la nage du requin

L'interrogation sur la nature de la transidentité est bien sûr récurrente sur ce site et toujours différente, d'une part parce qu'elle repose souvent sur des expériences personnelles et uniques, d'autre part parce que l'angle d'approche de la question est différent (et les possibilités apparemment inépuisables.....) ; en témoigne le récent débat "renaître en femme".

J'ai trouvé dans un mail, reçu cette semaine d'une amie trans (j'espère qu'elle ne m'en voudra pas de la citer....), la remarque suivante , qui me paraît particulièrement éclairante, tant sur le plan du vécu quotidien que de la réflexion essentielle :

" Gérer une identité quand on ne se love pas confortablement dans un moule, c'est une aventure solitaire en dehors des sentiers battus. Y trouver un équilibre épanouissant n'est pas si simple et ça va bien au delà des "émotions autocentrées" et de la sexualité. "

Il me semble qu'il y a deux catégories principales (et des milliers de particulières....) de trans : le trans structurel et le pseudo-trans. Cette dernière appellation n'a rien de péjoratif, elle ne sert qu'à désigner.

Le pseudo-trans a fait son choix de vie à partir de motivations immanentes, qui vont, par exemple, du goût prononcé pour les vêtements et sous-vêtement féminins (une démarche quasi fétichiste, donc), jusqu'au refus d'assumer une masculinité pesante au profit d'une féminité primesautière, en passant par des préférences sexuelles, etc. Les interrogations du pseudo-trans portent essentiellement sur sa gestion du quotidien, son passing, sa relation avec son environnement social, etc . Il/elle s'accommode donc parfaitement d'une vie en full time, une fois celle-ci mise en place, comme l'on s'accommode d'une vie de retraité(e) ou de fonctionnaire. Leur devise est celle du grand philosophe américain Art Blaky : "No problem !"

Le trans structurel s'interroge, lui, en permanence sur son être ; à la fois sur la question de la masculinité et de la féminité, mais aussi sur la réalité ou non de ces deux formes d'essence et d'existence. Et cela parce qu'il/elle est lui-même né(e) d'une interrogation essentielle sur ce qu'il/elle est ou n'est pas ; bien souvent, le pôle "je suis" s'affirme au moins autant par opposition à "je ne suis pas ", que par affirmation .

Le trans structurel est donc par nature voué(e) à une vie d'in-quiétude (au sens latin du terme, quies "le repos"). Tel certains requins qui ne peuvent survivre qu'en nageant sans cesse. C'est à la fois sa malédiction et sa richesse. Même apparemment confortablement établi(e) dans une existence "bourgeoise" de femme, il/elle ne cessera de remettre en question sa pertinence réelle.

C'est au sein de votre interrogation même que vous trouverez donc la réponse à ce que vous êtes. Mais évidemment pas le mode d'emploi correspondant, sauf à tenter de vous "lover dans un moule" carapace.

Comme disait jadis une pub pour la Twingo, c'est à vous d'inventer la vie qui va avec... Sur Agora vous trouverez des avis, des conseils, et surtout de l'empathie ; mais pas la clé de votre mystère, ni la confirmation de sa réalité

chantal92 a écrit:C'est au sein de votre interrogation même que vous trouverez donc la réponse à ce que vous êtes. Mais évidemment pas le mode d'emploi correspondant, sauf à tenter de vous "lover dans un moule" carapace.

Un moule pour les personnes transidentitaires? Ceux qui existent ont été crées par une société qui a longtemps qualifié la transidentité d'anomalie.. pour rester polie. Du bois de boulogne à la cage aux folles en passant par Psychose. Ce genre de moule, il vaut mieux les brûler et ré inventer quelque chose qui offrira à ces dernières une vie épanouissante, plutôt qu'une simple survie. Tout est à faire, dans ce domaine. Surtout pour les plus jeunes...

je suis assez perplexe sur les démarches voulant catégoriser les personnes transidentitaires, cela a déjà été fait dans le passé par le milieu médical "transexualisme primaire et secondaire" et cela revient forcément à vouloir donner une légitimité plus à une catégorie qu'à une autre... et c'est dangereux....

Pour une fois j'ai cliqué "j'aime" sur les messages de Morgane et Noemia, comme j'ai horreur de ce bouton vous comprendrez la motivation de cet effort qui est pour moi colossal . . .

Mais en fait je ne pense pas que Chantal cherchait à faire rentrer notre population dans la boîte verte ou la boite rouge, personnellement je perçois son message dans le sens où certaines d'entre nous vivent plutôt leur particularité dans le monde réel et d'autres plutôt dans le petit monde à l'intérieur de leur crâne . . . et si on regarde autour de nous, force est de constater que ce n'est pas vraiment faux . . . et à mon avis il faut certainement rajouter le mot "hélas . . . ."

Car pour moi la démarche idéale devrait coupler les 2 approches théorique et expérimentale, ainsi que Action et Réflexion, , selon la fameuse "roue de Deming" également appelée "roue de la qualité" ou "démarche PDCA" pour "Plan-Do-Check-Act" qui s'applique à tout "cycle de vie" : je prépare mon action (plan), j'agis (Do), je vérifie soigneusement comment ça se passe (ckeck) et à mon retour j'en tire les conséquences (Act ou acter au sens notarial ) pour faire mieux la prochaine fois . . . l'ISO 9001 peut aussi s'appliquer à nous, lol, et personnellement je préfére la nage de l'anguille à celle du requin . . .

Au fait elle est où notre Chantal ? J'espère que tout va bien de ton coté, dédicace spéciale à ton attention :

Et à toutes les autres

Steph

Stephanie Dupont a écrit:. .

Au fait elle est où notre Chantal ? J'espère que tout va bien de ton coté, dédicace spéciale à ton attention :

je rappel que Chantal a pris quelques jours de vacance en pays Breton

.. peut être pour y étudier plus attentivement les requins en mouvements ?!

Stephanie Dupont a écrit:. .

Au fait elle est où notre Chantal ? J'espère que tout va bien de ton coté, dédicace spéciale à ton attention :

Pour te conforter Stéphanie, petit passage rapide de Chantal hier soir.  

Comme Stéphanie, j'ai cliqué sur "aime"; j'espère que Stéphanie va vite se remettre de son effort "colossal"!! L'ISO 9001 non merci, j'en ai assez "mangé" pendant mon activité professionnelle; ça part d'une bonne idée, ça distille de bons principes mais je me souviens des anciens très pro qui n'avaient pas besoin de cet arsenal pour être plus efficaces que ceux qui les ont remplacés et ne peuvent plus rien faire sans être couverts par une certification qualité !!
Ceci étant, nous sommes ce que nous sommes, à nous d'assumer et de vivre au mieux notre condition quelle qu'elle soit !!, c'est assez basique mais ça permet d'avancer
Bise à toutes

Au fait, Béatrice ne nous a pas dit si AGORA était certifié ISO 9001 !
Bises,
Sophie.