L'amant, la déchetterie, et la féminité

On dirait le titre d'un film de Rohmer. Quand vous aurez lu mon histoire, vous vous direz que je suis devenue folle, et que la mère Danièla se fait des films. Cependant, je vous assure que tout est vrai.

Pour mieux comprendre, je vais commencer mon récit bien en amont.

Depuis le confinement, mon amant et moi n'avons pu nous revoir. Afin de rendre cela moins difficile, nous avons convenu de nous appeler régulièrement au téléphone. Je profite de ma sortie hebdomadaire du mercredi (sorties lisibles sur le forum : Chronique d'une confinée picarde), pour échanger avec lui quelques mots doux. Mais mercredi dernier, il a eu un empêchement, me proposant de nous retrouver (par la voix) le samedi. Je lui avais indiqué mon intention de me rendre en ville ce jour là, pour flâner dans les rues et papillonner dans les magasins.

Mais à l'annonce de la pluie prévue, j'ai reporté ma sortie "shopping" à une météo plus clémente. A la place, j'ai programmé de commencer à vider mon garage, qui au fil du temps est devenu un véritable débarras de bric et de broc, avec comme point d'orgue, le dépôt en déchetterie de divers objets inutiles.

Malgré tout, mon amant souhaitait maintenir notre rendez-vous téléphonique. J'ai refusé, car comme je lui ai dit, lorsque j'irai à la déchetterie, je ne me vêtirai pas de mes plus beaux atours :-)
Pour mon amant, cela ne changeait rien. Il m'a rétorqué que je resterai autant féminine en salopette, car ma féminité est en moi et est indépendante de mon aspect extérieur.
J'ai trouvé qu'il exagérait. Soit c'est l'amour qui le rendait aveugle, soit il est tellement gentil, qu'il voulait me rassurer. Pour moi il est hors de question que je m'adresse à lui en mode masculin, même par téléphone, par correction envers lui.
Au final, nous avons convenu que la sortie de mon rendez-vous chez l'esthéticienne serait plus propice, car après mon épilation je me sentirai toute fraîche. Pour la petite histoire, je n'ai pas pu m'empêcher de m'y rendre vêtue au féminin (corsaire et tee-shirt), mais sans maquillage.

Le lendemain, donc samedi, j'enfile de vieux vêtements pour m'attaquer au tas de merdiers empilés. J'en extrais les appareils électriques usagés, les mets dans le coffre de la voiture et me rends à la déchetterie.

A l'entrée, le gardien me demande si j'ai pris rendez-vous. Les nouvelles consignes sanitaires obligent de s'inscrire en ligne pour réserver une plage horaire. Je confirme en lui donnant mes nom et prénom (est-ce utile de préciser qu'il s'agit de mon prénom masculin de naissance) tout en lui présentant ma carte d'identité. Après vérification visuelle, voyant le type d'objets que j'apportais, il me montre du doigt un endroit, me précisant "vous pourrez déposer vos objets dans les bacs grillagés Madame".

Quoi ! Madame ! Mais pourquoi ? Le beau temps revenu en fin de journée, je porte des lunettes de soleil (mixte, pas du tout des lunettes de star) et au bas du visage, un masque "anti virus" de tissu uni bleu marine foncé, qui n'a absolument rien de féminin. Au contraire, il donne un air sévère. Pour couronner le tout, j'ai attaché mes cheveux à la va-vite, avec ma barrette habituelle, qui est noire (d'ailleurs j'en ai repéré de bien plus belles au niveau couleur sur le net), avec laquelle je vais au bureau. Et puis même s'il s'était aperçu que mes cheveux descendaient le long du dos, il avait lui même des cheveux longs, blonds bouclés, qu'il avait laissé libres.

Un peu interloquée, je me rends au lieu indiqué et commence à faire les allers-retours entre mon coffre et les bacs. Je vois le gardien venir vers moi. Je me dis que voyant mon look, il allait se rendre compte de son erreur. En effet, je portais un vieux jean de mec des années 90 et une chemise elle aussi en jean, toute délavée, qui me servent lorsque je débroussaille le jardin.
Je le vois qu'il prend des grilles, pour en former un nouveau bac, les précédents étant pleins. "Voilà Madame, vous pouvez déposer vos objets dans ce bac". De mieux en mieux ! Personne ne me fera croire que ma féminité a pu s'exprimer alors que je portais de vieux micro-ondes. Et ce ne sont pas les vieilles tennis que j'avais aux pieds qui me donnaient une démarche féminine. Quant à ma voix, je n'ai fait aucun effort, même en partant, lorsque je l'ai remercié d'un "Merci Monsieur" auquel il répondit par "Au revoir Madame".

Alors si je vous raconte cette anecdote ce n'est pas pour faire l'intéressante en disant que je suis arrivée à un tel point de féminité que même vêtue d'un sac de patates on continuerait à me dire Madame, mais c'est parce que cela me pose diverses questions, et j'ai besoin de vos avis.

Les rares fois où nous allons ensemble, ma femme et moi, faire des courses, on me dit souvent Madame, ce qui l'ennuie. Comme elle me dit, pourtant tu n'as pas de seins. Elle pense donc que c'est à cause de mon visage glabre que l'on me prend pour une femme. Comme je m'épile à la pince à épiler depuis une quinzaine d'années, je n'ai plus d'ombre autour de la bouche, ni sur les joues.
Mais là, comme je l'ai indiqué, je portais un masque en tissu, et loin d'être transparent. D'ailleurs à mon retour, je me suis présentée à elle, gardant mes lunettes et mon masque, lui demandant comment elle me trouvait. Ayant compris le sens de ma question, elle eut un léger sourire : "C'est pas vrai, on t'a pris pour une femme..." et elle partit dans le bureau devant son PC, me laissant avec mes interrogations.

Pour ma part, j'ai toujours cru que notre féminité passait à travers le regard. Mais mes yeux étaient également cachés par les lunettes de soleil. De plus cela m'est déjà arrivé d'être nommée Madame avec les mêmes lunettes alors que j'étais en mode masculin. J'ai donc cru que c'était la silhouette qui indiquait son genre. J'ai peu d'épaules et des hanches larges pour un homme. Cela peut se remarquer avec les vêtements actuels, qui mêmes masculins sont un peu serrés, comme les jeans à la mode. Or mon vieux jean est large et droit. Rien d'équivoque dans mon apparence.

Alors je me demande d'où provient cette féminité ? Je sais qu'elle est en moi, qu'elle fait partie de moi, mais comment, pourquoi a-t-elle était perçue par cet homme ? Est-ce un certain magnétisme, une diffusion de particules invisibles (non, non, je n'étais pas parfumée) ressentie par son corps, par son inconscient ?
Je ne suis pas loin de penser que mon amant avait raison, même en bleu de travail ma féminité serait perceptible.

Je suis donc avide de vos ressentiments. J'ai vraiment besoin de votre aide pour ne pas devenir folle.

Merci

Bises

C'est une expérience intéressante... que j'ai partagé à une époque où c'était Monsieur en robe de créateur et Madame en jeans. C'est aussi le cas pour certaines femmes cis au gabarit masculin. Elles disent que les vêtements féminins renforcent les trais masculins, tandis que ce n'est pas le cas d'une tenue androgyne.
L'avantage masque, c'est Madame garantie...

Danièla !
Je lis à l'instant ton récit ; j'y réagis immédiatement, à chaud, sans temps réflexion...
C'est... formidable, extraordinaire !
Que tu le veuilles ou non, tu es femme !
Absolument, définitivement femme !
En toutes circonstances, quelle que soit ta tenue, les circonstances, tes gestes et attitudes, tu es perçue par ton entourage (ton épouse, ton amant, toutes les personnes que tu croises dans ton quotidien...) comme étant femme. D'ailleurs, nous, les copines d'Agora, pouvons en attester : toutes tes photos nous présentent l'image d'une femme, heureuse, libre et jolie.
Alors, accepte-le simplement[, vis-le sereinement.
Non, tu n'es pas folle, tu es ce que tu es...
Je t'embrasse.

Je ne sais si c'est un effet paradoxal du confinement (et en fait d'un besoin accru de se libérer par la parole et l'écrit), mais on voit depuis quelques semaines se multiplier les récits de "sorties" de la part de celles qui ne vivent pas en full time (Daniela, Isalane, Caloue, etc). Récits qui suscitent une grande sympathie  ! Pourquoi ? Pour deux raisons, me semble-t-il : la forme et le fond.

La forme : ces récits sont de petits morceaux de vie livrés à l'état brut, sans fioritures, de façon spontanée, avec une fraîcheur émouvante .
Ta référence à Rohmer est tout à fait appropriée, Daniela : en fait, il ne se passe quasiment rien et pourtant on suit l'histoire avec délice....
Rohmer : ton style de narration est particulièrement bien adapté, car d'une part la banalité devient poésie du quotidien, et d'autre part  on devine qu'il y a derrière elle quelque chose de significatif.
Certes, il y a parfois aussi un petit incident amusant ou révélateur dans ces récits, et du coup tout le monde attend d'autres épisodes, comme dans une sit-com télévisée...

Mais l'important est dans le fond caché/révélé par cette forme, que je qualifierais d'un mot qui pourrait sembler péjoratif et qui est au contraire laudatif : la naïveté. Vous découvrez, tout étonnées et ravies, que votre féminité existe bel et bien, et qu'elle est perçue par autrui (pas systématiquement pour toutes, mais il y toujours un moment de grâce). Et cette perception renforce votre propre ressenti de votre féminité . Modernes Christophe(tte) Colomb, vous découvrez à chaque sortie votre Amérique....
Quand vous l'aurez colonisée en passant éventuellement au full time, elle ne vous étonnera plus, devenue trop familière.

En tout cas ton amant a raison, Daniela, concernant ta féminité : elle ne dépend pas de ta vêture. Celle-ci est  tout au plus susceptible d'exalter cette féminité, alors que pour d'autres (comme moi.....), elle est un moyen nécessaire pour l'exprimer, et, à la limite, la créer de toutes pièces.

Et pour vous permettre de tomber d'accord toi et lui, je te suggère pour ta prochaine visite à la déchetterie, la salopette suivante :

Danièla, tu sais parfaitement ce que je vais te répondre!

D'où vient cette féminité perceptible même en tennis, masquée, lunettée et porteuse de micro-onde ? Puisque ça ne peut pas venir de ton look, ou de tes accessoires ou autre détail physique, c'est forcément un rayonnement produit et capté d'esprit à esprit ou, mieux, d'être à être, invisible aux yeux mais patent pour le coeur (comme dirait Saint-Exupéry). Oui tu as ça en toi, tu l'as toujours eu, et cela s'apparente effectivement à du magnétisme.

Je me tue à te le dire depuis des années ! Je le sais parce que cela m'est arrivé trois ou quatre fois (en quarante ans...) et si je puis me permettre, c'est nettement plus incompréhensible rationnellement pour ce qui me concerne que pour toi, car, par exemple, les copines ne le savent pas mais moi si, tu as une voix suffisamment douce et chantante pour qu'on la prenne pour une voix féminine (contrairement à ce que tu crois).

Je note au passage ce magnifique lapsus "Je suis avide de vos ressentiments": Oui, ne t'en fais pas, nous avons beaucoup de ressentiments (je plaisante), nous sommes très très jalouses de cette capacité que tu as!

Non, sérieusement, beaucoup de tendresse et d'admiration, nous sommes contentes pour toi.

Bises
MA

Michele-Anne a écrit:

Je note au passage ce magnifique lapsus "Je suis avide de vos ressentiments": Oui, ne t'en fais pas, nous avons beaucoup de ressentiments (je plaisante), nous sommes très très jalouses de cette capacité que tu as!  

Non, sérieusement, beaucoup de tendresse et d'admiration, nous sommes contentes pour toi.

Bises
MA

que dire de plus !!!!

C'est beau les amies ce que vous m'écrivez et cela me bouleverse.

Je ne suis pas prête à accepter les évidences que vous énoncez, et des larmes mouillent le bord de mes yeux.

Mélange de joies, de craintes et de regrets...

Bises

..

j hesitais, par pudeur, a poser la question ...

mais quelles sont les relations entre ton amant et ton epouse

ils se connaissent ?? .............. ou pas ??

ton épouse sait que tu as un amant ??

tu peu me répondre en privé si tu préfère

ou même .. pas du tout

Béatrice a écrit:quelles sont les relations entre ton amant et ton epouse
ils se connaissent ?? .............. ou pas ??
ton épouse sait que tu as un amant ??

Chère Béatrice, tu ne dois avoir aucune honte à me poser ces questions car je comprends que ma situation puisse interroger, et tu ne dois pas être la seule à te demander comment je peux gérer cela.
C'est pourquoi mes réponses seront publiques parce qu'elles peuvent intéresser d'autres consoeurs du forum.

Mon cas est particulier car je vis à deux endroits différents. La semaine je suis en région parisienne pour mon travail, où je vis seule, et le weekend je rejoins ma femme dans notre maison picarde, où elle reste à l'année car le bruit de la vie parisienne la fatiguerait trop (elle a été très malade et n'a pas retrouvé sa forme d'avant).

Cela me permet de voir mon amant sur Paris, sans que cela gêne ma relation avec ma femme.

Voilà pour les aspects pratiques. Maintenant les aspects "moraux".

Ma femme sait que j'aime les relations avec les hommes et comprend mon envie d'être dans leurs bras. Elle accepte que je puisse de temps en temps passer des moments où ma féminité s'exprime par la sexualité. Je crois qu'elle est rassurée par le fait que ma vie masculine prédomine, et sachant que je ne suis pas homosexuel, elle n'exprime pas de crainte sur le fait que je pourrai la quitter pour vivre avec un homme.

Cependant elle est jalouse. Si je lui parle trop souvent d'une collègue, elle soupçonne que j'en sois tombé amoureux. C'est pourquoi, même si elle sait que je l'ai vu plusieurs fois, je ne lui dis pas que je vis une relation suivie avec lui. Je trouve inutile de lui faire de la peine.

Pour finir sur ce sujet, je lui ai montré des photos de lui, car elle aime savoir avec qui je vis "des aventures", mais ils ne se connaissent pas, même si lui de son côté, sait que je rejoins ma femme les weekends.

Bien que tu ne m'as pas posé la question Béatrice, je tiens à te dire que je ne me suis pas faite draguée en MP sur le forum. Agora n'est pas devenu un site de rencontres, si ce n'est entre amies.

Je l'ai rencontré dans "la vraie vie". On accepte un repas, on passe une nuit en croyant qu'elle sera sans lendemain, et la deuxième fois on sait que c'est différent. Et cela a été vrai pour moi, et aussi pour lui.

Bises

Je suis retournée à la déchetterie. Ce n'est pas le même employé qui était de garde. Au moment du contrôle d'identité, il me nomme ni Monsieur, ni Madame. Il m'indique l'endroit où je dois déposer les déchets que j'apportais. Alors que je portais un fauteuil de bureau, assez lourd et encombrant dont les roulettes avaient été cassées, il me précise "Veuillez le mettre dans cette benne Madame s'il vous plaît". Mon remerciement l'a peut-être encouragé à plaisanter avec moi "C'est dommage de jeter un fauteuil aussi neuf" dit-il en souriant. J'ai esquissé un sourire et suis vite repartie.

Cette fois encore, je portais masque et lunettes de soleil, vieux pantalon et vieille chemise en jean. J'ai pris une photo à mon retour, visible ici, pour que vous puissiez constater qu'il n'y avait rien de féminin dans ma tenue.

Alors je commence à vous croire, que la féminité émane de la personne même. Hier, je suis allée au vétérinaire alors qu'habituellement c'est ma femme qui s'y rend. Je portais un masque, et m'était vêtue d'un jean et d'un sweat. Bien que masculins, je veux bien admettre qu'ils peuvent aussi être portés par des femmes. La secrétaire, qui me voyait pour la première fois, m'a accueillie d'un "bonjour Madame", avant même que je n'ouvre la bouche. Je n'avais pas mes lunettes, mais mes sourcils ne sont pas épilés, puisque j'ai rendez-vous prochainement pour une restructuration. Là aussi, je dois admettre que c'est ce que dégage ma personne qui indique aux autres que je suis du genre féminin.

Dans ce cas, je me demande d'où provient cette féminité. Suis-je une erreur de la nature ? L'erreur provient-elle du fait qu'étant né avec un sexe masculin, j'ai cette féminité en moi, qui se serait développée au cours des années, ou l'inverse, c'est à dire que je suis femme mais née avec un sexe masculin ?
Et quelle est l'utilité pour la nature, que des êtres comme moi existent ? Avons-nous un rôle dans la société, ou faut-il choisir entre vivre en tant qu'homme ou en tant que femme ?

Pour finir sur ce sujet de la déchetterie, car je ne vais pas vous relater tous mes allers et retours alors que je vide le garage, je vais terminer par l'anecdote survenue hier. J'y retrouve l'employé de ma première venue, qui sans sourciller me renomme Madame. Pourtant je ne suis pas certaine qu'il m'ait reconnue car il m'a demandé de préciser mon nom et mon domicile. Il faut dire qu'il a dû voir passer beaucoup de monde depuis la fois précédente.
Si je relate cette n-ième visite à la déchetterie, c'est que j'ai eu le droit à un festival de Madame, finissant chacune de ses phrases par ce mot. Bonjour Madame. Quel est votre nom Madame ? Pouvez-vous me préciser votre domicile Madame ? Que venez-vous déposer Madame ? Vous pouvez garer votre voiture à cet endroit Madame. Pourrez-vous déposer vos cartons ici Madame ? Merci Madame. Au revoir Madame.
Cela m'a presque donné le tournis. Je me demande s'il fait de même avec les hommes, en terminant toutes ses phrases par Monsieur.

Bises

Sympas ces différentes aventures... et toujours agréables à lire.

Je n'ai pas spécialement de commentaires, juste que cela doit être agréable à vivre et que finalement ta féminité émane de ta silhouette même avec des vêtements masculins.
C'est donc que du bonheur.

Bizzz

Daniela a écrit:
Alors je commence à vous croire, que la féminité émane de la personne même.

C'est pas trop tôt ! Je crois que je m'égosillais, à force !

Daniela a écrit:
Dans ce cas, je me demande d'où provient cette féminité. Suis-je une erreur de la nature ?

Sophie Majorette a raison, et Schopenhauer est de son avis: la nature ne fait pas d'erreur. L'erreur est dans l'appréciation que nous portons sur son oeuvre, que nous sommes bien en peine de juger vu que nous en faisons partie.

Quant à savoir d'où provient cette féminité, les réponses sont au-delà de notre monde, les questions y sont donc inutiles.

Daniela a écrit:

Alors je commence à vous croire, que la féminité émane de la personne même..... Là aussi, je dois admettre que c'est ce que dégage ma personne qui indique aux autres que je suis du genre féminin.

Dans ce cas, je me demande d'où provient cette féminité. Suis-je une erreur de la nature ? L'erreur provient-elle du fait qu'étant né avec un sexe masculin, j'ai cette féminité en moi, qui se serait développée au cours des années, ou l'inverse, c'est à dire que je suis femme mais née avec un sexe masculin ?
Et quelle est l'utilité pour la nature, que des êtres comme moi existent ? Avons-nous un rôle dans la société, ou faut-il choisir entre vivre en tant qu'homme ou en tant que femme ?

Quand je regarde ta photo, j'ai plutôt tendance à voir un braqueur de café-tabac ....

Donc ta féminité émane de ta présence, qui induit l'impression que tu es une femme, impression ensuite renforcée par ta voix (cf ce que disait déjà Michèle-Anne là-dessus). On perçoit différemment une personne selon qu'on la voit en photo ou devant soi ! Outre la gestuelle, la voix, les mots et la forme du discours, éventuellement le parfum, il y a un ensemble qui n'est pas réductible à la somme de ses composantes, et qui suscite une impression, donc quelque chose d'irrationnel et d'immédiat tout à la fois.
A la limite, je ne saurais t'expliquer pourquoi tout le monde t'accepte comme une femme, car c'est une évidence non dissécable.
Je dis bien "t'accepte", et non "te prend pour", car il ne s'agit pas d'une illusion.

Tu n'es pas une erreur de la nature, mais une variante, ce qui est bien différent ; quant à ton interrogation sur le fondement de ta personne, tes deux hypothèses n'en sont en fait qu'une : tu es effectivement né(e)  avec un sexe masculin, mais il y avait en toi dès l'origine une part importante de féminité, physique et psychique, cette dernière se développant à la fois spontanément et sous l'effet de choix de vie et d'environnement.

Tu n'as pas plus d'utilité particulière pour la nature que n'importe qui d'autre ;  de même sur le plan social : que tu choisisses de vivre en homme ou en femme, l'important sera ton action au sein du groupe social et ton interaction avec ta famille, tes amis, tes collègues. A partir de là ton choix de vivre selon l'un ou l'autre mode ne doit dépendre que d'un seul critère : comment est-ce que je vis le mieux ? Critère qui dépend certes de nombreux paramètres : acceptation par tes proches et ton monde d'activités, aisance à se mouvoir dans la vie courante (là, tu n'as guère de problèmes), et ces paramètres t'amèneront à opter pour le mode "vie double" (je ne dis pas "double vie", qui serait négatif, alors qu'il s'agit en fait d'un enrichissement) ou le full time. Je ne te donnerai là qu'un seul conseil : de bien évaluer tous les conseils recueillis sur ce forum, forcément orientés ; désolée les amies, tout en comprenant votre enthousiasme ( et comment ne pas s'enthousiasmer devant une Daniela....), je pense qu' on ne saurait considérer comme un a priori que vivre en femme est en soi un bonheur (pourquoi plus qu'en homme ? cela n'est vrai que lorsque cela se présente comme un désir à exaucer, qui dès lors est paré des vertus d'une terre promise) ; que vivre en femme n'est que bonheur ;  et que c'est obligatoirement l'objectif à atteindre.

Je me contenterai juste de ceci : la récurrence de tes interrogations est compréhensible ; elle est légitime, mais seulement jusqu'au point où tu seras réellement persuadée que tu es comme tu es, qu'il n'y a là ni honte, ni honneur, et que s'il y a du particulier à souligner dans ta personne, c'est ton adéquation remarquable entre physique et psychique, qui n'est pas l'apanage de tous/toutes. C'est là ta chance.

Mes amies, j'ai lu avec intérêt tous vos commentaires. Ils m'apaisent et je vous en remercie du fond du coeur.

Mais je mentirais si je disais que je n'ai plus d'interrogations. En vous lisant, d'autres questions surgissent, et comme je me rends compte que c'est sans fin, je ne vous ennuierai plus avec mes états d'âme.

Sachez seulement que je n'ai pas un caractère à la déprime, que je sais profiter de la vie, donc il ne faut pas avoir d'inquiétude à mon sujet même si parfois je me lamente sur mon sort.

Bises

Le pourquoi et le comment sont des questions dont souvent nous n avons pas les réponses , et de ce fait bien souvent nous improvisons .
Alors pourquoi se posé autant de questions ? Vivons notre féminité sans arrière pensée , car comme je lai déjà dit nous risquerions d avoir des regrets
Vois tu Danièla cela est ma philosophie , je ne dit pas que c est la meilleur (probablement non) mais au moins je n ai aucuns regrets et m en porte très bien
Bonne continuation dans ta féminité
Bises

Merci Jacqueline pour ton aide.

Les questions que je me pose en ce moment sont :  Comment vivre ma féminité ? Faut-il que je continue à préserver une vie sociale masculine ? Faut-il que je passe au full-time ?

Vivre en tant que femme, de n'avoir plus que des relations sociales en tant que femme est-ce souhaitable pour moi ? Est-ce que cela me correspond vraiment ?

Je ne crois pas que vivre une vie de femme soit mieux que vivre une vie d'homme. C'est juste différent. Il me faudrait peut-être vivre un mois, ou une année, uniquement en mode féminin, pour que je sache si je m'y sens bien.

Si je continue à me poser toutes ces questions, c'est parce que cela constitue un choix de vie. Ce n'est anodin. Les relations avec les autres changent si tu te présentes en tant qu'homme ou en tant que femme.

En y réfléchissant, je me dis que si ces questions perdurent c'est que je ne suis pas prête à quitter mon enveloppe masculine, et la réponse s'imposera d'elle-même, s'il me faut l'abandonner.

Cependant, je trouve cela sain d'y penser. Je ne suis pas uniquement un être d'instinct. Et certaines expériences, notamment celles où l'on me considère comme une femme alors que j'ai l'impression d'être en mode masculin, sont perturbantes et mettent en question mon  choix actuel.

Bises

Je suis entièrement d'accord avec Jacqueline . Pourquoi adopter le tout ou rien, sachant que choisir c'est renoncer ? Moi, c'est simple, je veux tout !

Bonjour Daniela ,
peut être que tu pourrais d'octroyer une sorte d'année sabbatique ,comme dans les entreprises , ou un mois pour démarrer en choisissant un  mode immuable durant cette période . Je suis comme Helyette je veux tout !! Mais ce n'est pas tout les jours "l'euphorie" ...la vie  en somme ...
bise à toi.