Sujet de réflexion

Initialement, je voulais mettre ce post dans la rubrique "du petit bonjour en passant" mais comme il pouvait initier des commentaires, je me suis décidée à le mettre ici.

Rien d'original, vu que j'y fais référence au "Deuxième sexe" de Simone de Beauvoir.


« On ne naît pas femme : on le devient. » Cette fameuse citation de l'auteure m'est venue à l'esprit lorsque j'ai vu une jeune fille d'une dizaine d'années chaussée de sandales à talons compensés. Ses parents participent en lui permettant (ou en lui imposant ?) de se vêtir ainsi, à l'apprentissage d'être une femme.
Je me souviens qu'à son âge on m'interdisait de me maquiller, de porter des bijoux et je n'osais même pas émettre l'idée de mettre une jupe ou une robe.
Il m'a paru donc évident, que l'on apprend aux garçons à ne pas devenir des femmes, car l'envie naturelle est de se parer pour être "beau". Non, il fallait se contenter de vêtements moches et sombres. Heureusement que ma mère me tricotait des pulls avec plein de couleurs !
D'ailleurs, en étant provocatrice, combien d'entre nous continueraient à se vêtir en femme, si nous étions nées à une époque où les hommes (ceux qui le pouvaient socialement) ne négligeaient pas leur apparence, comme sous Louis XIV ou à Florence à son apogée ?

N'ayant jamais lu Le Deuxième sexe, j'ai effectué quelques recherches sur internet, et j'ai trouvé la citation suivante, extraite d'un entretien donné en janvier 1978 par Simone de Beauvoir, à Pierre Viansson-Ponté, pour Le Monde :
"On fabrique la féminité comme on fabrique d’ailleurs la masculinité, la virilité".

Je me doutais bien qu'ayant réfléchi à la place de la femme dans la société, elle ne pouvait ignorer celle des hommes, qui est aussi une élaboration, notamment par l'éducation.

Bises

Beau sujet à creuser, à chaud il m'inspire la remarque suivante : si nos hommes et nos femmes sont fabriqués ainsi, il me semble intuitivement que les discriminations et les LGBTphobies en particulier deviennent alors une conséquence logique . . .
Ca me fait également penser à un ouvrage trouvé dans les affaires familiales dont le titre m'avait perturbée lorsque je l'avais découvert dans ma jeunesse : "De l'élevage des enfants" . . . et qui me perturbe toujours . . .

Bises

Steph

Oui, un beau et très intéressant sujet...il est évident que la société nous fabrique en grande partie !
Pour autant, ll faut lui opposer notre nature innée car sinon comment expliquer que des êtres conditionnés comme certains ou certaines d'entre nous en viennent au bout de tant de temps   à se rebeller contre ce qu'on a voulu faire de nous ?
Perso, n'arrivant pas à avoir les idées claires sur ce sujet après des années de réflexion, j'ai finalement renoncé à comprendre. Je vous laisse...   sur ce sujet  

Stephanie Dupont a écrit:
Ca me fait également penser à un ouvrage trouvé dans les affaires familiales dont le titre m'avait perturbée lorsque je l'avais découvert dans ma jeunesse : "De l'élevage des enfants" . . . et qui me perturbe toujours . . .
Steph

J'ai cherché ce livre sur Google, mais je ne trouve qu'un ouvrage récent et très humoristique portant le même titre. Aurais-tu une référence plus précise, Stéphanie ?
Ce titre donne froid dans le dos et m'a aussitôt fait penser aux "élevages "d'enfant chez les nazis ; élevage qui commençait d'ailleurs par la sélection génétique, allant jusqu'à l'installation d'institutions comme le "Lebensborn", destinées à favoriser la conception d'enfants purement aryens. Ensuite l'enfant est pris en charge dans plusieurs organisations successives pour arriver à obtenir à la fin le modèle parfait, qu'il s'agisse d'un garçon ou d'une fille, c'est à dire celui répondant exactement aux critères préétablis. Les nazis étaient bien sûrs on ne peut plus hostiles aux transgenres....
Mais une éducation stricte et balisée n'empêche pas par la suite une "rébellion " de l'individu contre un mode de vie imposée. Il y a sur ce site de nombreux exemples ; en fait, il n'est pratiquement composé que de tels exemples, la seule différence étant l'âge auquel le genre profond apparaît.

chantal92 a écrit:J'ai cherché ce livre sur Google, mais je ne trouve qu'un ouvrage récent et très humoristique portant le même titre. Aurais-tu une référence plus précise, Stéphanie ?

Peut être que ceci peut t'aider?
Clique là : Résultat de recherche Bibliothèque Nationale de France

Il est clair que les clivages hommes femmes vont encore perdurer de nombreuses années..


Je vais prendre un passé pas si ancien que ça.. Lorsque j'étais, dans une autre vie, militaire et "Cavalier",, il existait plusieurs manuels à l'usage des cadres et de leurs épouses.. ils traitaient du savoir vivre et aussi du rôle de la femme d'officier.. Belle potiche qui devait tenir sa place et son rang dans les soirée.. les hommes d'un côté et les femmes de l'autre même à table…

Dans les années 40 et 50 il existait aussi un manuel aux états Unis et en France pour définir la place de la femme de l'épouse et mère de famille…

Les mentalités vont avoir du mal à évoluer et on est pas prêt dans notre société à lire que l'homme est une femme comme les autres

chantal92 a écrit:

J'ai cherché ce livre sur Google, mais je ne trouve qu'un ouvrage récent et très humoristique portant le même titre. Aurais-tu une référence plus précise, Stéphanie ?

Coucou Chantal

Ce livre est quelque part dans les piles d'un gros déménagement récent, je te promets mes meilleurs efforts pour remettre la main dessus. Par contre je te rassure il n'a aucune connotation avec certaines idées germaniques d'une certaine époque, il était simplement destiné à aider les mamans de l'époque à apporter les meilleurs soins possibles à leur progéniture . . dans la vision du moment bien sûr . .

En fait c'est surtout le langage qui a changé, dans les années 50 on parlait une langue bien plus rustique qu'aujourd'hui  . . . et il est vrai également en se posant généralement moins de questions . . .

Merci Stéphanie et Avalon !
Le terme "élevage" me paraît proprement scandaleux ! Comme des bestiaux....
Il s'agit de définir la meilleure manière de subvenir aux besoins physiques ET psychiques de l'enfant, et pas seulement à sa vêture et nourriture et hébergement....
Lorsque l'on passe au verbe , cela devient plus acceptable : "Comment élever ses enfants", élever rassemblant tous les aspects, y compris "éduquer".