transidentité et enfance

D'un côté il y a des films comme "Petite fille" (Sebastien Lifshitz) et toute la tendance depuis quelques années à littéralement "promouvoir" les changements de genre non seulement chez les adolescent(e)s, mais aussi chez les enfants de moins de dix ans : au nom d'une libération enfin acquise après des décennies, des siècles de non-prise en compte de pulsions fondamentales et essentielles.

De l'autre, on note qu'un contre-mouvement s'est amorcé du côté des psys, médecins, sociologues, anthropologues pour mettre en garde contre des dérapages et excès dans   cette optique. Plusieurs ouvrages ont été publiés sur ce sujet et par des gens tout à fait sérieux  qu'on ne saurait qualifier de "réactionnaires" pour discréditer leurs analyses .
Chacune peut se faire sa propre idée à partir la lecture des ouvrages suivants :

https://livre.fnac.com/a16439496/Celine-Masson-La-fabrique-de-l-enfant-transgenre#int=S:Suggestion|FA:LIV|1|16439496|BL1|L1

https://livre.fnac.com/a16354471/Abigail-Shrier-Dommages-irreversibles-Comment-le-phenomene-transgenre-seduit-les-adolescentes#omnsearchpos=3

https://livre.fnac.com/a15828006/Christian-Flavigny-Aider-les-enfants-transgenres#int=S:Suggestion|FA:LIV|1|15828006|BL4|L1

https://livre.fnac.com/a13203858/Christian-Flavigny-Le-debat-confisque#int=S:Suggestion|FA:LIV|1|13203858|BL8|L1

https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0&Search=la+dysphorie+de+genre&sft=1&sa=hist

Personnellement, il me semble qu'il y a surtout une différence  congénitale entre l'approche américaine du sujet et la française. Les Américains perçoivent quasi automatiquement toute remise en cause, même partielle, d'une théorie normative de la transidentité comme une attaque contre la mouvance LGBT. En France le débat ne "déborde" pas ainsi ; sauf quand il est repris par des extrêmes, où la réflexion devient slogan.

Et pour vous, quand avez-vous perçu pour la première fois (au-delà de jeux fétichistes à connexion sexuelle) que vous étiez peut-être aussi autre chose que votre apparence ? Et avez-vous été influencées (dans tel ou tel sens) par votre entourage ? (J'en connais au moins une qui a bénéficié d'une totale acceptation d'habillement féminin dans un univers exclusivement féminin)

chantal92 a écrit:
Et pour vous, quand avez-vous perçu pour la première fois (au-delà de jeux fétichistes à connexion sexuelle) que vous étiez peut-être aussi autre chose que votre apparence ? Et avez-vous été influencées (dans tel ou tel sens) par votre entourage ? (J'en connais au moins une qui a bénéficié d'une totale acceptation d'habillement féminin dans un univers exclusivement féminin)

Le débat sur la reconnaissance de la transidentité chez les enfants est sûrement intéressant. Le questionnement sur le caractère possiblement réactionnaire des détracteurs de la transidentité pourrait être opportun aussi, à l'heure où, aux USA mais chez nous aussi de façon insidieuse on remet en cause des droits comme, pour les femmes, celui de disposer de leur propre corps...

Je préfère répondre à la question ci-dessus : quand ai-je perçu...?
Une première fois autour de 4 ans, j'avais "flashé" sur une boite de perles multicolores destinées à fabriquer des colliers de petites filles, et j'ai ressenti la gêne de mes parents qui pourtant me l'avaient offerte à Noël. J'ai compris que ce n'était pas un jouet de petit garçon et je crois que j'ai rejeté ce cadeau...
Plus tard, surprise par mon grand père alors que je me faisais une jupe ou une gaine d'un cache pot en papier rose, j'ai compris que mon comportement qui me plaisait bien, parce que j'imitais avec ravissement une chanteuse qui se déhanchait, ne correspondait pas aux attentes familiales ou à la bien séance.
Aux suivantes ! :souri:

Katia, je connais au moins deux consoeurs pour qui le premier émoi transidentitaire fut causé précisément par des bijoux - dont elles aimaient se parer dès l'âge de 5/6 ans .....avec l'autorisation de leur mère !

Hier encore j'étais chez un Uro au CHU Montpellier pour certains problèmes liés à mon appendice mâle.
Là où j'ai eu un gros coup au cœur c'est quand il a vu mon machin et qu'il n'a pu s'empêcher de dire :
" c'est pour cela que les pédiatres n'ont plus le droit d'intervenir sur les ambiguïtés sexuelles à la naissance, médicalement ou chirurgicalement !!!!
Il faut attendre que l'enfant soit en age de choisir.... "
Si j'ai bien compris, tout ce que j'ai vécu et que je vis aurait pu être évité.
Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrr

Je crois que j'ai eu une enfance plutôt préservée des questions de genre en raison de mon isolement, qui m'empêchait d'avoir des points de repère: pour moi, les hommes et les femmes adultes étaient des sortes d'extra-terrestres et je ne pouvais vraiment pas m'identifier ni aux uns ni aux autres, même si ma mère n'a jamais fait mystère d'avoir souhaité avec une fille. Tout au plus étais-je attirée par la beauté des chaussures de ma mère et un de ses colliers, qui faisait prisme à la lumière solaire et diffusait des arcs-en-ciel un peu partout, des murs au plafond en passant par le sol. J'avoue avoir, quand j'étais encore très jeune, vers les 4 ou 5 ans, peut-être moins, mis les chaussures et porté le collier dans de très rares moments où mes parents étaient sortis et la dame employée chez nous fort occupée. D'ailleurs cette dame à qui je dois beaucoup s'occupait bien de moi, contrairement à mes parents et je passais beaucoup de temps avec elle, n'allant pas à l'école maternelle; je me souviens très bien que lorsqu'elle reprisait je l'imitais tant bien que mal avec un bout de chiffon, des aiguilles et du fil, et j'adorais cela, sans, là non plus, que cela puisse être interprété comme une orientation de genre.

Je crois que "le déclic" s'est produit en une autre circonstance, bien plus folle: un jour, ma mère s'est trouvée dans l'obligation de m'emmener en visite avec elle chez une amie... qui avait une petite fille du même âge que moi ! Elle s'appelait Christine, je n'étais pas encore la féroce misogyne que je suis devenue, et nous avons joué ensemble... avec ses divers jouets de petite fille qui m'ont ouvert la porte d'un monde totalement inconnu. J'ai passé là ce qui doit être la plus fabuleuse après-midi de mon existence au point que, de retour chez nous, j'ai demandé à ma mère si on allait y retourner. Elle a répondu "peut-être" et ce n'est bien entendu jamais arrivé, alors que j'attendais chaque jour la réédition de ce petit séjour au Paradis.

Bien entendu, puisque j'ai su lire très tôt, mes lectures ont joué aussi: et si j'ai lu au moins vingt fois "Les misérables", je ne compte pas mes relectures de la bibliothèque verte, par exemple des "quatre filles du Dr March" ou des aventures d'Alice Roy (Merci Caroline Quine!), que ma mère voyait d'ailleurs d'un mauvais oeil. Je me voyais vraiment avec Jo, Beth, Meg et Amy, y compris dans les robes de ce milieu du XIX° siècle dont les illustrations n'étaient pas avares. Et quant à Alice, elle savait tout faire, même conduire une automobile et résoudre des énigmes; c'était presque un modèle pour moi; comme Jo voulant devenir auteur.

Mais pour ce qui était de la réalité, je n'ai jamais revu de petite fille avant d'entrer en sixième, en 1970, date à laquelle est intervenue la mixité au Collège, et c'est à partir de là, sans doute ,en associant la vision de ces êtres étranges au souvenir de cette après-midi mythique que tout a vraiment commencé, me faisant des jupes avec les moyens du bord, qui impliquaient généralement la déformation des cols de mes chandails..., récupérant des bas sous prétexte d'essuyer la poussière sur les disques, etc...

J'ai parlé de "déclic" plus haut, mais le terme est inadéquat, qui implique une conscience dans laquelle celui-ci se fait; or ce n'est pas du tout mon cas; je suis une instinctive et je me suis laissée guider par l'inconscient, sans trop me poser de questions (et j'ai bien fait puisque chaque fois que le mental prenait le dessus, c'était pour m'insuffler dégoût, regrets et amertume...)

A la question de la transidentité chez les enfants, me fait penser à ce film des années 1990 "Ma Vie en Rose" qui abordait cette question. J'en avait pleuré car je me voyais parfaitement à la place de cette petite fille transgenre rejetée par son entourage, jusqu'à finalement son acceptation par sa mère.

A la question, quel est le déclic et quand? Je dirais plutôt quand j'en ai pris conscience. Dans le récit qui suit, je préfère parler de moi au féminin même pour le passé.
Déjà toute petite (on me l'a raconté), les gens me prenaient facilement pour une fille avec des phrases du type "Elle est mignonne cette petite fille". Sous doute les traits fins.
Enfant, j'ai toujours été attirée par les jeux des filles sans vraiment savoir pourquoi. Je jouais volontier avec elles. J'étais déjà fascinée par les jolies robes et désirais déjà les porter.  C'est vers 8-9 ans que j'ai réalisé que je voulais être une fille. Je ne comprenais pas et j'avais pas de mot pour dire ce qui m'arrivait. Je ne connaissais pas les mots.
Plus tard, adolescente, j'ai porté en cachette les vêtements de ma mère et je commençais à me renseigner comme je pouvais s'il était possible de changer de sexe et comment. C'est là que j'ai découvert le terme "transsexuelle" que je trouve offensant. J'ai aussi découvert l'existence de dames comme Coccinelle ou encore du chevalier d'Eon. Il faut dire que dans les années 1980, il n'y avait que trés peu d'infos et on en parlait très mal. Sans compter qu'à l'époque (années 1980) les seules perspectives pour les femmes transgenres n'étaient guère reluisantes, j'ai en mémoire ce documentaire de Murielle DUMAS concernant Simone. Pour ces raisons, j'ai caché ma propre nature et que j'ai même tenté de lutter contre.
J'ai cottoyé des femmes génétiques, mais toujours comme amie ou confidente. Elles avaient toutes senti cette féminité qui était cachée en moi. L'une d'elle qui était ma meilleure amie, m'avait dit un jour que j'ai un coté trés féminin, qu'il était dommage que je sois en conflit avec et qu'au contraire je devais l'accepter comme faisant partie de ma personnalité. Avec le recul, je réalise que cette féminité en moi était bien visible de l'extérieur sans que j'en ai conscience.
Enfin l'arrivée d'Internet m'a fait comprendre que je n'était seule dans ce cas et qu'il existe des sites permettant d'échanger avec mes consoeurs. J'ai ainsi découvert par hasard ABC-Beaumont puis H........... avant qu'une amie me fasse découvrir ce merveilleux site, AGORA. Il y aussi les groupes pour les personnes transgenres sur Facebook, je suis inscrite dans un certain nombres.
Il y a deux ans, je me suis enfin acceptée et j'ai commencé à vivre en femme à temps partiel pour l'instant. Depuis, je me sens plus sereine et un peu plus légère bien que je sois encore dans le placard d'où il faudra que j'en sorte un jour.

Comme beaucoup ici j'ai trainé cette situation de "garçon qui était une fille au fond de lui" toute ma vie et depuis très tôt (6 ans ?).
Tout ce que j'ai su sur la connaissance de mes parents de ma particularité je l'ai su par enquête, mise en lien de souvenirs, notamment une conversation de ma mère avec une tante à mon sujet sur ma spécificité que je n'était pas sensée entendre  .
Les non dits et tabous familiaux sont très puissants.
Mais bon, j'ai quand même réussi à coller un peu les morceaux.

Je suis allée dernièrement en consult chez un urologue spécialiste de certaines pathologies et très au fait des spécificités de la transsexualité.
Lors de l'examen où biopsies et autres joyeusetés furent planifiées, il me dit tout de go "aujourd'hui une telle ambiguïté sexuelle n'aurait pas été opérée, il est interdit aux pédiatres d'intervenir médicalement ou chirurgicalement". On laisse en l'état et c'est à l'enfant vers 14, 15 ou 16 ans de choisir son genre.
C'est vrai que je me souviens, enfant à moins de 10 ans, avoir eu plusieurs interventions et traitements (hormonaux) "pour avoir un beau zizi".
Mais bien sûr, à part me donner une carrure de bucheron, mon "zizi" resta très petit et plein de cicatrices....génial pour jouer au mâle avec un tel bidule....
Mais bon, ce qui est fait est fait et je vais faire en sorte de finir mes jours en ressemblant le plus à celle que je suis.
Déjà je ne peux pas rester sans soutien gorge, efficacité du traitement, quant au "pôle sud", je vais voir si je vais pouvoir enfin avoir ce joli bas ventre lisse parcouru par un petit sillon que j'espère depuis si longtemps.

Au sujet de la transidentité en France, il y a une tendance - ma "fille" à l'appui - à remettre en cause systématiquement son genre chez les ... 15/18 (ou 20 ?) ans. Il y a un double effet de groupe et de réseaux sociaux. Résultat : plusieurs ami.e.s de ma "fille" sont revenu.e.s en arrière. Une amie psy de l'enfance me l'a confirmé récemment.

Je vais oser une comparaison borderline : ce n'est pas parce qu'un vêtement est à la mode que tout le monde doit le porter. Surtout que là on ne parle pas d'une chose qu'on met ou qu'on enlève facilement (tiens ! un avantage pour nous ). Bon moi, je dis cela mais tout me va ...   (pipot de ma part, j'ai des épaules de camionneu...se) 

Note : ma "fille" se sent garçon - confirmé par une spécialiste et clairement visible dès sa petite enfance. Et en plus c'est un zèbre (all in one !)


Sur le quand : comme expliqué dans ma présentation, il y 7 ans donc début de la quarantaine. 
Mais par contre, certains signes ou particularités (ou pas) avant : j'adorais jouer à la poupée avec ma soeur (note : avec ses poupées je précise ... bande de ... ) Barbie et toutes ses tenues !, je crois me rappeler avoir mis devant moi une robe de ma maman vers 10/11 ans (mais pas portée), mon attirance systématique pour des filles avec un petit truc de garçon (mais filles tout de même). Ah les cheveux courts du début des années 90 accompagnés d'un air boudeur ... ça me fait plein de jolis souvenirs de rateaux (arf ...). Maintenant, c'est moins physique mais plus sur le comportement (systématiquement des femmes plus ... "affirmées" et moins girly, mais féminines). Enfin depuis que je connais ma chérie - 24 ans - l'irrépressible envie de lui acheter des vêtements, envie qui s'est calmée - j'aime toujours, voire je choisis mieux - depuis l'arrivée de Garance.
Ah si, l'idée régulière - grosso modo depuis mes 20 ans - qu'avoir un moyen d'être une fille temporairement - une machine ? de la magie ? un échange d'auras ? - ça serait top. Et je précise : pas pour se toucher les boobs, mais pour être une fille.

Hello Chantal,
un beau panel de livre , je serai bien tentée par le dernier de la liste, la dysphorie de genre, il y a eu un Courrier international hors série sur la diversité de genre(fevrier2022) , les nouveaux repères et positionnement homme/femme / trans

parmi les témoignages une jeune femme devenu garçon à 19 ans après un parcours courageux et qui 10 ans plus tard revient dans son genre de naissance , la démarche est là aussi difficile , les "jugements " de ceux qui y voient une trahison s'ajoutent aux questionnements d'une décision peu simple . Je la site :
" je suis à la fois homme et femme ,je suis multiple, je fluctue de l'un à l'autre , et je suis en paix avec mes fluctuations " , Eli Kappo . J'aimerai pouvoir être dans cet équilibre , encore  un peu éloigné... je l'avoue   .
Ils parlent aussi des " Licornes tenaces"  qui vivent en Californie et sont éleveuses de lama (pas le chanteur ... ) , ils me semblent avoir vu passer un commentaire à leur sujet il y a quelques mois , ils parlent bien sur des relations Homme/ femme à travers toute la planète  .
La transition chez les (jeunes ) enfants , comme tout ce qui a trait à l’éducation des êtres en devenir , demande une réflexion détachée des partis pris et de l’excitation médiatique que subissent les sujets de sociétés ébranlant la hiérarchie séculaire , les  deux camps s'efforçant d'argumenter pour démontrer la justesse de leurs propos sans forcement s'informer des études à disposition .
Comme tu le soulignes , Chantal,  <la réflexion  devient slogan > .

Moi,moi !! comme nombre d'entre nous , très tôt j'ai "senti " que quelques choses d'anormal me perturbait , sans savoir aucunement de quoi il pouvait s'agir , juste une intuition qui fait garder le silence sur certains " désirs " : << je pourrais avoir une robe comme mes cousines ?? >> ...tu sens que la réponse va te décevoir , du coup...on élucide ! J'ai deja écris dans ma présentation le milieu dans lequel j'ai grandi , absence total de représentation masculine au quotidien et silence radio sur les géniteurs (je vivais avec une cousine sous le même toit , et qui soit dit en passant jouait un peu à la poupée avec son petit cousin(ne) ... ) . Une éducation verrouillée dans le rôle    (petit) "homme de la maison" , aucune possibilité d'exprimer l'envie d’être pas seulement un "garçon" ,  mais que l'on invite ,fortement,  à participer aux dinettes avec d' autres cousines plus jeunes , un "écartèlement" psychique qui n'a cessé que depuis 3 ans avec l'affichage décomplexé de Lou , mon C.O en fait . Une enfance "cachée " avec toutes ces turpitudes en "cadeau" , mais aussi toutes les montées d’adrénaline que procurent "l'interdit" ! A ce propos,  certaines d'entre vous ont elles été "pécho" en plein
pêché ?? J'ai une fois frôlé la cata avec un oncle venu à l'improviste , j'ai planqué la combinaison que j'avais passé entre mes vêtements en priant (oui j'ai brièvement recouvré la foi (en ayant ...les foies   ) pour qu'il abrège la visite ...Oups ... pas passé bien loin ce coup là !!   .
Suivante !!! Merci madame des hauts pour ce sujet de réflexions ...existentiel !

A demi attrapée par ma voisine du dessous.
Elle et son mari avaient repéré que j'étais à la maison et en profitaient pour venir me "harceler" sur un problème de canalisation (c'est sûr qu'en on ne fait pas de travaux chez soi, plus facile d'accuser les autres).
Bref, ils avaient déjà sonné les 2 derniers coups (no Garance ces jours-là) mais là je ne pouvais plus tenir. Heureusement, quand la voisine a sonné, j'étais habillée mais pas encore maquillée (je me méfiais). Mais je suis un peu près certaine qu'elle a trouvé "bizarre" la bretelle mauve de ma robe sur mon épaule (j'avais à peine entrouvert la porte).
Avantage : elle n'est pas revenue (plus efficace qu'une grosse voix LOL).

Lou a écrit:A ce propos,  certaines d'entre vous ont elles été "pécho" en plein  pêché ??

Par mon voisin oui. Il y pas mal d'années maintenant, j'étais déjà à la limite du coming out avec le voisinage mais pas encore. Je sortais couramment en nana mais mode discret et rentrait de même, de loin ça devait passer inaperçu. Puis un jour en pleine après midi je ne sais pas pourquoi, je n'ai rien fait pour être discrète en me disant "A cette heure, il y a peu de risque de croiser qui que ce soit" (Et un peu de ral bol de la discrétion aussi ^^ ). Je gare ma voiture dans mon box, sors du garage et ... me retrouve face à face avec mon voisin ! Là en plus je n'étais pas en mode décontractée comme souvent mais pomponnée, maquillée et tout, la totale!  Il a à peine réagit, avec le recul je me dit que je n'ai pas dû être si discrète que ça dans le passé. On a discuté tranquillement de ses vacances, m'a demandé si j'allais bien. Bref une conversion sympa comme si de rien n'étais. Curieusement, nos relations se sont même améliorées à partir de là.
Par la suite les autres voisins ont juste été mis sur le fait accompli.. La surprise a éventuellement été pour eux mais là je m'en fichais. Aucun problème à déplorer sinon plusieurs fois une hésitation de la part des hommes du style "Je te fais la bise ou on se sert toujours la main ?"  

Lou a écrit: A ce propos,  certaines d'entre vous ont elles été "pécho" en plein

Pour ma part une anecdote qui m'est arrivée pas plus tard que vendredi...


Une livraison d'un colis Amazon par Chronopost... Le livreur, un habitué de la maison et du magasin ou je travaillais (le patron de la société) a sonné pour déposer le colis..

Lorsque j'étais absent ou pas au magasin on avait convenu qu'il le déposait sur ma terrasse dans un bac prévu à cet effet.


N'ayant pas perdu les bonnes habitudes, il est passé sur le côté de mon domicile et a amené le colis pour le déposer dans le bac et s'est retrouvé face à moi, dans ma tenue préférée en Nana..

Un blanc de sa part, des excuses avant qu'il réalise qui j'étais réellement..

Il s'est installé pour un café et on a discuté, et j'ai compris qu'il se doutait de quelque chose en remarquant mes changement physiques au fil du temps..

un moment de malaise qui s'est vite dissipé en réalité.

Par mon Épouse
Mon épouse étant couchée j etais dans mon bureau devant mon ordi en femme et comme je n avais pas souvent l occasion d être devant l ordi et et de m habiller en femme je n ai pas fait attention a l heure qu il pouvait être  ,  et soudain la porte du mon bureau s ouvre (il était 03h du matin)et mon Epouse me dit tu a vu l heure tu vies te coucher , et soudain ou a tu eu cette perruque ?...... je lui répond que je l avais achetée ..... et elle referme la porte
Me suis dit tantot quand je me lèverais ce sera ma fête . Mais  a mon réveil elle me sert mon café comme d habitude quand je suis a la maison et pas un mot sur ce qui c est passé cette nuit ,  tout le dimanche se passe dans la bonne humeur et pas un mot , aussi comme je repartais le lendemain pour mini la semaine le soir je lui demande si elle a bien vue que j etais en femme quand elle est venue me demander de venir me coucher ?
Réponse : ah je n ai pas rêver alors? .... non........ et elle me dit je n aime pas les hommes qui se donnent un genre , et ça ne va pas plus loin et passons une soirée très agréable comme si de rien n étais

Pendant la semaine j ai gamberger sur se qu elle ma dit "je n aime pas les hommes qui se donnent un genre " en me disant elle accepte  que je me travestisse mais pas devant elle .

Quand je suis rentrée le dimanche suivant je lui ai poser la question , et la sa réponse ma surpris (e)  .........oh si j aimerais te voir en femme ( me suis pas fait prier et suis partie m habiller )

Sachant que je ne me considérai plus comme un homme après cette p....n d opération , elle m a aidée a comprendre ma situation et m a aidée et conseillée pour l habillement et le maquillage , depuis je vis full-time

En fait elle m a toujours garder son Amour et somme restée unie jusqu a son décès  

Je sais que j ai beaucoup de chance par rapport a certaines d entre vous  , c est pourquoi j essaye d aider quelques une ( mais ça c est une autre histoire )

C'est une très belle histoire, Jacqueline

Moi aussi je me suis faite gauler (à défaut de l'être bien (gaulée)). Par la cousine germaine de mon grand-père.

Décidément, je suis en veine de confidences en ce moment... Voilà ce qui s'est passé.

J'étais donc étudiante (en Droit, nulle n'est parfaite) et c'était la période de révision avant les examens de fin d'année. Je crois que c'était l'année de ma licence et il devait y avoir quelque chose comme huit matières d'oral au programme à se fourrer dans le crâne; donc, pour plus de tranquillité et d'efficacité, j'allais réviser toute seule à la campagne (à 70 km de Lyon) dans la maison de mes grands-parents (mon grand-père étant décédé et ma grand-mère vivant avec ma mère et moi). Comme mon nom commençait par une initiale placée assez loin dans l'alphabet je devais bien avoir environ trois semaines de libres, sinon plus... Inutile, je pense, de vous dire dans quelles tenues je travaillais mes cours...

J'avais trouvé à côté de la maison un endroit idyllique entouré d'arbres dans lequel j'avais mis une vieille table de jardin en métal (qui pesait au moins cinquante kilos) et un siège qui allait avec. J'avais mes cours et mes bouquins dessus et je bûchais d'enfer, tout à fait inattentive à ce qui pouvait se passer autour, y compris en limite de propriété, qui se trouvait à environ quinze ou vingt mètres de là.

Alors il faut vous dire que la propriété voisine appartenait à un couple dont la dame était la cousine germaine de mon grand-père; donc on se connaissait depuis ma naissance et on se voyait souvent, se faisant des grands gestes quand on se trouvait dehors et à portée de vue.

Et justement, au bout d'un moment, je remarque quelqu'un qui s'agite derrière sa clôture: la cousine G ! Et la force de l'habitude aidant, je réponds par des signes de la main. Panique un millième de quart de seconde après: qu'ai-je fait !!!!???? Est-ce qu'elle m'a vue ? Evidemment, sinon elle ne ferait pas de grands "Hou-hous"! Que dois-je faire, comment me tirer de là ? Faire semblant de ne rien voir et de ne rien entendre ? Trop tard ! Me replonger dans mes bouquins comme si de rien n'était ? Je ne peux quand même pas faire ça ! Me lever et aller la voir comme je fais quand je suis en garçon ? Impossible, voyons ! Et la voilà qui parle maintenant ! Il va falloir que je réponde ! Que dit-elle ? "Vous pourrez dire à (Ici, mon prénom de garçon) qu'il vienne chez nous pour prendre le paquet pour sa mère ?" (avec le temps, j'ai oublié de quoi il s'agissait). Je fais de grands signes de tête et des gestes pour dire "oui" et la cousine s'en va en me faisant un dernier salut de la main, auquel je réponds de même... Ouf !

Oui mais bon... le reste de la journée se passe avec l'angoisse de devoir aller chez la cousine pour récupérer le fameux paquet.... Ai-je été percée à jour ? Je ne pense pas... Mais les questions ne vont pas manquer de fuser... Que vais-je répondre ? Le soir venu, la mort dans l'âme, je me rhabille en garçon et me rends ainsi chez la cousine, qui me remet le paquet et naturellement me pose quelques questions inévitables dont la principale est: qui est la jeune femme à laquelle elle a parlé l'après-midi ? Je balbutie que c'est une copine étudiante qui vient réviser avec moi (parce que ça permet de se poser réciproquement des questions et donc de mieux préparer son oral... spa ?)

Par la suite, pendant deux ou trois jours, je ne sors plus de la maison en fille mais à la fin je n'y tiens plus et je me trouve un autre coin dehors pour travailler... Celui-là est plus près de la route et les voitures qui passent peuvent me voir, mais qu'est-ce que cela peut faire, à la vitesse où elles roulent ?

L'histoire ne s'arrête naturellement pas là... Car évidemment le téléphone a dû chauffer pas mal, et de retour à Lyon ma grand-mère me bloque dans un coin: elle veut tout savoir de l'inconnue! Nom, prénom, adresse, ce que font les parents... Je dois improviser toute une biographie en quelques secondes, allant même jusqu'à fixer son adresse Rue de la République (immeubles chics et trop éloignés pour que ma grand-mère y aille), prétextant ne pas savoir par coeur son numéro de téléphone et pouvoir le donner plus tard (ce qu'oncques ne fis, bien sûr)

Je passe sur les demandes pressantes de l'inviter chez nous, qui ne trouvèrent jamais d'écho, et avec le temps les choses finirent par se calmer, sans doute au regret de ma mère et de ma grand-mère que cet intermède avait peut-être temporairement distrait de leur inquiétude, causée par le fait que je n'avais jamais ramené de petite amie chez nous et qui, je le voyais bien, grandissait avec le temps...


Sinon, j'ai été aussi une fois indirectement gaulée par ma mère, comme je l'ai déjà raconté ici: très peu d'années plus tard, après mes maîtrises, j'intégrai une école de l'Etat et dus m'exiler dans une autre province pour un an. Quand je préparai ma valise, je n'y mis quasiment que des affaires de fille... Et ma mère eut l'excellente idée d'y ajouter je ne sais plus quoi, peut-être un pull-over, qui prouvait qu'elle l'avait ouverte. Pourquoi le laissa-t'elle ? Pour me faire croire qu'elle n'avait rien vu ? Pour au contraire me signifier que ça n'avait pas d'importance ? Mystère, car elle n'y fit jamais la moindre allusion. Mais j'imagine qu'alors elle comprit pleinement "l'incident de l'inconnue" survenu quelques années auparavant...

Ma mère aussi a été au courant dès le premier jour mais n'a jamais rien dit et m'a même fait une petite grade robe avec des vêtements et sous vêtements à elle.
Ahhh l'amour et le tolérance d'une mère......mais purée que c'est contre productif tous ces secrets et tabous de famille !!!!!!

Patricia R a écrit:Ma mère aussi a été au courant dès le premier jour mais n'a jamais rien dit et m'a même fait une petite grade robe avec des vêtements et sous vêtements à elle.
Ahhh l'amour et le tolérance d'une mère......mais purée que c'est contre productif tous ces secrets et tabous de famille !!!!!!

C'était à quel âge, ce premier jour, si j'ose poser la question ? Car c'est là le fond du sujet (qui, comme toujours sur Agora , a un peu vrillé vers des narrations d'expériences bien ultérieures à l'enfance/adolescence).
Un tel soutien est à la fois rare et exemplaire : mais tout dépend du niveau de conscience personnelle, bien différent avant 10/12 ans et après, et de sa motivation. Pour un enfant une analyse approfondie doit précéder l'attitude adoptée, et une mère (car c'est quasiment toujours la mère qui adopte l'attitude de soutien ) ne doit pas gérer la situation sur la base de "il est trop mignon comme ça" ou "si ça lui plaît tellement, pourquoi le contrarier ?", voire même inconsciemment " ça tombe bien, j'aurais préféré avoir une fille", etc
Ou, si vous préférez, une réaction irréfléchie d'amour maternel peut brouiller la nécessaire évaluation objective de la pulsion transidentitaire. De même qu'une réaction spontanée de rejet est dommageable, et même plus encore.

[i]" C'était à quel âge, ce premier jour, si j'ose poser la question ? "
Je me souviens qu ma grand mère avait remarqué que je portais ses gaines et combinés (très à la mode dans les 60's) dès mes 6-7ans. Ma sœur m’habillait souvent en fille...et les gens m'appelaient mademoiselle.
Rapidement ma grand mère me mettait des sous vêtements "à disposition". Quand j'ai été plus grande et que je suis revenue vivre chez mes parents, je piquais les sous vêtements, chaussures et vêtements de ma mère. Comme par hasard, pendant les vacances et les jeudis, sur la chaise de sa chambre il y avait toujours de quoi me vêtir ....elle est même allée jusqu'à m'acheter des vêtements à ma taille quand j'ai eu dépassé sa taille. Ça s'est arrêté à l’entrée au lycée où j’étais interne. Elle savait donc parfaitement mais elle est décédée sans que nous n'en n'ayons parlé. Je n’évoque même pas mon père dans tout ce parcours !

Tabous et non-dit familial, Grrrrrrrrrrrrrrrr

chantal92 a écrit:Ou, si vous préférez, une réaction irréfléchie d'amour maternel peut brouiller la nécessaire évaluation objective de la pulsion transidentitaire. De même qu'une réaction spontanée de rejet est dommageable, et même plus encore.

Excellente remarque de Chantal, à mon sens. Mais je pense aussi que la "pulsion" n'est pas transidentitaire à la base, elle le devient quand on commence à s'interroger dessus et quand l'entourage la désigne comme telle; car quand on commence à y céder on ne sait pas exactement pourquoi, c'est juste de l'instinct à l'oeuvre. Quand je bricolais mes vêtements pour les féminiser, je ne me disais pas "je suis une fille, donc je dois m'habiller en fille"; à dire vrai, je ne savais pas pourquoi je le faisais (et je ne suis pas sûre de le savoir davantage aujourd'hui).

Et la mère n'est pas seule à intervenir dans le processus complexe qui nous influence: combien de fois ai-je entendu dans ma petite enfance "Il est sage comme une fille", "il est mignon comme une fille", etc.... ! Et d'ailleurs, curieusement, toujours de la part de femmes, ce qui valide et élargit la remarque de Chantal.

moi ce fut vers 6/7 ans, mais seule.
la vision de mes parents, ben c'était 2 adultes, point barre. Ils ne s'occupaient pas trop de moi, si ce n'est le fait que je reste dans l'appartement. A l'école ce n'était que des garçons.
Donc je me suis inventé une vie parallèle dès que j'était sous les draps. Je pliais deux mouchoirs en triangle, je nouais et ça me faisait une petite culotte. Et je dormais comme ça. Bizarre puisque je n'avais jamais vu de petite culotte avant, mais j'étais heureuse.
Puis comme j'habitais dans une cité ouvrière, avec 2 copains d'école, on montait jouer au grenier. La il y avait une montagne d'habits laissés par un précédent locataire. Donc on triait et on se déguisait. Je ne sais pas pourquoi mais le premier habit que je trouvai potable pour moi fut une jupe à volant, et je la mettais bien dans un coin pour la retrouver le jeudi d'après. Comme un de mes copains avait noté ma préférence, il eu la bonne idée de piquer un collant à sa grande soeur et de me le ramener. Un vrai déclic, la panoplie parfaite. De jeudis en jeudis j'eu finalement l'idée de sortir mes deux habits fétiches et de les mettre dès le premier bosquet contourné et de partir en vélo comme ça, au grand étonnement de mes copains. Passé la rigolade, ils n'y virent rien de bien méchant, et nos jeudis se passaient comme ça à travers champs et chemins.
Bien que ce soit des copains d'école, ça restait notre secret et moi j'adorais ces caresses d'une collant mousse sur mes jambes. Les collants se suivirent (les ronces) mais la jupe resta, même quand je parti en pension dans une autre ville du département.
Mais la c'est le début d'une autre histoire...