profiter....

Dans tous les interviews de télé-trottoirs on entend depuis des mois un mot qui revient sans cesse ad nauseam : "profiter " ! Quelle que soit la chose dont on "profite" . Une espèce de boulimie s'est emparé de la population, en réaction bien sûr à la pandémie, mais qui ne fait que révéler ce qui était plus ou moins enfoui jusqu'alors sous une couche de décence relative.
Certes, Marc-Aurèle nous invitait lui aussi à profiter de la vie , mais dans un contexte d'équilibre et de réflexion, pas dans la précipitation orgiaque sur les routes, les plages et les stands de sandwichs et de glaces....

Et Wolinski avait raison, quand il écrivait :"La vraie question, c'est "Comment profiter de la vie au maximum ? La vraie réponse, c'est "En évitant de se poser les vraies questions !". Ce qui illustre assez bien la nature de certains débats menés sur ce site, entre les tenantes du "vivre spontanément" et celles du "interrogeons  nous sur nous-mêmes", débat bien plus intense chez les transgenres que chez les autres...  

Il y a des jours où le requin est fatigué de nager et se demande si toute la quête de la féminité n'est pas finalement que la tentative enfantine d'attraper sans la détruire une bulle de savon irisée...

Et pour vous faire ressentir mon  scepticisme du jour, je vous propose un extrait du film "Babylon Berlin", avec la chanson "Zu Asche, zu Staub " (Cendres et poussière"), chantée par une travestie, et qui annonce, en 1931, le destin de Berlin....

https://www.youtube.com/watch?v=QEFdrQcrjTU

Toi, quelqu'un vient de te parler des dégats du gel dans les vignes de Champagne . . .

Le souci quand on veut réfléchir efficacement, c'est qu'il faut prendre du recul, on se retrouve spectateur et non plus acteur . . . la vie est mal faite, il faudrait arriver à faire les 2 en meme temps . . . j'ai trop souvent constaté qu'à trop perdre du temps à réfléchir le train était déjà trop loin lorsqu'on arrivait à la conclusion qu'il fallait le prendre . . . ou en bourse qu'il était trop tard pour en descendre, lol

C'est aussi une vieille tactique de management des ateliers, un salarié occupé ne se pose pas des questions gênantes, en cas de sous activité on fait repeindre la voirie ou on organise des stages . . . .  à mon avis ça explique pourquoi on voit autant baisser les taux de contamination, tous ces cons-finés condamnés à l'inaction risquaient de se mettre à réfléchir . . .

De mon côté je commence de plus en plus à me demander s'il ne faut pas "en profiter" avant que ça nous péte à la figure . . . ou que les requins se mettent à se bouffer entre eux . . .

Sachant que de toutes façons il reste une sacrée ardoise à éponger, plus la consommation reprendra fortement et moins il faudra compléter  . . .

Et puis on dira ce qu'on voudra, l'Allemand reste une très belle langue lorsqu'il est chanté . . .

Et tu fais bien de me rappeler que j'ai promis des photos de mon Staub à moi, avec lui pas de cendres mais plutôt Zu Rauch, zu Staub    

Sachant que sur le fond, ta remarque me fait penser à un ami qui me disait récemment que le vaccin avait fait remonter son diabete . . . en approfondisant un peu il m'a avoué être repassé à 2 doses de whisky par repas . . . il y a indéniablement un effet "libération"

 

J'ai visionné la video que tu as mise en avant, Chantal, et parmi les videos qui m'étaient proposées par le réseau social, il y avait la chanson ci-dessous que j'écoute souvent et qui représente bien mon état d'esprit actuel. Elle pourrait correspondre à une réponse à ton doute :
Feu! Chatterton - Monde Nouveau

chantal92 a écrit:Dans tous les interviews de télé-trottoirs on entend depuis des mois un mot qui revient sans cesse ad nauseam : "profiter " ! Quelle que soit la chose dont on "profite" . Une espèce de boulimie s'est emparé de la population, en réaction bien sûr à la pandémie, mais qui ne fait que révéler ce qui était plus ou moins enfoui jusqu'alors sous une couche de décence relative.
Certes, Marc-Aurèle nous invitait lui aussi à profiter de la vie , mais dans un contexte d'équilibre et de réflexion, pas dans la précipitation orgiaque sur les routes, les plages et les stands de sandwichs et de glaces....

Bonjour Chantal,
je vois le terme profiter comme toi je crois, peut-être comme Marc-Aurèle (que je n'ai pas lu). Quand je dis à une personne aimée de profiter de son weekend, c'est un rappel à s'engager dans ce qu'elle fait, à ne pas vivre une situation en pensant à autre chose, par exemple en pensant au boulot du lundi.

Pour moi et pour beaucoup de ceux que je connais : profiter c'est chasser les parasites qui empêchent d'être présent à ce qu'on fait, en particulier d'être présent à notre  plaisir. Parasites comme les pensées parasites qui nous empêchent de goûter consciemment la fraicheur d'un verre d'eau, parce qu'on boit mécaniquement en pensant déjà à l’emplacement où on va ranger le verre après. La consommation distraite ou passive ne me profite pas, pire: elle me laisse un goût de cendre dans la bouche.

Si je mange des glaces convulsivement pour boucher un vide intérieur, compenser une petite déprime, il s'ensuit que je n'en retire qu'une nouvelle déception, j'ai eu le sucre agréable qui récompense, mais qui, vite avalé, ne me rassasie pas.

C'est l'implication, l'engagement qui me permettent d'avoir les sensations qui m'épanouissent, qui me permettent de profiter de la vie.

chantal92 a écrit:Dans tous les interviews de télé-trottoirs on entend depuis des mois un mot qui revient sans cesse ad nauseam : "profiter " ! Quelle que soit la chose dont on "profite" . Une espèce de boulimie s'est emparé de la population, en réaction bien sûr à la pandémie, mais qui ne fait que révéler ce qui était plus ou moins enfoui jusqu'alors sous une couche de décence relative.
Certes, Marc-Aurèle nous invitait lui aussi à profiter de la vie , mais dans un contexte d'équilibre et de réflexion, pas dans la précipitation orgiaque sur les routes, les plages et les stands de sandwichs et de glaces....

J'ai une autre lecture de ce genre d'infos. Sans doute par déformation professionnelle, j'y vois surtout de la communication. C'est à dire que l'on retient des interviews effectuées des passants que celles qui servent le message que l'on veut faire passer. Dans le cas présent, c'est Consommez !

On nous rabâche que les gens ont fait des économies durant la pandémie (ah bon, avec 80% de son salaire je ne vois pas comment cela est possible quand on doit continuer à payer un loyer ou rembourser des crédits). Alors maintenant il faut relancer la machine, pour continuer comme avant. Consommez car vous avez plein d'argent à dépenser, car vous n'avez pas pu acheter pendant les confinements (sauf sur internet). La liberté retrouvée c'est de pouvoir consommer. Je ne pense pas que cela soit partagé par la majorité d'entre nous mais les réponses dépendent surtout de comment on pose la question...

Je m'énerve mais j'en ai marre des mêmes refrains toujours répétés.

Bises

PS : depuis le dernier déconfinement, j'ai acheté plusieurs vêtements en boutique. Plaisir de discuter avec les vendeuses, plaisir de porter de nouveaux modèles...

Daniela a écrit:

chantal92 a écrit:Dans tous les interviews de télé-trottoirs on entend depuis des mois un mot qui revient sans cesse ad nauseam : "profiter " ! Quelle que soit la chose dont on "profite" . Une espèce de boulimie s'est emparé de la population, en réaction bien sûr à la pandémie, mais qui ne fait que révéler ce qui était plus ou moins enfoui jusqu'alors sous une couche de décence relative.
Certes, Marc-Aurèle nous invitait lui aussi à profiter de la vie , mais dans un contexte d'équilibre et de réflexion, pas dans la précipitation orgiaque sur les routes, les plages et les stands de sandwichs et de glaces....

J'ai une autre lecture de ce genre d'infos. Sans doute par déformation professionnelle, j'y vois surtout de la communication. C'est à dire que l'on retient des interviews effectuées des passants que celles qui servent le message que l'on veut faire passer. Dans le cas présent, c'est Consommez !

On nous rabâche que les gens ont fait des économies durant la pandémie (ah bon, avec 80% de son salaire je ne vois pas comment cela est possible quand on doit continuer à payer un loyer ou rembourser des crédits). Alors maintenant il faut relancer la machine, pour continuer comme avant. Consommez car vous avez plein d'argent à dépenser, car vous n'avez pas pu acheter pendant les confinements (sauf sur internet). La liberté retrouvée c'est de pouvoir consommer. Je ne pense pas que cela soit partagé par la majorité d'entre nous mais les réponses dépendent surtout de comment on pose la question...

Je m'énerve mais j'en ai marre des mêmes refrains toujours répétés.

Bises

PS : depuis le dernier déconfinement, j'ai acheté plusieurs vêtements en boutique. Plaisir de discuter avec les vendeuses, plaisir de porter de nouveaux modèles...

Attention ! Distinguons bien "consommer", activité aliénante, et "acheter en boutique" pour pouvoir créer du lien social !  

Je t'adore !

j'abonde dans le sens du message de Daniela, et le véritable probleme n'est pas forcément le message mais le comportement des destinataires qui réagissent comme des moutons . . .

Mais je ne veux pas pour autant mettre Daniela au chomage . . . la remise en cause de l'exploitation des plus faibles reviendrait à vouloir pétarder toute l'histoire de l'humanité . . . c'est sans doute ignoble, mais il n'y a guere d'autre choix au niveau individuel que d'essayer d'etre du bon côté de l'enclos . . . et donc d'exploiter le bétail si on veut y rester  . . .

Stephanie Dupont a écrit:c'est sans doute ignoble, mais il n'y a guere d'autre choix au niveau individuel que d'essayer d'etre du bon côté de l'enclos . . . et donc d'exploiter le bétail si on veut y rester  . . .

Je crois que l'on sort complètement du sujet de cette rubrique mais c'est le propre d'un forum de dévier parfois du thème initial, alors je poursuis cette discussion.

Je ne suis pas d'accord avec toi Stéphanie. C'est à ceux et celles qui se rendent compte de la situation, de ne pas en profiter et d'essayer de faire évoluer les choses vers un mieux. Je ne parle pas de tout révolutionner mais d'éviter de répéter ce qui n'est pas bon.

J'ai toujours considéré que c'est au plus fort de protéger le plus faible. C'est sa responsabilité. Trop facile de taper un moins fort que soi, ou de mener par le bout du nez un moins intelligent que soi. Quant à l'être humain, avec ses connaissances et ses capacités intellectuelles, il ferait mieux de préserver la vie sur Terre plutôt que de continuer à l'exploiter et de rêver que Mars sera son prochain Eden pour poursuivre à satisfaire son avidité.

Bises

Daniela a écrit:Je ne suis pas d'accord avec toi Stéphanie.
Bises

Moi non plus rassure toi, je fais simplement le constat qu'il est difficile de faire autre chose que d'encourager ce systeme assez desespérant . . . et quoi qu'on puisse en penser . . . rappelle toi de ce que disait Coluche sur l'inverse de l'exploitation de l'homme par l'homme . . . mon image est choquante mais j'ai peur qu'elle soit malheureusement assez conforme à la réalité subie par le plus grand nombre . . il faut surtout la comprendre comme une caricature assez acide . . .