Concours d'inconscience (et de frousse)

Eh oui, après le concours d'étourdies, voici le concours d'inconscience ! Ou comment vous plonger vous même sans réfléchir dans des situations inextricables... Je commence.

Ca remonte loin: 1981/82. j'avais 21 ou 22 ans, pas plus, et naturellement je brûlais d'envie d'explorer le monde en fille. A cette époque, je me travestissais déjà depuis une dizaine d'années au moins, je me maquillais depuis 5 ou 6 ans, j'avais même mes propres affaires glanées ici et là, y compris chaussures et perruques, et je commençai prudemment par sortir de nuit faire le tour de mon quartier. Quand je dis de nuit, cela veut dire vers 1, 2 ou 3 heures du matin... C'est fou que j'aie ainsi vécu la nuit en plus du jour (Ce que ça prend comme temps et comme énergie d'être comme nous...). Mais surtout, je ressemblais vraiment à une fille (Que de chemin parcouru... à l'envers...)

Le quartier était super calme et désert, mais je n'étais quand même pas rassurée... Alors me vint une idée géniale: puisque j'avais mon permis, pourquoi ne pas faire un tour en voiture ? J'y serais sûrement plus à l'abri, pensais-je...

Régulièrement, donc, et évidemment en fille, je sortais clandestinement (toujours de nuit) de chez ma mère et descendais au garage prendre sa voiture (Je vous rassure, elle était assurée pour). J'allais ainsi dans notre maison de campagne, distante de 70 km où je restais une heure ou deux histoire d'être à l'aise et je revenais. Partie à 1h du matin, je revenais vers 5... ma mère ne s'est jamais doutée de rien car heureusement c'est moi qui faisais les pleins d'essence avec l'argent que je gagnais en corrigeant des copies...

Tout cela ce n'était évidemment pas bien malin de ma part: et si j'avais eu un accident ? Ou une panne ? Mais je n'y pensais pas. Et je ne pensais pas non plus aux contrôles éventuels de la police de la route... ce qui devait arriver arriva: comme en ce temps là il n'y avait pas d'autoroute pour aller à la campagne, je traversais divers villages. Et donc une nuit, dans l'un d'eux (La Verpillière, pour celles qui connaissent), surprise: contrôle routier par des gendarmes... bien cachés après un tournant pour qu'on ne puisse pas les éviter... as usual.

J'ai eu une chance folle: D'abord, c'était juste un contrôle d'alcoolémie (justifié par le fait qu'il y avait une boîte de nuit dans le coin), pas d'identité (en tout cas on ne m'a pas demandé mes papiers et ça valait mieux parce que en plus je ne les avais pas pris avec moi...). Ensuite, je pense que la lumière particulière de la nuit a joué en ma faveur en m'évitant de me faire démasquer. Et enfin j'ai bien amusé le gendarme (qui m'appelait "Mademoiselle") parce que comme je n'avais jamais soufflé dans un de leurs trucs ma première tentative a été complètement ridicule (en y repensant, je ne suis d'ailleurs pas sûre que certaines de ses consignes étaient exemptes de toute grivoiserie au troisième degré). Enfin bref, après quelques échanges verbaux, je suis repartie sans encombres.

Chose curieuse, je n'ai pas eu peur sur le moment, je n'ai vraiment pas réalisé la situation dans laquelle je me trouvais et qui pouvait tourner au désastre en un clin d'oeil: ce fut pour après, et je dus m'arrêter plus loin pour un quart d'heure en tremblant comme une feuille. Et pour le trajet de retour, pour lequel je pris d'ailleurs un autre chemin, je n'en menais pas large... J'arrêtai d'ailleurs ensuite totalement mes escapades motorisées... que je ne repris que dans les années 90...

Sans papiers, en voiture, de nuit, sans avoir prévenu personne... Totalement inconsciente, la fille, non ?

Je vous raconterai prochainement une autre anecdote... Promis

Dans le genre, c'est pas mal :souri:
S'il t'avait demandé tes papiers, tu risquais de finir dans leurs locaux et ils auraient appelé tes parents pour qu'ils confirment ton identité.
Ça aurait été un sacré coming out!