Stéréotypes et passing

Bonjour, sur invitation de Béatrice, je partage ici, un texte que j'ai publié sur le forum d'à côté hier.

"Hier soir, j'étais de sortie, au programme dîner chez une amie. Et forcément, le sujet de la transidentité est revenu sur le tapis. Elle m'a raconté une anecdote qui m'a fait pensé à une discussion que nous avions déjà eu ici (mais je n'ai pas retrouvé le sujet).

Elle me raconte avoir repris contact avec un de ses amis perdu de vue depuis plusieurs années. Il se sont revus et il lui a présenté sa femme, mais mon amie sent que quelque chose "cloche".

La nouvelle femme est toujours très féminine (peut être un peu trop). Elle est très à l'aise lorsqu'elle sort alors qu'ils vivent en région parisienne, là où les femmes se font siffler et harceler dans la rue. Et là mon amie a le déclic, les seules personnes aussi à l'aise dans la rue, ce sont les hommes. Elle réalise que la nouvelle femme de son ami est une femme trans. S'en suit une discussion avec son ami qui lui confirme (elle n'a aucun problème avec ça, c'est la première à m'inviter pour des soirées filles haha)

Bref ça m'a rappelé le sujet autour des stéréotypes. Le débat que nous avions pour savoir si nous nous identifions à des stéréotypes de la féminité (toujours en jupe ou robe / maquillée / talons / cheveux longs...). Ici, il y a aussi la notion de masculinité "conservée" dans l'attitude de cette femme de ne pas avoir "peur" de sortir.

Personnellement, je suis loin d'avoir cette assurance. Et sortant de chez mon amie hier soir, il n'y avait plus de lumière dans le bourg et j'étais garée loin. Je ne faisais pas la fière haha !"

Jade David a écrit:. Ici, il y a aussi la notion de masculinité "conservée" dans l'attitude de cette femme de ne pas avoir "peur" de sortir.

Très intéressant ce point de vue. Il mérite réflexion (le point de vue, pas l'attitude voire sa réalité car moi aussi je fais preuve de prudence lors de mes sorties. Plus que beaucoup de femmes que je connais...)

Morgane a écrit:

Jade David a écrit:. Ici, il y a aussi la notion de masculinité "conservée" dans l'attitude de cette femme de ne pas avoir "peur" de sortir.

Très intéressant ce point de vue. Il mérite réflexion (le point de vue, pas l'attitude voire sa réalité car moi aussi je fais preuve de prudence lors de mes sorties. Plus que beaucoup de femmes que je connais...)

d abord contente que quelqu'un s’intéresse a ce sujet ..

je conviens que les aventures de l’amie de l'ami qui a un ami qui vis avec une amie ne conceptualisait pas forcement la question mais Morgane en a extrait la substantifique moelle propre je l’espère a éveiller vos (quelques ..!?) neurones encore embrumées des agapes de fin d'année ..

pour ma part donc ..

sous des dehors assez volontaire, je n'ai,en solitaire, a l'instar de Morgane et de Jade, absolument aucune assurance quand je me déplace en ville. Et je vis facilement ce sentiment assez diffus de fragilité, voire de "proie" que connaissent les femmes dans le regard de certains hommes.

je crois même que "le passing" passe aussi par là .. par l'apprentissage et la maitrise de cette incertitude

Béatrice a écrit: sous des dehors assez volontaire, je n'ai,en solitaire, a l'instar de Morgane et de Jade, absolument aucune assurance quand je me déplace en ville. Et je vis facilement ce sentiment assez diffus de fragilité, voire de "proie" que connaissent les femmes dans le regard de certains hommes.

je crois même que "le passing" passe aussi par là .. par l'apprentissage et la maitrise de cette incertitude

Béa je partage avec toi cette non-assurance.

Béatrice a écrit:

Morgane a écrit:

Jade David a écrit:. Ici, il y a aussi la notion de masculinité "conservée" dans l'attitude de cette femme de ne pas avoir "peur" de sortir.

Très intéressant ce point de vue. Il mérite réflexion (le point de vue, pas l'attitude voire sa réalité car moi aussi je fais preuve de prudence lors de mes sorties. Plus que beaucoup de femmes que je connais...)

d abord contente que quelqu'un s’intéresse a ce sujet ..

je conviens que les aventures de l’amie de l'ami qui a un ami qui vis avec une amie ne conceptualisait pas forcement la question  mais Morgane en a extrait la substantifique moelle propre je l’espère a éveiller vos (quelques ..!?) neurones encore embrumées des agapes de fin d'année ..

pour ma part donc ..

sous des dehors assez volontaire, je n'ai,en solitaire,  a l'instar de Morgane et de Jade,  absolument aucune assurance quand je me déplace en ville. Et je vis facilement ce sentiment assez diffus de fragilité, voire de "proie" que connaissent les femmes dans le regard de certains hommes.

je crois même que "le passing" passe aussi par là ..  par l'apprentissage et la maitrise de cette incertitude

Béa j'ai vu le sujet très intéressant ce matin et j'ai à m'exprimer là dessus mais s'il te plait quitte cette attitude '' si on répond pas dans l'heure c'est qu'on s'en fout '' car je t'ai déjà dit que ce n'est pas le cas et que nous avons toutes nôtre vie à gérer...

Ce qui m'amène à réfléchir, ce n'est pas notre "fragilité " qui se manifeste lorsque nous nous pensons exposées. Ça, n'importe laquelle de nous habituée à exister en public connait cet inconfort. C'est plutôt ceci :

les seules personnes aussi à l'aise dans la rue, ce sont les hommes. Elle réalise que la nouvelle femme de son ami est une femme trans

Elle établit là un lien indélébile entre "homme" et "trans", attribuant de facto des qualités masculine à une femme trans. Hors nous parlons tout de même d'une femme tellement crédible que rien dans son apparence et sa voix ne la trahit. Du coup cet apriori me gène car je le ressens comme une sorte de désaveu.

Pour ma part, je ne suis sortie qu'un week-end, lors de l'Agorannif de 2022. J'étais terrorisée surtout lors de notre arrivée au restaurant lorsque nous sommes passées devant une terrasse bondée ! Nous ne sommes pas passées inaperçues lors de la visite de l'abbaye.
J'ai vécu cela avec un mélange d'appréhension,  mais également de plénitude ! J'ai adoré notre visite du Musée des anciens commerces,  la petite séance de photos devant les voitures!
De mon côté je pense que le passing ne laisse aucun doute sur ma condition , mais au fond peu importe, vivons et soyons nous même. Pour être féminine, nous devons appuyer un peu le maquillage, par exemple, et l'idée de la féminité peut varier des unes aux autres.

Prudence, fragilité, peur...mais tellement envie aussi d'exister, de vivre comme une femme, de marcher....libre et heureuse.
Bonheur d'être au féminin....peut-être même trop par plaisir et vouloir être vu comme une femme.
Je sors toujours seule mais en plein jour et dans les heures creuses...mais mes sorties restent rares faute de temps et peu-être aussi de courage malgré l'envie...peur surtout des agressions pour ma part. Dans un milieu féminin comme dans mon institut ou dans les boutiques de prêt à porter féminin je me sens rassurée. L'homme me semble moins tolérant...et il peut faire peur.

lorsque je lis les différents témoignages j'ai aussi mon ressenti à délivrer.

j'avais, trouvée, non pas une assurance comme on peu lire mais plus une certaine insouciance tellement heureuse de vivre au grand air..

Depuis une certaine mésaventure survenue à la caisse d'un magasin, je suis plus tendue lors de mes sorties et depuis ne me contente lorsque je suis seule que de mes rendez vous médicaux..

Cette forme d'appréhension l'impression d'être une proie est lourd à porter mais n'est pas le propre des femmes ??

La première inquiétude que ressent une trans débutante, c'est de....se faire repérer comme telle et de s'exposer ainsi éventuellement à des regards, paroles, voire actes malveillants. Mais aussi de voir sa propre image de soi-même se déliter....

Or, même si avec le temps et l'expérience (science de la vêture, du maquillage, des gestes, de la voix) on acquiert un passing parfaitement crédible, resterait-il néanmoins, selon certaines, une (des) trace de masculinité profonde et indélébile, car génétiquement programmée ? Comme par exemple la confiance, inexprimée en tant que telle, mais néanmoins bien présente, en sa virilité, qui vous donnerait l'assurance nécessaire pour marcher tête haute et sans peur ?
Morgane pose justement la bonne question sur l'origine et les conséquences d'une telle affirmation : une trans aurait beau faire et beau dire, elle resterait donc toujours une trans, et sous l'apparent avantage que lui confèrerait dans certaines situations son statut ineffaçable de masculinité profonde, il y aurait, dès lors qu'elle l'affirme elle-même, effectivement une sorte de constat implicite ("désaveu inconscient", dirait un psy) de l'échec de sa propre démarche.

La volonté de séduire dans ses sorties serait alors une sorte de contrefeu à cette présence, invisible mais persistante, de cette virilité, par un déploiement immodéré de sa féminité.

Petit paradoxe, donc : si vous vous sentez parfois inquiète face aux hommes dans la rue, c'est ....que votre part féminine l'emporte sur votre part masculine.

Coucou,

Pour ma part même si la peur de l'agression ( physique ou verbale) reste bien évidemment dans un coin de ma tête, la chose qui me terrorise le plus est que sa se sache dans mon travail,en plus vu mon physique je ne vois q un homme habiller en femme même sur les photos les plus réussi mais sa je pense que c'est le cas pour beaucoup d'entre nous.

L'acceptation de soi reste la chose la plus importante et je dois bien avouer que j'ai encore beaucoup de chemin à faire de ce côté là.

Ne vivant pas pour le moment au féminin à 100%, je choisi mes lieux et horaires de sorties. J’évite certains endroits où je pense que je cours un risque.
Si je dois me rendre dans ces lieux, j’y vais au masculin.
Excepté quelques mégenrage je n’ai jamais eu de problème.
Je pense que ce sera totalement différent lorsque ma vie féminine aura prit toute sa place.
Femme transgenre, c’est la double peine. C’est ajouter au sentiment légitime d’une majorité de femmes d’être une proie, la certitude que de toutes façons des détails révéleront ma situation de femme trans. Je le sais, je m’y attends, mais je n’ai pas le choix.

Bien sûr, nous sommes toutes dans la crainte d'être critiquées verbalement, peut-être même agressées. Nous n'aimons pas être décodées. La voix surtout est une trahison. Je suis plus à l'aise avec des femmes. J'avoue quand même que certains hommes ne sont pas si critiques : Ce sont ceux qui savent notre condition.

Lauren, il faut du courage pour affronter ces situations.
Notre vie, notre choix de vie est compliqué, et aussi nous vivons le bonheur d'un rêve que toutes un jour où l'autre pensions irréalisable .
Je te souhaite un bon dimanche, ainsi qu'à toutes les amies d'Agora.
Bises
Sophie

Ayant fait des sports ce combat pendant de nombreuses années, malgré mon physique apparent peu musclé , en homme, je n'ai presque peur de rien ni de personne.
En fille, chaque sortie génère en moi un stress important, et je me sent très vulnérable même si je sais qu'au fond de moi même en talons et en jupe je pourrais corriger bon nombre de petits emmerdeurs.
Ce sont souvent de simples emmerdeurs qui font des réflexions. Ils font ça pour se rendre intéressant. Ils n'ont rien d'autre à faire. Ils peuvent pas nous laisser tranquille ? Même si théoriquement la loi réprimande les agressions et remarques sexistes, je ne me vois pas aller porter plainte pour des insultes au commissariat en fille.

Hello Jade,
un témoignage qui apporte de nombreux commentaires , la vision de l'amie de ton amie (ouff ) est une sorte de "mégenrage" intellectuel , elle se base de plus sur un seul exemple  ;  se sentir fragile ferait elle de celles qui sont  " vigilantes" des trans plus femmes que celles qui ne développent pas de crainte dans un espace classique,  ( à certaines heure de la nuit la fréquentation de lieux très testostéronés , et parfois alcoolisés, relève pour moi  du challenge ..... )  , j'aurais tendance à penser que, plus que le Genre , l'assurance et la relation aux autres positionnent les individus ,femme ou homme , dans une crainte ou une confiance qui n'est pas liée à leur apparence physique,en ayant bien conscience que le regard sur les femmes n'est pas aussi neutre .
 En lisant ce commentaire  "elle a une assurance masculine " , j'ai  senti mes efforts pour éloigner ma "virilité" se fissurer ,  comme un personnage de cartoon ,  je  constate mon absence de peur et, (peut-être ?  ),  une audace*  qui me permet d'aller au gré de mon quotidien,  sans crainte du comportement masculin .  Bien entendu je reste vigilante , je vis dans un endroit paisible , lorsque je me rends en ville mes "antennes" sont davantage déployées  , sans pour autant me sentir plus vulnérable qu'en mode garçon  . Serait ce le "Type" en moi qui ne lâche pas prise ?? le ....salaud !!
* Merci les conseillères Agoriennes pour m'avoir mise en confiance

C'est très facile de coller des stèréotypes, il y a des femmes qui ont de fortes personnalités et des hommes qui passeraient facilement dans un trou de souris dans beaucoup de situations.
Soyons forte et féminine

chantal92 a écrit:
si vous vous sentez parfois inquiète face aux hommes dans la rue, c'est ....que votre part féminine l'emporte sur votre part masculine.

même en étant peu féminine, les mecs peuvent venir vous embêter comme celui-ci qui me suit jusqu'à chez moi et me demande un bisou... j'étais vraiment pas à l'aise.

Oula oui, c est chaud... Le vrai coup de stress là.. il est quand même gonflé..

Le mec a certainement pas pu résister à ta beauté Noemia.
Ça doit quand même être stressant surtout qu'il sait où tu habite