Besoin des autres

J'ai tellement besoin des autres. J'ai beau naître lentement de la côte d'un homme qui fut solitaire et un brin asocial, je suis malade de solitude. Dès que je me trouve à peu près belle, généralement après des journées d'anticipation et des heures de préparation, je me lance sur toute les opportunités sociales, une petite junkie d'être. L'ordinateur et ses connexions lointaines, parfois inquiétantes, représente la facilité. La triste facilité. Je me lance sur toutes les opportunités, sauf une. La seule. Sortir.

Je suis à l'hôtel, dans une ville morne que je connais peu et qui ne m'intéresse pas vraiment. Un colloque, qui ne s'annonce pas passionnant. J'ai la tête ailleurs. Vraiment ailleurs. Tout ce que je souhaite c'est retourner dans ma suite. Ce monde clos, où rien de fâcheux ne peut se produire. Où je peux prendre tout mon temps.

J'espère la venue de celui à qui je parle depuis longtemps, à distance. Pour lui j'ai mis un peu de pression sur mes patrons pour qu'ils me dépêchent ici. Mais il ne vient pas. Pas ce soir, peut-être demain. Aucune chance de passer la première avec un père de famille. Surtout quand il déménage sa fille dans son premier appartement.

Je m'étais préparée à la déception. J'ai enfin vu un peu de pluie tomber, je les connais. Mais voilà. Encore cette phrase: « all dressed up and nowhere to go. » (Toute pomponnée et nulle part où aller). Je suis là, seule, et mon premier réflexe c'est de me jeter sur le portable dans l'espoir d'un contact. Un(e) ami(e), génial. Un amant, encore mieux. Un inconnu s'il le faut.

Et il devient parfaitement évident que tout ça n'a aucun sens. Que c'est d'un vide et d'une tristesse, alors que je ne me donne même pas la peine d'être là, de faire mes trucs normalement, de passer du temps avec moi-même, en tant que moi. Vous destiner ces mots, c'est un peu le juste milieu.

Mais reste une évidence. Alors que de plus en plus de gens autour de moi ont entendu parlé ou ont rencontré Mimi, l'apprécient, agissent à peu près normalement et me respectent... Alors que la rue est juste là, sous la fenêtre que j'ai calfeutrée de persiennes. Encore du chemin à faire. Encore beaucoup à apprendre.

Je suis un très beau projet, un chantier oui. Je suis certaine que le résultat sera une révélation. Mais puisque je n'arrive pas à aller faire deux pas dehors dans un endroit ou personne ne me connait, je vois bien que j'en suis encore au tout début de la pente. C'est tellement long de s'apprivoiser soi-même, de se trouver une place. C'est vrai pour tout le monde, d'accord. Mais pour nous c'est injustement ardu. Et y'en a marre!

Vous en faites pas, je vais bien. Juste lucide.

xx

Hello Mimi
Touchant ton message, et beaucoup de souvenirs! Pas facile de programmer les sorties, beaucoup de préparations et de questions! mais le seuil de la porte franchi tout devient naturel Sur facile les relations par le net mais elles restent virtuelles!
Mignonne comme tu l'es pas de soucis l'avenir t'appartient
Gros bisous ma chérie :kissgir: :kissgir: :kissgir:
Betina

Plein de questions dans ton message, Mimi . Et beaucoup de sentiments partagés avec toutes tes semblables. De plus, tu es jeune, pleine de vie et d'envies, les hormones turbinent à plein régime, surtout au printemps.
Ton envie d'être vue est légitime et vieille comme les questions de philosophie au baccalauréat: La beauté existe-t-elle sans l'être humain ? Dieu existe-t-il sans les humains? Une jolie travestie existe-t-elle sans personne pour la regarder ?
Une TV est généralement accro aux photos pour cette raison, se voir et se montrer.
Là est le danger, les relations à tout prix donc avec n'importe qui. Sur la toile c'est pas trop grave si ça reste virtuel et que tu ne donnes pas tes codes bancaires, mais dans la vraie vie, prudence !
Des rencontres entre consoeurs sont plus sécurisées car chacune tient l'autre par la "barbichette", si on connaît l'expression au Québec. Les relations sont ainsi égalitaires, toutes souhaitant la discrétion.
Ce n'est pas forcément le cas dans les rencontres avec les hommes, mariés ou pas, du genre prédateur, gare .
Bref, j'ai raconté un peu ce genre de sentiment dans les histoires privées, validé par Béatrice, "Hélyette devient bizarre". Je te fais ma pub car à quoi bon écrire si on est pas lue ?
Je suis absolument de l'avis de Bétina, l'avenir t'appartient mais ne sois pas trop pressée :amies: .

mimi, tu es trés belle et surtout tu as toute ta jeunesse pour toi. tu dois te faire confiance et tenter de furtives sorties
pour prendre confiance.
depuis peu mon épouse a accepté laura et j' ai maintenant toutes libertés dans l' appartement, nous pouvons enfin parler
comme 2 femmes et elle me donne ses conseils sur mes tenues et mon maquillage.
mardi aprés-midi en son absence, j' ai fait une petite sortie de quelques minutes et j' ai apprécié ce court instant, mais la crainte
a repris le dessus. mais je ne regrette pas et dés que je pourrai je le referai.
je te dis à bientôt,
gros bisous
laura

Je t'ai toujours connue avec ces hésitations :)
Manque de confiance ou réelle motivation à sortir insuffisante?
"j'en suis encore au tout début de la pente". C'est peut être une différence de culture qui est à l'origine du choix des termes. Mais en France cette description me laisserai supposer que ta motivation est insuffisante.
Mireille n'aurait-elle de raison d'être que dans les yeux d'une autre personne?
:bisou:

mimi, ayant lu ton message et les réponses de nos amies, je ne sais plus que te dire sans répétition. Peut-être te dire que malgré mon âge je me souviens parfaitement de ce que j'éprouvais au tien, j'étais mariée et il m'était difficile de faire vivre mon ego féminin, mon épouse étant non consentante; j'étais donc bien moins bien entourée que toi à ce que j'ai compris. Avec prudence, évitant les rencontres dangereuses j'ai pu quand même sortir profitant de moments de liberté et là, c'était un vrai bonheur. Tu es mignonne comme tout, pas de problème de "passing" alors profites en et sois heureuse, la vie passe vite

je te cite Caroline
" évitant les rencontres dangereuses j'ai pu quand même sortir profitant de moments de liberté et là, c'était un vrai bonheur. Tu es mignonne comme tout, pas de problème de "passing" alors profites en et sois heureuse, la vie passe vite"
la vie passe trop vite, profite de l'instant présent , vis ta vie de femme.
je t'embrasse.

Merci les filles. Oui la vie passe vite. Je la regarde trop souvent passer. Ou encore elle est parfois très intense. C'est le cas ces jours-ci. Les circonstances font un si beau travail pour nous faire comprendre les choses, parfois.

Merci de vos compliments. Merci de vos encouragements. Vraiment.

Il est finalement venu ce soir. Un moment génial. Magnifique autant que triste. Triste parce que peut-être ce ne sera la seule et unique fois. Magnifique parce que tout était si naturel, si agréable. Discuter, longtemps. S'embrasser, un peu. Mais surtout sentir la connexion, que la rencontre est effective. Sentir qui je suis. Sentir que je suis aimable. Désirable. Et sentir la même chose pour lui.

Bien au delà d'un trip pornographique qui n'a pas eu lieu. Ce qui me laisse toute fleur bleue. Je ne me suis jamais sentie aussi femme qu'en ce moment. Et c'est assez merveilleux.

Je vous embrasse.

Mimi

ps: je ne suis pas du tout bipolaire...

Avalon a écrit:Je t'ai toujours connue avec ces hésitations :)
Manque de confiance ou réelle motivation à sortir insuffisante?
"j'en suis encore au tout début de la pente". C'est peut être une différence de culture qui est à l'origine du choix des termes. Mais en France cette description me laisserai supposer que ta motivation est insuffisante.
Mireille n'aurait-elle de raison d'être que dans les yeux d'une autre personne?
:bisou:

Oui... Je suis une incorrigible complexée. Et c'est bien ce qui m'attriste. Frapper toujours le même mur. Sans véritable raison valide.

Quant à ta question finale, elle me frappe, me laisse sans réponse. C'est bien possible. Et qu'est-ce que ça impliquerait alors, selon toi?

Pour moi la pente, c'est le trajet. Elle symbolise les efforts qu'il reste à faire, les choses pénibles qu'il reste à affronter. Mais pas que je sois découragée, démotivée, ça non. Ma nature est une richesse. Je ne la laisserai pas pourrir à l'ombre à jamais...

Je t'embrasse

Mimi

mimi_qc a écrit:Quant à ta question finale, elle me frappe, me laisse sans réponse. C'est bien possible. Et qu'est-ce que ça impliquerait alors, selon toi?

Disons que cela éclaire ta démarche sous un jour particulier. Pour toi, pas de sortie "exhib" ou simplement narcissiques. Tu fais dans le relationnel. En clair: Tu te pomponnes pour quelqu'un. Mais en dehors de ça tu sera le plus souvent en version passe partout. Tellement passe partout que tu peux en venir à douter de l’intérêt de sortir "pour sortir". Ce qui est très différent de beaucoup ici dont l’intérêt premier c'est d'exister en public même pour un moment.
Coté pratique, peut être faudrait il cultiver ton coté féminin à des fins de confort intérieur. D'équilibre (Origine de ton mal de vivre?). Pas seulement par écrit mais en passant aux actes. Ce qui ne veut pas dire que tu dois pratiquer ces sorties un peu lourdes qui t'ennuient un peu. Juste mettre la barre plus haut coté apparence. La modeler pour qu'elle soit plus en phase avec ce que tu ressens. Et te ressourcer à ces "bonjour madame" accidentel que tu vivra plus quotidiennement.
C'est juste une idée. Comme ça... ;)
Je t'embrasse

C'est une idée pleine de sens, et j'espère bien trouver une façon de la mettre en pratique. Je vois la différence dans l'approche, et elle porteuse je crois. Merci Morgane.

En effet, l'équilibre c'est ma recherche fondamentale... Son absence est ce qui me fait le plus souffrir. Mais heureusement je progresse et je ne le ressens plus comme un mal de vivre, mais comme un défi, une chose cruciale à travailler pour atteindre un épanouissement.

Question hors sujet, absolument: Avalon, c'est pour l'album de Roxy music? (obsession du moment...)

mimi_qc a écrit:Question hors sujet, absolument: Avalon, c'est pour l'album de Roxy music? (obsession du moment...)

Absolument pas... ;)
L'idée est tirée d'un roman que j'ai adoré: Les brumes d'Avalon de Marion Zimmer Bradley. En plus de la similitude du prénom, je me suis reconnue dans certains traits du personnage...
:bisou:

Que devient Mimi, malade de solitude ? Maladie des temps modernes  et des TV, donc, les TV sont modernes !
Où en es-tu dans ton cheminement vers la féminité, à marche prudente et réfléchie ?
Beaucoup de consoeurs d'Agora et d'ailleurs sont prêtes à t'écouter, n'hésite pas à nous solliciter. L'hiver revient et chez toi il est rude, alors ne te replie pas près de la cheminée, il n'y fait pas si chaud que ça .
Gros   affectueux.