L'amant, la déchetterie, et la féminité

Bonjour Daniela ,
peut être que tu pourrais d'octroyer une sorte d'année sabbatique ,comme dans les entreprises , ou un mois pour démarrer en choisissant un  mode immuable durant cette période . Je suis comme Helyette je veux tout !! Mais ce n'est pas tout les jours "l'euphorie" ...la vie  en somme ...
bise à toi.

Pour le choix de vie Homme ou femme il est vrai que la relation avec les autres changent totalement et c est une expérience formidable ,
Perso dans une vie j en ai eue deux , soixante ans homme ( surtout avec ces défauts), et maintenant déjà quinze ans femme et pas qu en apparence mon mental a suivi .
Bien sur je comprend que pour certaine le choix soit difficile , j ai eue la chance extraordinaire que mon Epouse non seulement l accepte mais ma aidée a comprendre ce qui m était arrivée après mon opération , mes Enfants l ont accepté également bien que pour eux je suis toujours leur Père .( leurs ai dit , vous n êtes pas obligé de m appelé maman non plus)
Vois tu Daniéla si tu te pose toujours la question , c est effectivement que tu n es pas prête a devenir full-time , mais comme dit Hélyette soit les deux êtres de ta personnalité , maintenant ce n est que mon avis

Daniela a écrit:
En y réfléchissant, je me dis que si ces questions perdurent c'est que je ne suis pas prête à quitter mon enveloppe masculine, et la réponse s'imposera d'elle-même, s'il me faut l'abandonner.

Jacqueline a raison de dire que si tu te poses la question, c'est que tu n'es pas prête (encore ?) à passer au fulltime.

Et Hélyette a aussi raison en écrivant qu'il vaut mieux ne se priver de rien.

Mais Hélyette vit "en même temps" les modes H et F, et semble passer de l'un à l'autre avec d'autant plus de facilité que son épouse est tolérante.
Jacqueline, elle, a connu deux vies successives, ce qui est bien différent.

Il me semble qu'il y a un point de non-retour : passer au fulltime pendant un an pour voir ce que cela donne, ne me paraît pas raisonnablement envisageable. D'abord, d'après ce que tu nous en a dit, ce sera la rupture assuré avec ta compagne, et sur ce point il n'y aura pas de retour possible. Ensuite avec tes collègues, autant un basculement sera sans doute très acceptable, autant un come-back de ta version masculine te poserait de gros problèmes.

Et dis-toi bien que le fruit ne décide pas de tomber, il tombe quand il est mûr et qu'il a accompli son cycle naturel.

Il est clair que, vu l'insistance de ton questionnement (ce n'est pas un reproche, car ton problème actuel n'est que la phase exacerbée de ce que nous vivons tous/toutes en partie, avons vécu ou vivrons), ta pulsion féminine est à la fois l'expression d'une exigence très forte de ta nature profonde et aussi par là-même source d'une vraie problématique qui envahit peu à peu ta vie.

Après avoir finalement admis une fois pour toute ta dimension féminine, il te faut maintenant la contrôler dans le double cadre de ton environnement social (tout à fait faisable, il y a beaucoup d'exemples sur ce site) et, plus difficile, dans celui de ta propre personnalité : il ne faut pas qu'une forme de schizophrénie s'installe comme conséquence du refus d'un choix radical entre deux modes d'existence. Je te rassure : il me semble que tu en es encore loin.

Mon conseil : accordes-toi une pause-étape, remplaces, au moins provisoirement, ton questionnement par un vécu sans contraintes de ta double nature (cela sera d'autant plus aisé que tu n'as pas de problème d'acceptation par autrui en tant que femme), sous une forme plus extensive que jusqu'à présent. Tu  vas peut-être t'apercevoir que vivre ainsi est source de satisfaction suffisante, à défaut d'être idéale sur le plan fantasmatique, mais qui pourrait, lui, s'avérer décevant en" pour de vrai". 

Ce n'est qu'à partir du moment où cela te paraîtra, je ne dis pas insuffisant, mais carrément insupportable, qu'il faudra te reposer la question et choisir.

La synthèse de Chantal me semble pertinente. Tu sembles apprécier les deux genres et tu as la chance de pouvoir les exprimer naturellement avec succès (C'est à dire avec un minimum d'artifices). Ce qui est quand même assez exceptionnel. Pourquoi s'en priver. Tant que tu ne ressens pas un manque ou un mal de vivre, tout va bien...
:souri:

Danièla: sois ce que tu as envie quand tu en as envie !

Vous êtes toutes pleine de sagesse et vos propos le sont aussi.

Cependant les rapports sociaux ne sont pas à négliger, comme par exemple avec les collègues.

Si je pouvais, je me rendrais au bureau, parfois en mode masculin, parfois en mode féminin, mais cela est impossible car les autres ne sauraient jamais comment se comporter vis à vis de moi :-)

Il faut donc, même si on adopte les deux genres, choisir celui qui est "dominant".

Bises

Déchetterie (suite et fin).

Je vais vous relater la dernière visite à la déchetterie.

Me rendant compte que j'aurai encore beaucoup d'allers et retours à effectuer pour y apporter tout ce que nous avions à y déposer, ma femme et moi avons loué une camionnette pour transporter en une seule fois tout ce dont nous voulions nous débarrasser.

Ma femme étant malade en voiture quand elle est passagère, elle a préféré conduire, même si la déchetterie n'est qu'à une dizaine de kilomètres de notre domicile.

Je m'étais habillé(e) comme les fois précédentes, sauf que j'avais mis un long anorak léger, pour me protéger de la pluie fine qui tombait. Et aux pieds, à la place des vieilles baskets, des bottes de jardin pour marcher dans les flaques d'eau. Je précise que ce sont des bottes de couleur kaki, pas du tout les bottes citadines en caoutchouc aux motifs à la mode. Non, les bottes que je mets en temps normal pour nettoyer notre terrain de la broussaille envahissante.

Le seule élément féminin de ma silhouette était un bob sur ma tête. Je dis féminin car je l'ai acheté dans le rayon des accessoires pour femme. Il est noir brillant. Je me couvre avec quand nécessaire lorsque je sors, que ce soit pour mes loisirs ou pour me rendre à mon travail. D'ailleurs, j'ai une collègue qui a le même.

Ce fut l'employé habituel qui nous accueillit, nous appelant Madame à tour de rôle, et cela plusieurs fois au cours de notre présence sur place. Je ne sais pas si c'est pour cela qu'il nous a aidées à décharger le véhicule, alors qu'il est tenu à ne pas le faire pour respecter les nouvelles règles d'hygiène mises en place pour lutter contre la propagation du virus.

Sur le chemin du retour, ma femme me dit "Alors c'est Madame même quand tu portes un masque". Ce à quoi j'ai ajouté "Et même en ta présence". Pourtant, nous avions l'attitude d'un couple, que ce soit dans nos échanges verbaux ou nos gestes, me réservant les objets les moins faciles à porter car elle a mal au dos.

Et là j'ai compris pourquoi ma femme n'a jamais souhaité sortir avec moi alors que je suis en mode féminin. Notre relation de couple ferait que nous serions prises pour des lesbiennes, ce qui porterait un regard faux sur nous. Que je sois en mode masculin ou féminin, elle garde sa même apparence extérieure. Elle ne va pas jouer à être "plus femme" que moi.

Devenir mon amie complice, cela serait compliqué aussi, d'autant plus qu'elle n'a aucun plaisir à faire du shopping. Elle reste ma femme, et me laisse suffisamment de liberté pour vivre ma féminité en dehors de notre couple.

C'est pourquoi je ne m'imagine pas lui imposer ma présence si la nécessité de vivre pleinement ma féminité m'amène à vivre en full-time. Il ne sera pas possible de faire comme si de rien n'était, comme si rien n'aurait changé entre nous. C'est avec un homme, même féminin, qu'elle a choisi de vivre, pas avec une femme, même transgenre.

Imaginons l'inverse. J'aurais du mal à accepter que ma femme devienne un homme, sans inverser les rôles au sein du couple. Je n'évoque pas uniquement l'adoption d'une apparence masculine mais qu'elle (plutôt il) vit en tant qu'homme alors que je reste moi aussi homme. Cela changerait les relations de notre couple, même si l'amour subsiste.

Lorsque je me suis rendue la première fois à cette déchetterie, j'étais loin de m'imaginer que ma féminité s'y manifesterait et que je prendrai conscience que vivre en tant que femme ferait socialement de ma femme et moi, un couple de lesbiennes. Il est impossible de nier que cela n'a pas de conséquence. Au contraire, je crois que ça change tout et n'est pas sans poser de problème.

Bises

Merci Sophie pour ton message positif, de soutien même.

Je veux préciser que ma femme se fiche complètement du "quand dira-t-on", de ce que pensent les autres. Je me suis mal exprimée quand je parlais du couple de lesbiennes que nous formerions si je passais en full-time.

Ce sont les rapports entre nous qui changeraient, même si nous ne suivons pas les rôles traditionnellement dévolus aux deux sexes dans notre quotidien, comme par exemple le fait que je sois incapable de manier un marteau et que ce soit elle qui effectue les menus travaux d'entretien.

C'est au niveau de notre relation intime (je n'évoque pas ici le plan sexuel) qu'elle serait mal à l'aise. Tout bêtement, si je vivais en femme, elle continuerait à m'appeler chéri ou elle devrait dire chérie ? Vous voyez ce que je veux dire ? Le changement que cela provoquerait dans notre relation de couple ?

Vivre avec un homme ou une femme sous le même toit, ce n'est pas pareil pour soi. Et si vivre avec une femme ne correspond pas à ma femme, je ne veux pas lui imposer. Et puis, je ne suis pas certaine que cela me correspondrait de vivre avec une femme si je me débarrassais de mon enveloppe masculine...

C'est une évidence qui m'est venue après notre visite de la déchetterie, en réaction au comportement de l'employé. C'est dans la supposition où j'aurais le besoin de vivre en full-time, ce qui n'est pas le cas à présent.

Je vais donc suivre sagement ton conseil Sophie, et continuer à vivre ma féminité comme je le fais, en préservant l'équilibre créé avec ma femme au sein de notre couple.

Bises

Daniela a écrit:out bêtement, si je vivais en femme, elle continuerait à m'appeler chéri ou elle devrait dire chérie ?

Phonétiquement, ça passe !

Je vais préciser mes propos.

J'ai écrit chéri/chérie comme exemple. J'aurais pu aussi écrire mon lapin / ma lapine.

Car bien sûr, ce n'est pas le nom doux qu'elle me donne. Je le garde pour moi. Mais ce nom entre nous est bien du genre masculin, et son féminin ne peut pas être confondu, même phonétiquement.

Si j'ai choisi d'évoquer les noms doux entre un couple, c'est pour montrer que de choisir de vivre en tant que femme change le rapport entre deux êtres, même si l'amour reste le même. Et cela change au sein même du couple, en dehors des relations avec l'extérieur, que ce soit avec les intimes ou le voisinage.

Vivre en tant que femme est un choix de vie, pas seulement une liberté gagnée pour avoir l'apparence souhaitée. Et ce choix de vie a forcément des conséquences avec la personne avec qui on vit.

Si en tant qu'homme, je ne vis pas avec un homme, ce n'est pas parce que je suis contre l'homosexualité, mais c'est parce que cela ne me correspond pas, en dehors de toute considération sexuelle. Je me vois mal partager mon quotidien avec un homme. Je suppose qu'il en est de même pour ma femme. Vivre avec une femme ne lui correspond pas. Pourtant elle accepte ma féminité, puisqu'en sa présence je porte des vêtements féminins (mais pas aussi marqués qu'une robe ou une jupe). Je pense qu'elle aime ma féminité au travers du prisme masculin.

Par l'anecdote de la déchetterie, j'ai voulu exprimer cette prise de conscience de ma part, que ce n'était pas un caprice ou une quelconque jalousie de sa part, de ne pas vouloir (ou plutôt pouvoir) vivre des rapports sociaux avec moi, lorsque ma féminité est exprimée de façon très visible (maquillage...).

Désolée d'être revenue sur le sujet pour préciser ma pensée. On voit là la limite de l'exercice d'échanger via des mots, d'où l'importance de se rencontrer pour dialoguer.

Bises