Assumer d'être transgenre

Ce matin, pour la première fois, j'ai assumé "officiellement" d'être transgenre et reconnue comme tel(le).

Ayant tendance à être "fashion victim", je commande régulièrement sur Internet. Jusqu'à présent je pouvais me faire livrer à mon bureau, ce qui était pratique. C'est pourquoi mes comptes sur ces sites sont ouverts à mon prénom masculin.
Ayant changé d'employeur, il ne m'est plus autorisé de me faire livrer de colis personnel à mon travail. Alors, pour ne pas que ma femme soit importunée par le facteur, j'ai opté pour un point relais, en l'occurrence le bureau de poste le plus proche.

J'y suis donc allé en mode masculin, puisqu'il est nécessaire de montrer sa carte d'identité pour une vérification du nom avant la remise du paquet. La préposée m'accueille par un "Bonjour Madame". Je ne dis rien, anticipant qu'elle s'apercevra de son erreur lorsqu'elle verra ma CNI. Je la lui remets, elle la lis, va chercher le carton sur lequel est écrit au feutre noir de façon bien visible, mon nom et mon prénom. Je m'en saisis en la remerciant. Et à ma surprise, elle me dit "Au revoir Madame".

Mes pensées se bousculaient sur le chemin du retour. M'a-t-elle prise pour une femme qui venait chercher une commande au nom de son mari ? A-t-elle-remarqué mon prénom masculin sur la pièce d'identité, ainsi que la photo style "repris de justice" qui est censée me représenter ? Est-ce par politesse qu'elle a continué à me nommer Madame ? Ou par respect par rapport à mon genre ? Mais dans ce cas, elle doit me prendre pour une femme transgenre bien masculine...

Devant y retourner ce matin, pour récupérer un nouveau colis, compte-tenu de l'expérience vécue la semaine dernière, j'ai décidé d'y aller en mode féminin. Cependant, je n'ai pas voulu être "hyper féminisée". Maquillage réduit au minimum (crayon khôl et rouge à lèvres), pantalon serré et doudoune ceintrée. Et mes cheveux non attachés.
Même préposée à l'accueil, à nouveau "Bonjour Madame". Je lui tends ma CNI, et là, elle marque un temps d'arrêt après y avoir jeté son regard. Me dévisage puis va chercher le paquet. Même scène de départ que la précédente se terminant également par "Au revoir Madame".

Cette fois-ci je n'ai plus de doute. Ce temps d'arrêt trahi le fait qu'elle n'a pas reconnu le visage de la photo avec celui qui était en face d'elle. Il lui a fallut un moment pour les associer. Alors pour elle, je suis une personne transgenre. Officiellement puisque ma CNI est à mon prénom masculin.

Un peu fière de moi d'avoir assumer ma transidentité, à mon retour, je raconte l'anecdote à ma femme. Elle acquiesce que la cinquantaine permet de s'accepter tel que l'on est. On ne triche plus avec soi-même, et c'est d'ailleurs parce qu'il y a adéquation entre ce que l'on est intérieurement et l'aspect extérieur que l'on renvoie aux autres, que l'on est accepté.e, chacun.e avec ses différences et sa personnalité.
Si on est en accord avec soi-même, aucun décalage ne peut gêner nos interlocuteurs.

Comme nous étions lancés sur ce thème, j'ai affirmé clairement que je me sentais être une cousine des femmes mais aussi un cousin des hommes. Ma femme a confirmé que cela se traduisait aussi physiquement. J'avais une silhouette plutôt féminine, avec peu d'épaules et des hanches marquées pour celles d'un homme. C'est pourquoi elle estime que l'on me prend souvent pour une femme quand j'arrive pour la première fois dans un lieu. De plus, mon visage, sans être celui d'une femme, a plutôt les traits fins, ce qui conforte la première impression.
De plus je m'épile le visage à la pince à épiler depuis près de 20 ans ; ainsi je suis imberbe, et aucune ombre disgracieuse vient contrarier ces aspect féminin général.

Le doute est enlevé : je suis donc aussi identifiée comme transgenre par ma femme, et non pas, ainsi que je le croyais, comme un homme féminin.

Voilà je souhaitais partager avec vous, ce grand pas pour moi. Un petit pas pour l'humanité ?

Bises

Je comprends ce que tu vis puisque je vis un peu la même chose.
Je me demande même si nous n’exagérons pas les réactions potentielles des gens.
La plupart des gens se moquent de ce qu’ils voient.
Et qui ressemble à la photo de son passeport ou de sa CNI ?

Bonne soirée

:mamiz:

...

Merci Daniela de partager ce bonheur

Tendresse, soeurette ! Je connais ta résistance depuis le début mais je savais aussi que tu en viendrais à bout...

Bises
MA

Il vaut mieux laisser mûrir sa quintessence de femme jusqu'à ce qu'elle se révèle vraiment et s'épanouisse, plutôt que vouloir la faire croître à marches forcées - au risque de se tromper sur soi-même.
Cette lente maturation fut un processus naturel qui n'eut pas eu lieu si ta pulsion féminine n'avait pas été authentique.
Quod erat demonstrandum (comme dirait Michèle-Anne, dont il faut saluer la clairvoyance).
Je suis heureuse de ta prise de conscience conclusive au bout de ce chemin, depuis le fameux dîner Agora d'avril 2017....

belle histoire Daniella, merci et continues ainsi, bises

Félicitation Danièla

Coucou Daniela. Une autre hypothese pour expliquer l'attitude des personnes des points relais serait d'imaginer qu'elles ont pensé que le Monsieur à la tete de repris de justice avait confié sa CNI à son épouse pour récupérer son colis. Mais cette remarque ne fait que renforcer ton ressenti, finalement tu découvres simplement ta cohérence . . . une découverte qui doit faire bien plaisir, j'imagine . . .

Bises

heureuse pour toi Daniéla

Merci beaucoup les amies pour vos sympathiques messages.

Ils me confirment ce que j'avais ressenti lors de l'échange avec ma femme : j'ai bien franchi une étape d'acceptation publique de ce que je suis.

Cependant je sais que le chemin n'est pas une ligne droite, et que certains détours peuvent faire revenir en arrière. Quant au but final, il sera connu le jour où j'y arriverai.

Bises

par Stephanie Dupont le Dim 16 Fév 2020 - 23:51

Coucou Daniela. Une autre hypothese pour expliquer l'attitude des personnes des points relais serait d'imaginer qu'elles ont pensé que le Monsieur à la tete de repris de justice avait confié sa CNI à son épouse pour récupérer son colis. Mais cette remarque ne fait que renforcer ton ressenti, finalement tu découvres simplement ta cohérence . . . une découverte qui doit faire bien plaisir, j'imagine . . . Poster une réponse 880303


Je suis d’accord avec toi Stéphanie il a quelque années avant mon changement d’état civil pour prendre un colis au relais j’ai du dire que j’était la femme de la carte d’identité que je montrait a l’employé

Suite à l'explication plausible donnée par Stéphanie et confirmée par l'expérience d'Alexandra, je peux préciser que la première fois, j'étais coiffée comme sur la photo de la CNI, à savoir les cheveux tirés en arrière en queue de cheval. Alors qu'en mode féminin, je les laisse librement tomber le long de mon visage.

Merci, je n'avais pas pensé à cette éventualité.

Bises