Moma Lisa

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10.
Les filles ont monté un plan en accord avec Vanilla : si son poursuiveur reparaît dans les parages de son immeuble et qu’il y entre, celle qui est en poste de guet la prévient de suite et entre dans l’immeuble prête à intervenir.
- Au XVIIème siècle, du temps de la police du roi Louis XIII, on appelait cela une souricière, avait dit Aurélie.
- Ne mets pas tes jolis doigts dedans, ma chérie, sinon, plus de collier, plus de boucles, et pour finir, plus de bague ni de doigts non plus, lance Flo !
- Il reste les bracelets, s’esclaffe Portia !
- Et les piercings, ajoute Flo !
- Arrêtez de la chambrer, vous deux !
On s’était quittées sur ces escarmouches à fleurets ouverts.
Lundi matin. Tout le monde est en place. Portia a pris le quart devant l’immeuble de Vanilla, dans un petit café d’où elle peut observer toute la rue. Le téléphone d’Isabelle vibre.
- Allo, Isa, c’est Portia . Le brun ténébreux rôde. Je l’ai à l’œil. Ça y est, il sonne un peu partout. J’appelle Vanilla et je me lance.
- Sois prudente !
La porte cochère s’est ouverte. Portia ajuste son sac sur l’épaule et traverse la chaussée. Il fait très frais, ce matin. Elle sonne chez Vanilla et entre. Dans le hall, le brun ténébreux fait face aux boîtes aux lettres. Il cherche visiblement un nom. Portia passe derrière lui, tenant ostensiblement son téléphone à la main, en pleine conversation.
- Bonjour, monsieur, lance-t-elle en passant. Ecoute, ma chérie, ne te tracasse pas, ton patron - oui, enfin, ta patronne, si tu préfères – comprend tout à fait la situation. Tu n’es pas obligée d’aller travailler ce soir. Bon, là, je suis en bas, je monte, et on en reparle.
- …
- L’ascenseur est encore en panne ! Pas grave, ça ne fait que trois étages à grimper.
- …
- A gauche ou à droite ?
- ….
- A gauche ? Bien, à tout de suite !

……………………………….
11.

Vanilla et Portia sont assises dans la petite cuisine. Portia s’est défaite de son long trench brun ; elle a posé sur une chaise son sac à main et un ravissant bonnet orange qui lui couvrait les cheveux qu’elle a remontés et serrés dans une pince. Elle porte une jupe plissée beige, un chandail orange très près du corps, et un foulard fleuri dans des tons oranges, des bottines à talons et lacets. Vanilla est en jeans et pull-over roses, sans maquillage ni perruque. Elles parlent peu. Elles écoutent.
- Ça me fait drôle de te voir comme ça…
- Chut, répond Vanilla, écoute, tu as entendu ?
- Non, quoi ?
- Ça venait de l’entrée…
- Ne bouge pas, je vais voir.
Portia revient très rapidement.
- C’est un pli, glissé sous la porte. Ça a marché, il a mordu !
- Ouvre vite, Portia !
- C’est fait à l’ancienne, regarde, dit Portia : des lettres découpées.
Debout dans la cuisine, côte à côte, Portia et Vanilla lisent à voix hautes :
« Une petite récompense si vous me rapportez mon téléphone. De gros ennuis dans le K contraire. Rdv place de la Parfaite Harmonie, ce soir, 21H »
- Ça se précise, Vanilla. J’appelle les copines, elles nous rejoignent, et « on avise », comme dit Isabelle, la très avisée!

Help ! Encore un problème: le chap 10 et le chap 11 sont intervertis !!!
Je suis vraiment désolée, Béa...
Bon, j'en reste là pour aujourd'hui avec le feuilleton !

J'aime bien, c'est très vivant, léger, dynamique... Ca me fait penser à cette série dont les plus vieilles d'entre nous se souviendront peut-être, parue dans le journal Tintin des années 70 sous les plumes de Greg au scénario et de Aidans au dessin: "les panthères", un groupe de jeunes femmes (superbement dessinées) résolvant des énigmes avec charme et bonne humeur.

Et la suite ?

Bonsoir, Michele-Anne!
Merci pour ton message !
Et puisque le balcon, le parterre et la galerie réclament à tue-tête "la suite", je vais m'exécuter de ce pas en donnant encore un petit chapitre des aventures des "mousquetairines" !!!
Bien à toi, Isabelle

……………………………….
12.
- Quel bel homme tu ferais, Portia !
- Cela suffit, Flo ! Je n’ai jamais été aussi mal qu’aujourd’hui…
- Mâle ? Tu n’es pas en train de virer, des fois ? Et cette moustache, ça te donne un genre !
- Arrête ou je vous plante là toutes les deux !
- Mais regarde Isa, elle ne se plaint pas, elle !
- J’ai promis à Aurélie…
- Oui, mais en plus, ça lui va bien le pantalon, à elle, lance Portia !
- Et la casquette ! Vous êtes craquants, les mecs avec vos casquettes ! Arrête de m’écraser le bras avec ton coude, Portia !
- Taisez-vous un peu toutes les deux, vous allez nous faire repérer. On va au bout des arcades, on se sépare, Portia et toi, Flo, d’un côté, et moi de l’autre ; puis on se poste comme convenu, aux coins des ruelles qui débouchent sur la place. Dès que Vanilla arrive, on redouble de vigilance. On doit intervenir très rapidement.
- Et s’il est armé ? C’est trop dangereux, dit Flo.
- On n’a pas le choix. Ton ancien collègue n’a rien pu tirer du téléphone de notre homme. Je ne vois pas comment faire autrement.
- Une filature en voiture, non ?
- Risquée ! Et puis même si on le loge, on n’a pas son nom, son téléphone est resté complètement muet. On perdrait du temps à l’attendre dans son immeuble. Il faut agir ce soir.
- Et s’il se débat, continue Flo ?
- Pas de risque avec moi,Flo, rétorque Portia avec autorité. Isabelle a raison, il faut coincer ce type maintenant. Je suis toute émoustillée par l’aventure, moi ! S’il bronche, il trouvera à qui parler ! On a loué une voiture jusqu’à demain, mardi. On doit avoir nos informations cette nuit. Le vieux browning de maman sera convaincant, autant que ma grosse voix, et ma moustache.
- Mais quand même, nous faire passer pour des policiers !
- Tu vois une autre solution pour le contraindre à parler ? J’ai retrouvé la carte professionnelle de mon ex, barrée bleublancrouge par l’éducation nationale. Elle était inspectrice, ça ne s’invente pas, non ? Elle devrait faire l’affaire, le type n’ira pas regarder les détails.
- Silence, les filles. Il est bientôt l’heure. En place.
Flo trotte au bras de Portia ; toutes deux disparaissent dans la nuit. Isa se poste à son angle de rue.
Vanilla paraît au bout de la place triangulaire. Elle est en tenue de travail. Elle avance lentement dans l’allée de la Parfaite Harmonie. Une silhouette surgit de l’ombre d’une arcade et marche résolument vers elle. Le visage est dissimulé sous une capuche et un cache-nez. Vanilla est inquiète, mais il est trop tard pour reculer.
- Tu es seule, tu as mon téléphone ? Donne !
La voix est sèche. Vanilla est agrippée au bras droit et serrée au corps par l’individu ; se dégageant résolument de l’emprise, elle sort promptement sa main gauche de la poche de son manteau et propulse un nuage de gaz au visage de son agresseur qui lâche prise en portant les mains à ses yeux. Flo, Isabelle et Portia sont immédiatement sur lui.
- Tu me le paieras, pauvre folle, lance l’agresseur.
- Du calme, jeune homme, intervient Portia.
- Lâchez-moi, vous êtes qui ?
- Police, lance Portia, en exhibant rapidement la fausse carte. Tu nous suis, sans faire d’histoires. Si tu tentes quoique ce soit, je te loge une bastos dans le mollet !
Les quatre amies embarquent l’agresseur dans leur véhicule de location garé à quelques pas de la place. Elles ne rencontrent aucune résistance, l’individu est bien trop occupé à récupérer la vue, coincé à l’arrière entre Portia et Flo.
- Bon, on gagne du temps, tu as tes papiers, demande Portia ?
- Dans mon blouson.
Portia plonge la main dans la poche intérieure du blouson à capuche et en sort un portefeuille.
- On va où ?
- C’est moi qui pose les questions.
- On va où, j’vois presque rien !
- Tu le sauras assez tôt. Mais rassure-toi, tu es en de bonnes mains. On t’emmène dans une annexe du commissariat. On a juste quelques questions à te poser.
- Et après ? Je n’ai rien fait ! Vous n’avez pas le droit !
- Tu vois la jeune femme, là, devant, elle a déjà porté plainte contre toi pour coups et blessures…elle rajoutera tentative d’agression. Je te conseille de faire profil bas.
- Elle m’a piqué mon téléphone !
- On verra cela devant le juge. Maintenant, boucle-la, on arrive. Bouge plus !
D’un geste impérieux, Portia abaisse la capuche sur le visage de l’agresseur en appuyant fortement le canon du browning dans ses côtes.

C'est vraiment le bazar cette publication, j'en ai les larmes aux yeux ! ça me rend folle !!!
Bon, il y a deux chapitres 9 .... apparemment, et ce sont les mêmes (même pas fait exprès pour brouiller les pistes!)
Help !!

Isa en détresse !!

Isabelle Andreeff a écrit:C'est vraiment le bazar cette publication, j'en ai les larmes aux yeux ! ça me rend folle !!!
Bon, il y a deux chapitres 9 .... apparemment, et ce sont les mêmes (même pas fait exprès pour brouiller les pistes!)
Help !!

Isa en détresse !!

J'ai supprimé un des deux chapitre 9 ;)

Merciiii !!!

Isabelle Andreeff a écrit:Merci, Béa ! Tu me sauves plus que la face ! La pile de fragments aussi !!!

de rien c est un plaisir

Isabelle Andreeff a écrit:Bonjour!
Béa, si tu as le temps, voudras-tu bien encore corriger le passage du dialogue au chap 6, à la fin, que je t'ai signalé dans un précédent message ,:
-On va régler tout ça entre nous, poursuit Isabelle ! ...c'est la phrase correcte ! Désolée de te mettre ainsi à contribution! C'est mon côté perfectionniste! Et un grand merci.
Je ne suis pas certaine de rencontrer un grand succès avec cette publication !!! Je continue quand même. Les copines veulent peut-être attendre la fin de l'histoire pour "réagir" ! à plus !

oui j ai eu le temps
et c est fait aussi

ne te soucie pas des réactions des copines  quelque fois un peu egoiste et fait ton chemin parmi nous

Isabelle Andreeff a écrit:Help ! Encore un problème: le chap 10 et le chap 11 sont intervertis !!!
Je suis vraiment désolée, Béa...
Bon, j'en reste là pour aujourd'hui avec le feuilleton !

a ben c est fait aussi

Michele-Anne a écrit:J'aime bien, c'est très vivant, léger, dynamique... Ca me fait penser à cette série dont les plus vieilles d'entre nous se souviendront peut-être, parue dans le journal Tintin des années 70 sous les plumes de Greg au scénario et de Aidans au dessin: "les panthères", un groupe de jeunes femmes (superbement dessinées) résolvant des énigmes avec charme et bonne humeur.

Et la suite ?

un avis que je partage totalement ...

ne te decourage pas de l'indifference des autres

c est un lieu commun de bien des espaces virtuels

Hello Isabelle,
comme je lis la totalité du roman ce soir ,je n'ai pas de mal à suivre les épisodes qui s’enchainent dans l'ordre (et la discipline! ) , c'est très vivant et plein de tonus , je verrai bien une illustration par un dessinateur de BD, MA parle de dessin des années soixante dix ,cela me parle vaguement , ahhh... souvenir,souvenir ...J'ai lu d'un trait et franchement bravo pour la mise en scène !! et merci au "correctrices et réorganisatrices " de chapitre !! Bise et bonne soirée .

Vraiment sympa à lire, ma première impression se confirme, merci aussi aux spécialistes de la haute voltige et à leurs rétablissements, je ne peux m'empecher d'imaginer Bea et MA en train de voltiger gracieusement avec leurs tutus de page en page, ça rajoute une belle illustration en filigranne que je trouve en magnifique harmonie avec le texte, mon côté pouët à moi . . . canard WC, non mais . . .    

Quoique quelques dessins d'Isa en filigranne iraient bien aussi . . . peut etre une idée à creuser pour tes futures publications ?

Par contre quel débit, je n'étais pas habituée . . . ça va me forcer à etre sérieuse dans mes lectures, j'avais fini par prendre de mauvaises habitudes

Mais change rien surtout ! je fais une petite priére à la santé de ta connection internet, pas le moment qu'elle nous lache  . . .

 

Merciiii !
Vous me donnez une de ces pêches !
Je vous embrasse bien fort !
Et hop la, comme on dit en Alsace: quelques chapitres en plus pour la route !
Tschuss !

……………………………………………
13.
Bien ligoté sur une chaise au milieu d’une pièce meublée d’un vieux canapé et d’une penderie, éclairée par une simple suspension, l’agresseur recouvre peu à peu l’usage de ses yeux.
- On est où,là ? Vous n’êtes pas de la police ! Vous êtes qui ?
- Boucle-la, tonne Portia, qui observe la carte d’identité du prisonnier. Monsieur… Caprotti, ta situation est un peu inconfortable.
- Qu’est-ce que vous voulez ?
- Tu vas le savoir rapidement, répond Flo. Mais si tu ne coopères pas, tu vas moisir ici un petit moment avant que la police s’intéresse à toi de près.
- Elle a rien dit, la pouf là ! Les trav, je connais, y vont pas aux flics.
- Tu peux toujours prendre le risque. Tu es dans de sales draps. Alors voilà : tu nous dis pour qui tu bosses. On a une affaire à régler avec ta hiérarchie.
- J’ai pas de chef !
- Tutututu, nous prends pas pour des caves ! Ton téléphone est resté muet, certes, même pour les doigts experts d’une collègue à nous, mais on pense que tu as passé un appel juste avant d’entrer dans l'Arago. C’était pour prévenir à la maison que tu rentrais tard ?
- Pourquoi vous ne passez pas par la police tout de suite ? Vous ne pouvez rien contre moi !
- T’occupe, secret défense. Nous, on te garde au frais tant que tu n’auras pas causé.
- J’dirai rien !
Sans un mot, Flo gagne la penderie d’où elle rapporte une robe un peu défraîchie plutôt terriblement vintage et extravagante.
- Tu vois, ça, on a la panoplie complète, pour toi. C’est à vue de nez ta taille, un rien plus grand. On va t’habiller comme ça. Rassure-toi, ce n’est plus tout neuf, mais ça présente encore pas trop mal. Une copine a vidé son dressing récemment, dit-elle en adressant un regard complice à mister Portia. A chaque refus de ta part, on retire une pièce de tes fringues qu’on remplace par ces ravissants effets. En plus, on videra le contenu de ce flacon de vieux parfum sur ton joli corsage, comme ça, tu passeras vraiment inaperçu. Bon, d’abord, Caprotti, c’est ton vrai nom ? Et l’adresse, toujours la bonne ? Réfléchis bien, et vite, je commence par le blouson. Portia, détache-le et tiens-le à l’œil avec ton browning.
- Regarde-moi ça, elle lui ira comme un gant, cette petite robe, dit Portia en s’approchant de la chaise.
- Vous pouvez pas me forcer à enfiler ça…
Portia bascule la chaise d’un geste impérieux et maintient fermement les jambes de son prisonnier.
- Enlevez les pompes, et les chaussettes. Il commence à me fatiguer, celui-là. On va accélérer le processus de transformation. Et le pantalon aussi, pendant que vous y serez, on n’a pas que ça à faire !
- C’est bon, ça va, ça va…
- J’écoute, dit Flo.
- Elle s’appelle Moma Lisa. Enfin, je ne la connais que sous ce nom-là.
Les filles se regardent avec étonnement.
- Et on la trouve où, cette Moma Lisa là, demande Isabelle ?
- Rue de l’Arsenal. Elle tient une galerie d’art, au 66.
- Ensuite ?
- Je travaille pour elle. Enfin, je devais travailler pour elle, vous avez tout fichu par terre.
- On te plaindra quand on aura le temps ! Avance, commande Portia.
- Je repère et j’« embarque » les bijoux, uniquement en or.
- Au risque de blesser ta victime, remarque Isabelle. Bon, tu es spécialisé dans les boîtes gays et les cabarets ?
- Non, pas vraiment, en réalité ; c’est mon regard d’expert et surtout mon flair qui me servent de CV : je renifle l’or à trois années lumières. C’est pour ça que Moma m’a embauché.
- Depuis quand ?
- J’ai commencé ce samedi, en fait.
- Beau début, ricane Flo.
- Vous pouvez me redresser, j’ai la tête qui bourdonne !
- Finis d’abord de déballer, répond Portia.

………………………………………..
14.
Vanilla est rentrée chez elle. Rapidement rejointe par Aurélie, la petite bande, Portia et Isa toujours travesties en hommes, tient conseil chez Flo qui a enlevé sa perruque mi-longue et relâché ses cheveux.
- Isa, tu crois vraiment qu’il ne parlera pas ?
- J’en suis certaine, Flo. Marre de ce pantalon, et j’ai mal aux pieds sans mes talons !
- Quand tout sera fini, je t’emmène en boutique et je t’offre une nouvelle paire de talons pour aller avec ta robe à fleurs, c’est promis, dit Aurélie en embrassant Isabelle.
- Tu as raison, il ne parlera pas, enchaîne Flo, c’est sûr.
- Mais s’il nous a baladées, s’inquiète Aurélie !
- Je ne le pense pas, insiste Isabelle. Il a trop à perdre à mon avis. Voici comment je vois la situation : il n’a rien dit de l’incident du téléphone, et je suis certaine qu’il a déjà effectué la livraison. Du coup, Moma Lisa ne sait rien de l’affaire, c’est un atout dans notre jeu.
- Et s’il la prévient ?
- Encore une fois, Aurélie, je ne le crois pas : il a déjà touché l’argent de son larcin et à cette heure, il fait tout pour disparaître sans éveiller le moindre soupçon. Nous, on a en main les cartes suivantes : le nom et l’adresse de notre voleur, et le nom et l’adresse de sa commanditaire.
- Et si ses papiers sont des faux ?
- On prend le risque. Pas le temps de vérifier. On connaît l’adresse et le nom de guerre de la commanditaire.
- Elle travaille peut-être pour quelqu’un d’autre, elle aussi !
- Pas le temps d’approfondir, on est déjà mardi, intervient Portia.
- Tu n’es plus obligée de grogner dans ta moustache, Portia, lui lance Flo avec un bon coup de coude dans les côtes ! C’est dingue, notre Portia a l’air de s’y croire sous son travestissement ! Au secours, rendez-la nous ! Où té Portia, outé ?
- Bon, on se calme, les filles ! Continue, Isa, intervient Aurélie.
- Une chance que la bande opère dans notre ville. On verra s’il faut voyager pour résoudre tout ça. On doit aller très vite, en tout cas. J’ai un plan.
- Décidément, une vraie d’Artagnan, notre Isabelle, s’exclame Portia !
- …Gnan-gnan, chantonne Flo !

…………………………………
15.

A la première heure, la bande est postée en face de la galerie.
Toujours moustachue, Portia a poussé le luxe jusqu’à poser une perruque ultra courte sur sa chevelure et des favoris. Flo est en jupe, bottines à talons, manteau de pluie noir, perruque noire bouclée très longue et lunettes « d’approche » a-t-elle précisé, « avec laser intégré façon mission impossible » ! Isa est en homme, casquette bien enfoncée sur le crâne. Aurélie porte un manteau trois quart d’un beau gris souris – « Normal pour une spécialiste des souricières qui veut passer inaperçue, a lancé Portia ! » - sur une longue jupe porte-feuille plissée – « Isa nous a converties à la mode du jour, s’est-elle défendue ! » -, un pull rose tendre, le tout surmonté d’un large col cheminée assorti. Elle a changé également de perruque. Elles ont pris un bon petit déjeuner chez Paul – « Plus de place chez Pierre, ni chez Jacques, a plaisanté Flo ! » -. Portia serre son browning dans la poche de son pardessus – « Puisque je te dis qu’il est chargé à blanc, Aurélie, a-t-elle répété vingt fois ! » - Elles remontent la rue de l’Arsenal.
- Il est neuf heure passées. La galerie ouvre à neuf heures. Personne en vue, dit Isa.
- Attends, regarde, ça s’allume chuchote Flo.
- C’est un type qui ouvre, répond Aurélie !
- Le mari ? demande Portia, ou un gérant, ça se complique !
- A moins que, glisse Isabelle avec un petit sourire entendu.
- Non, tu crois ? Après tout, pourquoi pas, ça ne m’étonnerait pas du tout, avance Flo.
- Bon, on doit avoir l’air de deux couples de touristes. On y va.
Un homme d’une cinquantaine d’années, de taille moyenne, le crâne chauve, le visage d’un ovale parfait, portant des lunettes à grosse monture noire sort de derrière une épaisse tenture et rejoint les quatre amies qui font mine d’observer les œuvres exposées.
- Bonjour, ces messieurs dames. Je peux vous renseigner ?
- Je l’espère, répond Portia d’une voix profonde.
- A votre disposition, monsieur.
- Vous êtes le propriétaire de cette charmante galerie ?
- Pour vous servir. Là, en ce moment, vous voyez un échantillon de mon stock, entre deux expositions thématiques.
- Très varié, répond Portia.
- Vous êtes amateur, collectionneur ?
- De passage. Nous visitons votre ville et nous aimons nous tenir un peu au fait de la création contemporaine.
- Vous recherchez des choses particulières ?
- En ce moment, oui, particulièrement. Portia a insisté sur l’adverbe.
- Avez-vous les références, ou un catalogue concernant ce tableau, demande Aurélie, en pointant du doigt une toile de grand format ?
- Oui, madame. Je vous cherche ça dans la bibliothèque. Je vous demande un instant.
- Géniale, ton intervention, Aurélie, murmure Isa. C’est le moment. Le bonhomme est derrière sa tenture à la Vermeer. Aurélie, ferme la porte au verrou et pose l’écriteau. N’oublie pas d’éteindre les lumières ! A toi de jouer, Portia. Vous avez remarqué, ajoute-t-elle à voix basse, il n’a pas de sourcils ! Comme la Joconde … si on en croit toutefois Roger Caillois !

J'adore, de l'action, du suspense, de l'humour et un style facile à lire.
Il me tarde de connaitre la suite de cette histoire ou, la féminité à une grande importance, ainsi que la description des tenues de ces dames.
De gros bisous tardifs.  

Merciii Annabelle!
La suite arrive. J'ai longtemps hésité à publier la scène ultra violente de la torture !!! Bon, apparemment, ça passe bien !
Je vous conduis toutes là où vous ne vous attendez peut-être pas à arriver !
Pour ce qui est d'illustrer ce récit, je ne m'en sens pas capable actuellement ! Mais peut-être que je tiens là un bon petit scénario de film (genre moyen-métrage) ! Je réclame le premier rôle, cela va de soi !!!
Bises, Isabelle

……………………………………………………..
16.

- Qu’est-ce que vous me voulez ? Si c’est un hold-up, vous tombez mal, je n’ai pas d’argent dans ma boutique.
- Taisez-vous, Moma Lisa ! Car c’est bien ainsi que vous vous faites appeler, n’est-ce pas ?
Portia appuie nettement sa question en pointant son browning sur le galeriste enfoui maintenant dans un gros fauteuil fatigué et retenant au collier un gros chien tout droit sorti des Ménines de Vélasquez.
- Pas très impressionnant, votre joujou !
- Assez pour vous faire passer l’envie de faire de la résistance, papy !
- Bon, parlons peu, parlons bien. Nous sommes très, très, très pressés, enchaîne Isa. Nous savons que vous trafiquez dans le bijou volé. En or…
- D’où tenez-vous ça ? C’est cet idiot de Caprotti qui a vendu la mèche ? J’aurais dû m’en douter, il ne m’avait pas vraiment inspiré confiance. Vous avez fait comment ?
- Peu importe, coupe Isa. Nous le savons. Et tenez bien en respect votre toutou à côté de vous, ou nous vous le « jeffkoonisons » en un rien de temps ! Nous, nous sommes là pour récupérer une parure, collier et boucles, des triangles en or, vous voyez de quoi je parle ?
- Et si je ne veux rien vous dire, vous allez faire quoi ?
- Vous momifier et vous transformer en statue, lance Portia !
- Déjà vu, madame, rétorque Moma ! C’est du Chabrol !
- Pourquoi « madame », demande Portia de sa plus grosse voix ?
- Vous fatiguez pas, les filles. J’vous sens à vingt bornes, on est de la même famille !
- On peut être sérieuses deux secondes, tranche Isa ?
- Celle-là, elle en a, insiste Moma ! Elle sait parler aux hommes !
Les filles ne peuvent s’empêcher d’étouffer un gros éclat de rire.
- C’est quoi votre trafic, se reprend Isabelle ?
- Les boîtes de « folles ».
- Précisez…
- J’ai embauché un petit gars qui devait tourner en repérage. Il a l’œil et le flair. Il m’a été recommandé, mais visiblement, à la première affaire, il fait tout capoter, le Caprotti !
- On le connaît. Pourquoi les boîtes de « folles », comme vous dites ?
- Parce que généralement, elles n’osent pas porter plainte. Comme vous d’ailleurs, non ?
- Qu’est-ce qui vous dit que nous n’allons pas le faire ? Ou même que nous ne l’avons pas déjà fait ?
- J’vous connais toutes, comme si je vous avais faites !
- Bon, maman, abrège et accouche, insiste Isa. Le butin, il est où ?
- Alors là, mes chéries, c’est un grand secret…d’artiste !
- Tu déballes ou on finit par inviter les officiels.
Moma hésite encore un moment, puis elle se décide à parler.
- Bon, je vois bien que je suis refaite…
- Entièrement, demande Flo avec un sourire ironique ?
- Vous me plaisez ! Dommage que nous ne fassions pas équipe !
- Ce n’est pas exclu, glisse Aurélie, silencieuse jusque-là.
Les copines la regardent, un peu médusées.
- Perdue pour perdue, suivez-moi, ponctue Moma Lisa. Mon atelier est au fond de la cour.

……………………………………………………………….
17.

- Voilà, c’est ma caverne d’Ali Baba !
- C’est le cas de le dire, s’exclame Portia, ça me laisse baba !
Des tableaux, des photographies, des sculptures, des objets, des cartons, des cadres, partout autour d’un unique bureau massif voisinant avec des piles de livres.
- Ça marche, les affaires, demande Aurélie tout en fouillant un peu du regard dans tous les coins ?
- Venons-en au fait, coupe Isabelle.
- Là, sur le bureau, répond Moma Lisa. Dans l’enveloppe brune.
Le collier et les boucles glissent hors de l’enveloppe.
- Je ne comprends toujours pas ce que vous comptiez faire de cette parure. Vous ne donnez pas dans le bijou, ce me semble, demande Isabelle ?
- Ça dépend comment on le prend ! Pas compliqué, ma p’tite dame : ce que vous voyez là, que cet incompétent de Caprotti m’a rapporté, c’est la pièce centrale …
- La pièce centrale de quoi, demande Portia avec impatience ?
- Je vais vous montrer.

Moma Lisa sort un carton à dessins noir d’un tiroir du bureau, et l’ouvre précautionneusement sur le plateau.

- C’est le dernier projet de L. Marc Desville. Il est sous contrat exclusif avec moi. Très exclusif, même. Pour tout vous dire, c’est mon petit Bijou. Je le surnomme ainsi d’ailleurs.
- Il n’y pas de hasard, donc, glisse Flo !
- Voici le descriptif complet du projet.
- Regardez ça, les filles, c’est rempli de dessins et de croquis à tomber raides, s’exclame Aurélie !
- Oui, n’est-ce pas. Du grand art, de l’orfèvrerie ! Et pourtant, Desville est un artiste plutôt conceptuel. Il ne dessine presque jamais. Enfin, c’est ce qu’il fait croire à tout le monde.
- Et ?
- Et là, il veut rendre hommage à Léonard de Vinci. Vous le voyez, c’est plein de recherches, des notes, des plans, des descriptions.
Les quatre amies découvrent avec gourmandise et admiration les grands feuillets serrés dans le carton.
- C’est un travail magnifique, déclare Isabelle. Mais je ne vois toujours pas le rapport…
- Voyez, les derniers feuillets. C’est le clou, si j’ose dire : Bijou a prévu de réaliser un hologramme, une tête gigantesque…
- Mais encore, ça donne quoi, au final, insiste Isabelle, et nous direz-vous enfin ce que les bijoux volés viennent faire là-dedans ?
- J’y viens, j’y viens. C’est un énorme projet. On loue la piscine classée au patrimoine de la ville. Le grand bassin est vide, comme les autres d’ailleurs. Le décor d’époque sera bientôt restauré. En attendant, Bijou a eu l’idée d’utiliser le site pour son projet. Une fête énorme, digne de Léonard. On invite tout le gratin de l’art contemporain, et toutes les copines du canton, pour une soirée folle. Projection géante, tableaux vivants, dans la plus pure tradition de la chose, présentant l’œuvre peint et des dessins de Léonard. Pour interpréter tout cela, des acteurs, que des travestis, pour incarner tous les personnage. Triés sur le volet. Bijou joue la Joconde, il a insisté. Dans la scène finale … là, vous la voyez, là, sur ce feuillet…attendez, je vous montre ça correctement…Vous voyez, Bijou-Joconde sort de son image projetée et enchaîne sur une danse de Salomé – les voiles, vous comprenez, vous connaissez quand même la Joconde ? …mais aussi le petit clin d’œil, très savant, au voile d’Alberti…
Les filles se regardent…
- Bon, passons, je vous raconterai une autre fois. Il doit y avoir un effet scénique fantastique, qui aurait enthousiasmé l’homme de spectacle prodigieux qu’était Léonard : le cadre de la Joconde traverse son écran de verre, grossit en avançant vers les spectateurs et libère Bijou qui se lève lentement et glisse sur une piste dans une somptueuse robe aux couleurs du tableau…
- Ouaouh, s’exclame Aurélie !
- Et l’hologramme, demande Flo ?
- Justement : regardez bien les croquis. Au début de sa danse, Bijou-Salomé, ramasse sur le sol un grand plat en métal. L’hologramme de la tête de Saint Jean doit y apparaître. Et cet hologramme est constitué…à partir des bijoux volés par Caprotti.
- Mais pourquoi ceux-là, demande Isabelle ?
- C’est tout le sens caché de la chose, un point culminant dans le travail de Bijou : il voulait absolument une rivière et deux triangles. Caprotti était chargé de repérer ces bijoux là et aucun autre. D’ailleurs, c’est le moment de vous l’annoncer, ces bijoux devaient être restitués à leur propriétaire après la réalisation de l’hologramme.
- Comment ça, demande Aurélie, un peu interloquée ?
- Par l’intermédiaire de l'Arago. En même temps, le larcin faisait partie des éléments savants de l’ensemble de l’œuvre : c’est une évocation de Salaï, le disciple préféré de Léonard, jeune homme d’une incroyable beauté et très turbulent, à ce qu’on croit savoir…Vous voyez, tout a été pensé dans le moindre détail. De sorte qu’il s’agit d’une œuvre protéiforme associant toutes sortes de démarches artistiques !
- Mais pourquoi seulement deux bijoux, demande Flo ? Je ne comprends rien à tout cela !
- Bijou n’a besoin que de ces deux pièces pour réaliser son hologramme de la tête. Son procédé repose sur le montage photographique.
- Et ce croquis, où on voit des oiseaux, demande Isabelle ?
- Oui, bon, je ne veux pas tout dévoiler maintenant, et on en aurait pour des heures…
- On a tout notre temps, dit Aurélie…
- La tête de Saint Jean explose à la fin, libérant un vol d’oiseaux à travers l’espace !
- Ouaouh ! Des vrais, s’écrie Portia
- Non, des hologrammes, eux aussi !
Après cette évocation, les filles sont sans voix. Les quelques éléments livrés par Moma Lisa ont suffi à déclencher un imaginaire intense.
- Moi, je fais une proposition, susurre Aurélie. Le procédé de l’hologramme repose bien sur la photographie, vous nous l’avez rappelé ?
- Oui.
- Bon, c’est simple : nous sommes mardi matin. Ces bijoux appartiennent en réalité à ma femme. Je me sens un peu ridicule, mais je ne dois pas les porter, en principe. Cela a été plus fort que moi, qu’est-ce-que vous voulez, j’ai fait la maline, j’avais envie de les porter pour cette soirée. Si votre artiste, Bijou, peut réaliser son hologramme avant vendredi soir, quand ma femme rentrera de son congrès, je vous laisse le collier et les boucles jusqu’à ce moment, dernier délai, bien entendu. Je passerai les récupérer au plus tard dans la matinée de vendredi.
Aurélie fixe Moma Lisa dans les yeux, qui esquisse un petit sourire tendre et malicieux à la fois.
- Vous ne pouvez pas refuser, poursuit Aurélie. Je vous propose une association. Vous n’avez pas le choix, de toute façon. Et je crois bien que ça vous tente. Je vous confie la matière première de la pièce centrale de l’œuvre de Bijou ; il fait son travail, et je récupère.
- En échange, demande Moma Lisa, à la fois stupéfaite et charmée ?
- Nous voulons participer à l’œuvre, tenir des rôles dans votre mise en scène. Attention, hein, pas de la figuration !
Le visage de Moma Lisa s’éclaire. Elle se lève et enlace Aurélie avec effusion.
- Minute papillon, lance Isabelle. Nous n’avons pas délibéré…
- Ne te fatigue pas, Isa, coupe Portia en enlevant d’un grand geste sa petite perruque d’homme. Moi, j’en suis…
Moma Lisa la prend par la main.
- Tout doux, miss Moma ! Je mets une condition : je veux savoir jusqu’au bout dans quoi je m’engage.
- Ce qui veut dire, ma très chère mister…mister comment, déjà, nous n’avons même pas procédé aux présentations d’usage ? Vous manquez un peu de distinction, mes jolies !
- Portia. Et voici Flo, Aurélie, et Isabelle, sous son joli travesti de garçon…manqué.
Portia enlève prestement la casquette de la tête d’Isabelle, qui lui assène un bon coup de poing dans l’épaule.
- Tu vas voir un peu de près le garçon manqué qui ne va pas te manquer, toi !
- Votre condition, ma chère Portia, reprend Moma ?
- Racontez-nous tout. Ces feuillets me mettent littéralement hors du logis ! Je ne sais pas où regarder. Ce sont des splendeurs que je ne fais encore que deviner. Je veux tout savoir.
- Demandé comme ça, de surcroît sous l’égide de John Moses Browning, je ne vois pas comment je pourrais refuser ! Installez-vous toutes autour du bureau. Prenez ces fauteuils, mettez-vous à l’aise, vous me plaisez mesdames, à un point que je ne saurais dire ! Je vous prépare un bon café !
- Moma sait fair’ du bon café, claironne Flo !

Isabelle, tu as une imagination folle ! J'admire!