu’au centre. Les autres personnages commencent à bouger également. Flash !
- Noir c’est noir, chante Flo !
- La tête énorme d’un Saint Jean Baptiste apparaît sur le plat…
- Le fameux hologramme, s’exclame Aurélie. Faites voir les dessins de ce tableau ! C’est le neuvième, n’est-ce pas ?
Moma tend précautionneusement le feuillet aux filles qui se lèvent pour voir ça de plus près. Elles sont sidérées ! Bijou a composé une magnifique tête en démultipliant et en agençant des boucles en triangle et une rivière de perles. Le résultat est tout à fait hors du commun.
- Donc, poursuit Moma, le plat, la tête de Saint Jean Baptiste…Bijou dépose le plat au milieu de la piste et entame une danse des voiles. Il n’est plus seulement Bijou-Joconde, mais également Salomé. Autour d’elle, les vingt et un travestis se déchaînent dans une chorégraphie réglée au cordeau, façon La Cage aux Folles, version de Londres des années quatre-vingt. Vous connaissez, les filles ? Sinon, il faut vite remédier. Il existe des captations vidéo de très bonne facture. C’est une danse des voiles qui s’achève sur …un énorme silence.
- C’est fini, demande Portia ?
- Ben Portia, Moma nous a annoncé douze tableaux ! rétorque Aurélie.
- Je sais, mais je ne compte plus depuis un moment, moi, je suis juste hallucinée par tout ça !
- Il y a encore des surprises, et de taille, enchaîne Moma !
- On veut voir, s’exclament Aurélie et Flo !
- Tableau suivant, le numéro 10 !

……………………………………………………………………….
22.

Moma soulève le feuillet numéro 10. La tête de Saint Jean …explose, libérant un envol formidable d’oiseaux « hologrammiques » qui envahissent le plafond et disparaissent. Immédiatement, les triangles s’allument et scintillent. Un vacarme de plus en plus assourdissant semble provenir du paysage du fond. Et soudain, un torrent, un fleuve, une vague immense…un déluge ! L’écran est « crevé », une tempête soulève les robes des actrices dans le bassin. La vague semble déferler sur elles, laissant un scintillement de milliers de paillettes triangulaires envahir le sol sous leurs pieds. Nouveau silence, et …
- « Flash », explosent en riant en cœur les filles !
Elles enchaînent sur un refrain en litanie : - « la fin, la fin, la fin ! »
- On y arrive, les filles, on y arrive ! Onzième tableau, déclame Moma comme un bateleur de foire. Dans le noir, un léger brouillard bleuté envahit la scène et le bassin. Quelque chose comme le fameux sfumato de Léonard ! Une silhouette en émerge doucement, de dos, sur la scène. On distingue d’abord un grand manteau, des cheveux très longs, tout gris. Le personnage est tourné vers l’écran qui ressemble à un miroir où se reflète …Léonard de Vinci, enfin, son fameux autoportrait, longue chevelure et longue barbe. La silhouette se retourne lentement vers le public, enlève sa longue barbe, laisse tomber le grand manteau et découvre une superbe robe drapée tombant jusqu’au sol.
- Mais, c’est vous, on dirait, sur les dessins, s’écrie Isabelle !
- Oui, c’est moi. L’idée de ce travesti inversé m’a vraiment séduite, répond Moma. Moi qui croyais avoir définitivement passé l’âge de ce genre de fête !
- Il n’y a pas d’âge pour la fête, puisque la vie devrait être une fête perpétuelle, réplique Isabelle !
- Je reprends, continue Moma. Onzième tableau, toujours : à l’écran, le célèbre dessin du fœtus qui se met à tournoyer, de plus en plus vite, formant une spirale façon Anemic Cinéma de Marcel Duchamp. La spirale se fige sur la joconde de Duchamp, L.H.O.O.Q., sa barbichette et ses moustaches. Dernière inversion du travesti ! La bande son scande de plus en plus fort la formule « Veni, vidi, Vinci » jusqu’au cri final de toutes les filles sur scène !

- C’est quoi, le dernier tableau, demandent les filles, en se levant de leurs fauteuils au comble du ravissement ?

- Le bal des travestis, mes jolies, ponctue Moma Lisa en refermant le carton noir ! Tout le monde fait partie de l’œuvre, et l’œuvre n’est que le partage des énergies et de la fuite du temps.

- Hé bé, fait Portia !

- Alors, vous en êtes ?

…………………………………………………………………………………
23.

- Attends, Isa, pas trop vite ! Reviens en arrière…oui, là ! Regarde, c’est nous, là !
- Oui, Portia, c’est nous !
- On n’est pas mal, quand même, dans nos robes !
- Et toi, Isa, en Isabelle d’Este, tu es magnifique !
- Aurélie en Saint Jean n’est pas mal non plus ! Jolie blonde, le Jean, plaisante Flo !
- Et Portia en Sainte Anne, poursuit Isabelle !
- J’imagine que c’était rapport à l’âge, ce choix de Moma, persifle Flo !
- Pas du tout, mauvaise langue, rétorque Portia ! Tu as bien sûr oublié que chez Vinci, Anne semble avoir exactement le même âge que sa fille, Marie !
- En tout cas, tu ne pouvais décemment pas incarner Gabriel, s’esclaffe Flo ! La Marie, elle aurait pris ses jambes à son cou !
- C’est pas bientôt fini ces élégances, mesdames ? On est quand même en compagnie de Léonard, non, intervient Isabelle !
- Oh, il n’était pas en reste, côté plaisanteries et bouffonneries, rétorque Flo, à en croire ce que nous a raconté Bijou !
- Moi, ce que j’aime particulièrement, c’est la séquence sur le casting.
- Ah ouiiii, Aurélie, s’exclame Portia ! Elles sont toutes magnifiques, hein ! Isa, remets-nous un peu de casting !
- Oui, voilà, laisse-moi le temps…on y est !
- Regardez la grande rousse, là…
- Cheveux naturels, elle, Portia, persifle Flo.
- Tu n’en rates pas une, la reprend Isa !
- Oui, elle est splendide, reconnaît Portia. Elle vient d’où encore ?
- Du Doubs, justement, continue Flo.
- Tout doux, les filles, coupe Isabelle. Alors, là, regardez les copines, qui essayent leurs robes pour les apôtres, …
- Somptueuses ! Et quelle chance d’avoir pu occuper cette ancienne friche industrielle pour y installer toute la troupe et tout le bazar, s’écrie Aurélie !
- Juste sur le site des ateliers d’artistes mis à disposition par la ville, continue Flo.
- Artistes qui sont venus nous donner un coup de main une paire de fois, renchérit Portia, bénévolement, s’il vous plaît, mesdames !
- Tradition oblige, Portia : on n’est pas dans la ville du textile et des métiers de la mode pour rien, précise Aurélie !
- On en avait bien besoin, rappelle Isabelle : un peu plus de trois mois, en tout et pour tout, depuis ce fameux jour à la galerie de Moma Lisa, trois mois pour tout mettre en place, tout créer, costumes, décors, logistique, mise en scène, chorégraphies ! Une extraordinaire performance, non ?
- Minutieusement préparée et menée de main de « maître » par Moma et Bijou !
- Accomplie par une armée de petites mains, précise Aurélie.
- Une véritable ruche en ébullition, souligne Flo.
- Une magnifique aventure, s’enflamme Portia, les yeux au ciel !
- Et puis les représentations ! Un mois entier, tous les soirs, à guichet fermé, et en matinée même parfois, pour les jeunes publics, se souvient Aurélie.
- Remets-nous un peu le film, Isa, s’il te plaît ! Encore une fois, je ne m’en lasse pas.
- D’accord, Portia, mais ma tablette va finir par exploser à force de chauffer comme ça ! Et puis j’aimerais bien danser, moi ! Je n’ai pas sorti ma nouvelle robe pour rien !
- Sans parler des godasses, lance Flo ! T’as brûlé tout ton cachet, là, ma chérie !
- Rien à côté du prochain contrat ! Je vous rappelle qu’on enchaîne dans plusieurs villes…
- Le triangle d’or, en somme, s’exclame Flo avec une emphase théâtrale ! Merci, Léonard ! Et je n’oublierai pas madame, enfin, la femme de madame, dit-elle en se tournant vers Aurélie : sans ces fameuses boucles en or et en triangles…! Au fait, miss Aurélie, comment va madame, elle est toujours en colère ?
Les amies rient de bon cœur aux perfidies de Flo.
- Tu ne crois pas si bien dire en parlant de triangle d’or, Flo, reprend Isabelle.
- Alors on va fêter ça, proclame Aurélie. Oh, regardez, la scène du bal, j’adoooore ! Regardez-moi ces robes qui virevoltent ! Et la foule qui se mêle à toute cette joie !
- Léonard aurait adooooré, lui aussi, appuie Isabelle. Et c’est en son honneur, tout ça !
- Bijou nous a fait découvrir magistralement le personnage incroyable qu’il fut, grâce au montage de cette féérie extraordinaire, s’émeut Aurélie.
- Moi, c’est surtout l’idée de Bijou qui m’a impressionnée : elle est allée chercher dans les carnets de Léonard une incroyable phrase, vous vous souvenez, dit Isabelle ?
- Oui, répond Aurélie. Comment ça va encore ? « Vérifie si… » Aidez-moi, les filles, je me noie !
- « Vérifie si un corps triangulaire lancé en eau tranquille produit à la fin une onde formant un cercle parfait », lance Flo !
- Lumineux, sourit Portia, les yeux au ciel ! L’harmonie parfaite : le cercle des disciples, la ronde de l’Eucharistie !
- Hola, Portia, tu frises l’hérésie, tu vas finir au bûcher, lance Flo !
- J’aimerais mieux au buffet !
- Mais on a aussi découvert des romans formidables autour de Léonard, continue Isabelle…
- Sophie Chauveau, Obsession Léonard, qui m’a emballée, la coupe Portia.
- Et celui de Léo Perutz, Le judas de Léonard ? Formidable aussi, ajoute Aurélie.
- C’était grandiose, achève Portia dans un geste de la main.
- La vidéo circule à plein régime sur tous les réseaux, ajoute Flo.
- Oui, mais l’important, c’est de continuer à faire vivre ce spectacle en vrai, dans de vrais sites, pour et avec de vrais gens, insiste Isabelle.
- « De vrais gens » très heureux de faire partie de l’œuvre, renchérit Aurélie.
- Attendez, les filles, j’ai un message de Moma et Bijou, lance Isabelle.
- Fais voir, vite, s’exclame Portia !
- C’est une petite vidéo. Elles sont à Milan ! Je la remets, elles ont enregistré un message, c’est un peu difficile à entendre. Là, ça y est, je monte le volume !

……………………………………………………..
24.

Flo, Portia et Aurélie se sont serrées autour d’Isabelle et de sa tablette. Toutes les quatre sont très excitées par ce qu’elles voient à l’écran : assises à une table, dans un café de Milan, un peu à l’écart, Moma Lisa et Bijou, leur envoient un message.
- Regardez-moi comme elles sont belles, ne peut s’empêcher de commenter Portia ! Où est-ce qu’elles ont encore dégotté leurs robes ! En plein hiver, de la couleur, de l’ampleur. Mon Dieu, il me faut l’adresse !
- Tu sais Portia, répond Isabelle, Milan, c’est un haut lieu de la mode ! Elles ont fait les boutiques, c’est sûr.
- Moi ce que je veux savoir, c’est ce qu’elles font à Milan, alors que le spectacle tourne ici, dit Flo !
- Si vous vous taisiez un peu, nous pourrions entendre ce qu’elles nous disent ! Allez, troisième service ! Je remets la bande, mais cette fois, tenez vos langues, bande de pipelettes !
- Promis, Isa, on est comme des tombes, assure Portia.
- A défaut d’être des bombes …
- Flo, s’exclament en chœur les trois amies !
- Allez, c’est reparti, on regarde, on écoute…
- « Salut les filles ! Bijou et moi sommes à Milan, à Milan, vous vous rendez compte ! Nous avons revu la Cène et plein d’autres choses. On a une grande nouvelle : le spectacle est attendu à Milan au printemps prochain !
Bijou se penche sur Moma Lisa, bien en face de l’écran :
- « On a le contrat ! On vous en parle au retour ! C’est génial, ici ! Regardez ma robe ! La classe, les italiens ! »
- Moma Lisa tourne sa tablette vers elle et reprend la parole : « - On doit vous laisser, les filles ! On rentre dans deux jours. On vous embrasse ! »
Les yeux rivés à l’écran de la tablette, Isa, Flo, Portia et Aurélie n’en reviennent pas.
Puis, en crescendo, elles poussent ensemble un cri d’allégresse qui monte dans les aigus à toute vitesse. Elles s’embrassent, se frottent mutuellement le dos et les bras.
Au même moment, un brouhaha infernal arrive du vestibule. Comme entraînée dans une vague, une troupe de filles fend la foule des danseurs et danseuses, dans un vacarme de talons, cris de joie, embrassades. La sono s’est brusquement interrompue. Tout le monde assiste à la scène. La troupe a repéré les quatre amies, debout derrière leur table, bouches bée, sourires jusqu’aux oreilles. Dans des robes et des toilettes de soirée somptueuses, les filles de la troupe se rapprochent.
- Mais, c’est notre bande, c’est notre troupe, toutes les copines, au complet, s’écrie Portia, qui, n’y tenant plus saute au milieu des nouvelles arrivantes !
- Un peu de calme, un peu de calme, les filles, s’époumone Isabelle ! J’ai une grande nouvelle.

Le silence se fait peu à peu. Un attroupement de grandes robes, de jupons, de jupes en tous genres entoure la table d’Isabelle qui tient sa tablette dans les mains.
- Parle, vite, demande Lili, alias l’apôtre Philippe dans le spectacle. On est pendues à tes lèvres, Isa !
- Eh bien voilà : nous venons de recevoir un message par vidéo de Moma Lisa et Bijou. Elles sont à Milan. Et devinez quoi ! …On y va !!!!
- Quoi, demande Maria-Magdalena, une belle brune aux traits fins, au cheveux ondulés très longs : tu veux dire que …
- Oui, l’interrompt Portia au comble de l’excitation : on y va, on va donner le spectacle …à MILAN !
Une immense clameur retentit dans toute la salle. Les filles de la troupe s’embrassent, embrassent les danseurs et danseuses, sautent de joie. Lili conduit une farandole endiablée à travers la piste.
- Musique, per favore, lance-t-elle à pleine voix, accompagnée de celle de Portia, tonitruante, qui l’enlace et la fait virevolter autour d’elle !
Aurélie est déjà au milieu de la troupe. Flo et Isa sont encore en arrière. Isabelle s’apprête à fermer sa tablette, quand soudain, par une erreur de manipulation, une image inattendue apparaît à l’écran. Isabelle se fige.
- Regarde, Flo !
- Quoi, qu’y a-t-il ? Tu voulais danser, ça commence à chauffer, là, on y va !
- Oui, mais regarde : c’est le tableau de Monet, Femmes au jardin !
- Connaîs pas. Mais c’est très beau. Bon, et alors, demande Flo en regardant Isabelle avec un petit sourire entendu ?
- Eh bien, elles sont quatre, non, tu vois ?
- Oui, je vois.
Les yeux d’Isabelle brillent d’un éclat particulier.
- Figure-toi, Flo, que c’est la reproduction en couleur de ce tableau qui ornait un mur de l’école de mon enfance. Je la regardais toujours avec émotion et tendresse. J’aurais tant voulu être l’une de ces femmes, celle de droite là, dans sa robe magnifique.
- Je te vois venir, toi, déclare Flo en entourant la taille d’Isabelle !
- Oui, tu m’as comprise : après Vinci, Monet, autour de ce tableau, autour de toutes les femmes liées à l’impressionnisme, peut-être, à commencer par Berthe Morisot …autour de toutes les femmes peintres, de toutes les femmes qui ont fait la peinture…
- Alors, s’écrie Portia, là-bas, au centre de la piste remplie à craquer, qu’est-ce que vous manigancez toutes les deux ! Vous arrivez, oui, on n’attend plus que vous pour relancer la sono et le bal !
Isabelle éteint sa tablette et la range dans son sac. Elle regarde Flo bien dans les yeux, lui fait signe d’un doigt sur la bouche de garder le silence. Elles sourient toutes les deux, se prennent par la main et rejoignent la foule au moment où celle-ci fait éclater d’une seule voix formidable le titre du spectacle imaginé par Bijou, « Veni, vidi, Vinciiii ! ».


Isabelle 2019 - 2021

Voili voilou !
Merci à Agora d'avoir accueilli cette friandise !
Je me tiens à la disposition de toutes les lectrices (et lecteurs...!) pour toute demande de précision sur les ingrédients cachés, cryptés, secrets, utilisés dans la recette , que ce soit en histoire de l'art, à propos de l'approche particulière de la Cène de Léonard proposée ici très sérieusement et de façon à ma connaissance inédite, ou toute autre dimension de ce petit roman très personnel (au sens où j'y ai mis du mien, beaucoup !!!) !
Bien à vous, et en ne précisant pas, cela va de soi, que toute reproduction etc...
Je vous embrasse,
Isa

p.s.: suivent encore deux petits messages...

Aura d’Agora.

Agora arobaptise aux aromates d’Amora.
Acrobatiques corps à corps aux barreaux du bar Amon-Ra à Argos ?
Art à gogo à l’Arago ? Ou ragots d’escargot en argot, au raz du garrot trop gras ?
Ah ! Cora, gaga d’Agora, gara sa car rose sur l’agora.
Alors gare à Argos ! Gare aux mots égarés à l’aurore auréolée d’aura, car Cora aura Dada au corps !
Agora adora.

Isa 2021
Hommage Dada à Agora

...et enfin, pour Béatrice , ma bienfaitrice (je rime tout au long du jour!!):
pour un rendu "parfait", pourrais-tu modifier le nom de la boîte:
au lieu de Grazio-so, écrire l'Arago ? cela se passe aux chap suivants: 3 , 7 (deux fois !), 13 et 17.
et une coquille au chap 19, à la fin: corriger l'accent sur la Cène !!!!

merci Béa !
Bises et bonne lecture !!
Isa

Isabelle Andreeff a écrit:...et enfin, pour Béatrice , ma bienfaitrice (je rime tout au long du jour!!):
pour un rendu "parfait", pourrais-tu modifier le nom de la boîte:
au lieu de Grazio-so, écrire l'Arago ? cela se passe aux chap suivants: 3 , 7 (deux fois !), 13 et 17.
et une coquille au chap 19, à la fin: corriger l'accent sur la Cène !!!!

merci Béa !
Bises et bonne lecture !!
Isa

c est fait

Eh bien je persiste: je suis ébahie par l'invention, les rebondissements, la richesse, la jonglerie avec les détails hétéroclites qui s'assemblent pour former un tout cohérent, etc... Bravo ! Je crois que je n'ai pas fini de lire et relire tout ça à tête reposée pour être sûre de n'être pas passée à côté de certaines choses.

Merci Béa, merci Michelle-Anne !!
bises, Isa

Je crois que je vais relire moi aussi, ou plutôt, tenter de lire "à neuf" ! J'ai l'impression qu'il y a des choses que je n'ai pas remarquées qui se sont glisser dans cette histoire, dans cette écriture, en catimini ! Toujours comme ça quand l'intensité de la plongée est totale ! Et ça, ça me plaît!
Vraiment ravie de voir que ça vous plaît, à vous aussi !