"Nous sommes ce que nous faisons de notre naissance"

..

je soumet a votre reflexion cette entretien de Delphine Horvilleur a l'occasion de l'adaptation au theatre de son texte
Il n'y a pas de Ajar : monologue contre l'identité,

À travers le personnage d'Abraham qu'elle met en scène dans son récit, Delphine Horvilleur pose la question : "Est-ce qu'on est l'enfant de quelqu'un, de nos parents biologiques ou adoptifs, ou est-ce qu'on est pas plutôt ou tout autant l'enfant des livres qu'on a lu ? L'enfant des fictions qu'on nous a raconté, des narratifs qui nous ont construit et fait grandir ?"


il n'y a pas de Ajar monologue contre l'identité - edition grasset

Je crois que Sartre (personnage que je n'aime pas en général mais bon...) disait "Nous sommes ce que nous avons fait de ce que les autres ont voulu faire de nous"... et pour le coup ça me paraît assez juste.

Il y a une part de génétique plus marquée pendant l'enfance puis notre éducation, nos expériences qu'elles soient bonnes ou mauvaise nous façonnent.
Sans compter que parfois nous souhaitons ressembler à quelqu'un.

C'est peut être l'occasion de résoudre cette énigme :
Plusieurs de nous se décrivent comme une fille dans un corps d'homme, génétique ou première enfance entourée de filles ?

Merci Béatrice de ce partage.
Quelle coïncidence ! Ce matin en courant (je cours en général en écoutant des émissions de Radio France), j'ai écouté un superbe entretien avec Delphine Horvilleur (sans doute celui auquel tu fais référence Béatrice)... et je me suis dit qu'il fallait que je vous suggère de l'écouter.
Alors voilà :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture/l-autrice-delphine-horvilleur-n-est-pas-la-par-ajar-4472009
Je suis toujours impressionné par les propos de Delphine Horvilleur... qui me font un bien fou. Ce calme, cette générosité, cette riche culture au croisement de nombreux univers de pensée...
Et j'aime bien cette idée que nous sommes le fruit des multiples histoires et récits plus ou moins intériorisés que nous rencontrons tout au long de notre vie.
Bonne soirée.

Pour poursuivre sur ce thème, dans cet entretien, Delphine Horvilleur précise sa pensée, et nous livre un propos qui m'interpelle.
"Nous ne sommes pas notre naissance, mais nous ne sommes pas non plus notre désir, nous ne sommes pas la pure invention de nous-même".

De quoi nous interpeller ?
Nous ne sommes effectivement pas que notre naissance. Heureusement !
Nous sommes nés masculin... et n'avons pour la plupart d'entre nous, eu de cesse de réinterroger cette donnée de base, pour la dépasser, la transgresser.
La deuxième partie du propos m'interroge. En tentant d'être femme (ou tout au moins de prendre son apparence), est-ce que nous ne sommes pas dans l'invention de nous-même... et n'est-ce pas présomptueux de vouloir reconsidérer ainsi notre façon d'être ? Mais en fait, il me semble que cette deuxième partie de la proposition est aussi très judicieuse... car le réel résiste ! Et en fait, nous composons en permanence, nous nous accommodons à ce réel, tout en exprimant ce qui est au plus profond de nous même, notre besoin d'être femme. Nous ne nous réinventons pas ex nihilo, mais à partir de notre histoire, de nos rencontres, de nos lectures... Et en ce sens, nous ne sommes sans doute pas la pure invention de nous-même, mais une recomposition originale et singulière.

Mais bien évidemment, tout ce que j'écris est discutable... tout comme le propos de Delphine Horvilleur.

Je suis aussi assez d'accord avec elle mais dans notre cas, nous sommes aussi conditionnés par notre naissance.
Ce physique oriente considérablement notre évolution, je dirais cette fatalité.
Quoi que nous fassions, nous n'aurons jamais les bonnes hormones puisque la transition implique un traitement à vie.
Notre mental se trouve chamboulé dès que nous prenons conscience de nos différences, ces souffrances. Nous évoluons comme tout le monde avec notre culture, ceux qui nous entourent tout en restant bloqués sur notre premier jour. Nous devons nous compter comme un garçon puis transgressé ces règles de genres
Je ne pense pas avec évolué comme je l'aurais souhaité et je ne serait jamais celle que j'aurais voulu être
Je me pose toujours ces questions sur l'origine de ma féminité, Conditionnée des la naissance ou mon enfance.
C'est un peu comme pour ses goûts et ses manières communs dans les familles , impossible de savoir si c'est un héritage ou en imitant nos parents.